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dimanche 29 mai 2016

décès d'André Rousselet, mort d'un esclavagiste...

Mort d'André rousselet. On doit honorer les morts, mais on n'est pas obligé de leur passer la brosse à reluire. André Rousselet, le grand argentier de françois Mitterrand, était l'esclavagiste des taxis parisiens. Il a libéré "les bobos" qui disent tout lui devoir à l'exemple de Michel Denisot, parce qu'il a créé "canal plus". Mais cet "entrepreneur visionnaire" (dixit le même), mort "d'âge" (selon son fils) à 93 ans et à son domicile, a épuisé je ne sais combien de taxis qui lui devaient tous les dix jours, à l'orée des années 90, un loyer équivalant à 3500F (soit certainement pas loin du triple aujourd'hui), avec charge aux chauffeurs d'entretenir leurs véhicules. Quand Rousselet s'est retiré de la G7, Jacques attali a estimé qu'on devait -ou pouvait- déréglementer la profession de taxis, quitte à ne pas rembourser ceux qui avaient payé une patente ou licence qui valait une maison de luxe en plein Paris. Et ce fut l'überisation de l'économie. Manuel Valls a salué le grand argentier décédé comme "un grand innovateur". C'est dire qu'il souhaite aux salariés à qui il veut imposer sa "loi travail" le même avenir qu'aux taxis de la g7. Quant à François Hollande, faute n'ayant pas trouvé la ressource de dire que l'organisateur des obsèques de Jarnac avait fait de sa vie une oeuvre d'art, il a prononcé qu'il en avait fait une grande aventure. Une grande aventure casanière: les déambulation de ses taxis ont formé le matelas de sa vieillesse et n'ont pas paru des voyages aux salariés de ce grand patron philanthrope et bienveillant, despotique et éclairé, richissime et socialiste. Cerise sur le gâteau, Danièle Mitterrand était une des principales actionnaires de sa compagnie de taxis. L'amie de Fidel Castro et présidente de "France liberté" était donc une esclavagiste... Les socialistes forment la dernière branche de la bourgeoisie voltairienne. Pas étonnant que ce quinquennat calamiteux ait marqué l'apogée de "la promotion Voltaire".

La démocratie directe

Qu'est-ce que la démocratie directe? Je crois en la démocratie directe depuis que j'ai l'âge de dix ans. C'est ma seule constante politique un peu sérieuse... La démocratie directe, est-ce le tirage au sort? Laissons cela à des magistratures marginales de la Grèce antique et à Etienne Chouard, repris par J.L. Mélanchon. Dire que la démocratie directe, c'est le tirage au sort, c'est prrouver qu'on n'a jamais rien compris à la démocratie, qu'on ne s'y intéresse que de manière occasionnelle ou accidentelle (je parle pour chouard et pour Mélanchon). Non, la démocratie directe, c'est tout simplement "la République référendaire", la votation. C'est benoîtement considérer que le peuple (et non le parlement) est responsable des décisions (et donc des lois) qui le concernent et qui, parce qu'elles s'appliquent à lui, doivent être "l'expression de la volonté générale, c'est-à-dire de sa volonté. D'aucuns voudraient qu'il ne soit impliqué qu'au plan local, pourquoi cette limitation? Sans le savoir, ils reprennent les vieilles idées des monarchistes français du début du siècle dernier, pour qui la monarchie garantissait, non pas la liberté, mais "les libertés"... locales (comme le droit local en Alsace-Moselle)... La démocratie directe telle que je l'entends, c'est faire du peuple le parlement et du parlement la chambre d'enregistrement des lois du peuple, et la chambre qui rédige, à la place de l'administration, en plus des articles qui les précisent, les décrets d'application des lois approuvées par le peuple. C'est aussi faire de la Cour des comptes le vrai comptable de la République, pas un corps de hauts fonctionnaires grassement payés à pondre des rapports qui n'ont aucune valeur contraignante. La démocratie directe telle que je l'entends se distingue de l'anarchie, car elle n'admet pas le référendum d'initiative populaire. Ce qu'on appelle improprement le pouvoir exécutif doit avoir le monopole de la proposition référendaire, et comme le peuple vote à titre représentatif pour "le pouvoir exécutif", il sait quelles propositions ne lui seront pas faites pendant le mandat, éventuellement impératif, dudit pouvoir exécutif. La démocratie directe peut éventuellement se doter d'un indice de concernement et de discernement (inventions personnelles). L'indice de concernement offrirait une voix prépondérante à celui qui serait directement concerné par une loi. L'indice de discernement tiendrait compte de la manière dont chaque électeur dirait se sentir plus ou moins concerné par un projet de loi soumis à référendum. D'une manière générale, il discernerait d'autant moins bien qu'il serait moins concerné, et réciproquement en positif. En somme, la démocratie directe, c'est cette utopie qui tient debout à nos frontières depuis plus de huit siècles dans la confédération helvétique, amodiée à la marge par l'indice de concernement et de discernement. Ca n'a certes rien à voir avec la "sociale démocratie", qui repose sur des corps intermédiaires dont la reconnaissance est sujette à caution, vu que ce ne sont pas des corporations (à mon tour de reprendre une antienne maurrassienne). La démocratie directe, c'est chacun qui se prononce en fonction du degré où il se sent concerné et où son discernement est reconnu par ses concitoyens. c'est "un homme, une voix"+ quelques algorythmes.

samedi 28 mai 2016

Charismatisme et pentecôtisme, oecuménisme et charité

J'aime le pentecôtisme tel que je le vois pratiqué par les évangélistes, je n'aime pas le charismatisme. Le peu d'expériences que j'ai faites de ce milieu m'a montré un panier à crabes où toujours, se développaient des situations malsaines, proches de l'abus sexuel. Dans la communauté des béatitudes du frère EphraÏm avec laquelle j'ai fait un voyage à Rome lorsque j'avais quinze ans et qu'elle s'appelait encore "le lion de Juda", on nous disait de ne pas nous tenir la main et de ne pas flirter. Or, aussi bien Ephraïm (l'ancien pasteur Gérard Croissant)que son beau-frère Philippe Madre, médecin psychiatre, quand ils avaient fini de prononcer leurs magnifiques conférences sur la "purification passive des sens" ou de faire des écoles d'oraison où Ephraïm me révéla en audio (je lui dois ça et c'est une grande dette), la phrase de sainte Thérèse d'Avila ou du cantique, je ne sais plus : "Ne réveillez pas l'amour avant qu'il le veuille", bien qu'ils fussent mariés et pères de famille, se livraient à des turpitudes avec quelques-unes de celles qui leur étaient toutes dévouées, et confiaient leur cœur à leur guidance spirituelle. Il y a dans le charismatisme un vice de fond, dont j'ai senti le malaise à la lecture du livre de MoniqueHébrard, LES NOUVEAUX DISCIPLES : c'est que le pentecôtisme catholique introduit en son sein une double hiérarchie, celle des prêtres et celles des leaders (charismatiques, ça va de soi). Traditionnellement, dans l'Eglise, le pouvoir des prêtres est tempéré par celui des prophètes ou des mystiques. Il peut même s'opérer de cette manière une reconfiguration naturelle des rôles masculin et féminin. Mais si le prêtre et le leader représentent deux pouvoirs, le conflit d'autorité deviendra très vite un conflit de loyautés. Le prêtre mettra sa personne et les Sacrements qu'elle dispense au service du leader, auquel on ne demandera pas d'être inspiré, mais de savoir mener sa barque, exalter et transporter. Dans le pentecôtisme protestant plus couramment désigné sous le nom d'évangélisme, ce conflit disparaît puisqu'il n'y a plus de prêtres. Les leaders font face aux prophètes, et les pouvoirs se retrouvent finalement redistribués selon la configuration naturelle à toutes les sociétés sacrées, dont Jean-Claude Carton disait qu'elles sont "fortement hiérarchisées", et où la division du travail s'opère entre le mage et celui qui fait tourner la boutique, en prodiguant les enseignements classiques et en réglant les affaires courantes. Je vis à Mulhouse où rayonne la plus grande mega church de France, sans parvenir à convaincre les prêtres à qui j'ai affaire de prendre langue avec ses leaders qui ne sont pas de leur chapelle, et que le nouvel œcuménisme, même dans cette zone sismique où nous vivons, et où le fossé s'est creusé entre le catholicisme et la réforme, ne consiste pas à se fréquenter entre personnes de confession différente ayant la même sensibilité spirituelle, c'est-à-dire habitant dans la même demeure spirituelle même si la chaire des Églises est autre, mais à prendre la mesure que le renouveau chrétien sera assuré par les évangélistes, qui sont devenus théologiquement beaucoup plus créatifs que nous, qui se sont inculturés la Bible et l'exégèse, et qui rendent désuet notre folklore religieux, même l'orgue que j'aime pourtant si mal servir... Ce qui néanmoins me gêne lorsque j'écoute un évangéliste, quelle que soit la puissance et l'ardeur du feu qui l'anime, ardeur qui a fait dire au journaliste Joseph Confavreux, après avoir fait un reportage sur les animateurs de "la mission du plein évangile" de Mulhouse, que jamais, il n'avait interviewé personne de si intense, c'est certes qu'ils sont habités, mais ils sont dépossédés d'eux-mêmes. Leur personnalité s'épanouit, mais seulement dans la mesure où ils l'ont abdiquée. C'est du reste exactement ce que dit l'Evangile, quand il affirme que "celui qui veut sauver sa vie la perdra". Mais comment puis-je avoir été créé pour me perdre ? Ce qui plus globalement me gêne de plus en plus dans l'Eglise, c'est que finalement, on ne s'y aime pas, ou on n'y aime pas. Dans les communautés classiques, on demande à Dieu de "briser notre indifférence" et on Le prie pour que d'autres aient la force de s'occuper des démunis ; mais quand la messe est finie, on s'en contente. On ne trouve pas scandaleux que quelqu'un puisse se sentir seul dans une église. Et on a la dent dure : on ne dirait jamais en chaire qu'il y a des gens que l'on n'aime pas; mais quand on parle en privé, il y a des tas de gens qu'on traite allègrement d'imbéciles alors que l'Evangile l'interdit formellement. Certes, l'Evangile n'est pas de la guimauve, mais il devrait nous faire penser que "tout le monde, il est beau, tout le monde il est gentil", si le fruit de l'Esprit est "la bienveillance" et "la confiance dans les autres". Ça ne veut pas dire qu'on trouve que tout le monde agit bien. Dans les églises évangéliques, la chaleur humaine est de rigueur, mais ce n'est qu'un pare-feu. On aime son prochain dans une démarche marketing, et pour lui éviter d'aller rôtir en enfer, au cas où ils ne "[recevraient] pas Jésus-Christ comme son Seigneur et Sauveur personnel". On aime les autres dans la crainte de leur châtiment, ou on les aime en vue de leur salut. On relativise donc l'amour qu'on leur porte. Or l'amour est absolu. Il ne se divise pas et doit être tout entier dévoué à son objet. Le christianisme se pose en religion de l'amour. Il en aurait même le monopole. Si l'Amour de dieu atteint sa perfection, il devrait absolutiser l'amour du prochain sans aucune transitivité, ni aucune autre finalité que lui-même. L'amour de Dieu devrait faire de l'amour du prochain un absolu, et un impératif catégorique, qui soit comme le poumon naturel de la morale. L'Amour de dieu devrait être en vue de dieu et l'amour du prochain en vue du prochain, même si tout amour a sa raison en Dieu. Mais cette raison est transcendante, elle ne concerne pas le singulier de cet amour.

mercredi 18 mai 2016

Valls, le morbide

(journal de presse, 18 mai 2016, II°. Macron nargue Hollande et peut rester en poste. Montebourg qui voulait lui offrir une bonne bouteille ayant un peu arrosé sa fête de la rose, s'est vu virer du gouvernement pour moins que ça parce qu'il faisait de l'ombre à Valls. N'est-ce pas un couac permanent ? Et qe Hollande maintienne Macron pour faire de l'ombre à l'ombrageux n'y met pas plus de cohérence. Manuel valls a été récemment chahuté par l'UNEF, mais qui se souvient de l'affaire de la MNEF ? "[La] « génération MNEF » est (…) portée au pouvoir par le remaniement d’avril 2014. Camba tient le PS, Le Guen a enfin un pied au gouvernement, Valls le dirige. « La gauche est morte. François Hollande lui a porté le coup de grâce », se désole Mauduit, pour qui la génération MNEF restera comme celle des fossoyeurs du socialisme." (Hervé Nathan, "Mariane", 18 octobre 2014). "Tout le monde déteste la police, disent les "nuits debout", juste après que Renaud a "embrassé un flic" au plus fort de "l''esprit Charlie". L'esprit Charlie s'est dissout dans le slogan des antiflics : "Tout le monde déteste la police." Si l'anarchie régnait, il n'y aurait plus ni policiers ni infirmières et nous serions bien en peine de nous protéger ou de nous soigner. "Tout le monde déteste la police" jusqu'au jour où on a besoin de son aide. J'ai été de ces baveurs de bavures. L'agresseur des militaires de Valence a dit au tribunal : "Les militaires tuent les gens, alors moi je tue les militaires." ("Minute, n° 1770). Il n'a pas été considéré comme un terroriste au contraire de Merah, qui confessionalisait la critique : "Tu tues mes frères, donc je te tue". Les casseurs de flics en marge de la contestation de la "loi travail" n'ont pas un raisonnement beaucoup plus affûté. La police dénonce un "climat antiflic" apparaissant après "l'union sacrée" de "Charlie" et sévissant en plein état d'urgence. Or c'est valls qui a exacerbé les violences policières. Il a commencé pendant la "manif pour tous" à pousser la police à s'infiltrer parmi les manifestants et à arrêter à tour de bras. Elle continue pendant "nuit debout", mais avec des adversaires beaucoup plus décidés à en découdre. On paie toujours d'obéir à Valls. La police est en train de l'apprendre à ses dépens. Mais qu'avait-elle besoin de se jeter dans ses barbouseries ? Comme Venise, "la gauche peut mourir", avait prédit valls à sa majorité. Quand Hollande n'a pas su refuser Matignon à cet instable, n'importe qui pouvait deviner qu'il serait renversé par une majorité devenue introuvable. La chose tarde à venir et se fera pourtant. Ce qui la retarde et la retient, c'est la distraction des ennemis de valls. Leur distraction est sa baraka, causer l'oubli son seul charisme. C'est un grand offenseur politique dont on oublie les offenses quand il est en situation de les réparer. Quand l'instable a pris du gallon, l'offensé retrouve l'équilibre. L'instable est un ambitieux morbide. Il instaure dans la police des méthodes pour se faire détester, et la police oublie qu'il l'a fragilisée. Il dit à sa majorité qu'elle peut mourir, et la gauche oublie que c'est lui qui la tue. Il se déclare irréconciliable avec les frondeurs, et les frondeurs ont peur de le renverser en craignant qu'on les accuse d'avoir tiré les premiers. Valls peut passer pour un David contre les Goliath, et les frondeurs portent pierres sans beaucoup de cœur. La morbidité de valls ne s'identifie certes pas à celle des djihadistes qui "aiment la mort" même si Valls est morbide de sang chaud. Valls tue de sang chaud et en oubliant qu'il a tué, tandis que ses victimes fascinées ne peuvent relever l'offense. La morbidité de valls, placé par la psychologie des événements à ce poste et à ce moment, a quelque chose à voir avec le suicide d'une civilisation qui casse ses jouets. D'un monde autrefois libre qui a aujourd'hui horreur de la liberté. Et avec la déliquescence d'une société qui détruit son modèle par perte d'humanité.

Mon journal de presse

Ce 18 mai 2016 Jean-Luc Mélanchon écrit dans son billet "l'éruption qui vient" : "L’épisode du 49.3 est un concentré du tableau politique dans lequel nous vivons. À deux signatures près, une motion de censure venant de la gauche était déposée et le gouvernement serait tombé par la gauche." Il sait bien qu'il ment : si les frondeurs n'ont pas voulu voter la motion de censure de la droite, pourquoi la droite aurait-elle voulu voter la motion de censure des frondeurs ? Comment peut-on jouer cette comédie parlementaire dans une société si clivée ? Manuel valls se révèle plus clivant que ne l'aura été Nicolas sarkozy, qui se vantait à juste titre en 2012 de n'avoir subi "aucun blocage", alors que tous les corps constitués menaçaient de se mettre en grève générale dès le lendemain de son élection. Je l'ai moi-même entendu de mes oreilles, proféré par un chehminot. Le Front de gauche a voté la motion de censure de la droite, nous admettrons donc que Jean-Luc Mélanchon est plus conséquent que les frondeurs, même s'il sait bien que son affirmation ne tient pas. La preuve, c'est quil assigne des limites à sa "convergence des luttes". Il se comporte plutôt comme un agent qui déjoue le populisme en singeant la colère du peuple qu'en agent qui assume celui-ci. Jacques Rancière a raison de dire que le peuple n'est pas seulement en colère. Bernard stiegler a raison de dire que la réduction du peuple à sa colère peut provoquer une régression. Il n'empêche : croire qu'on peut encore vouloir le bien du peuple en donnant dans l'antifascisme, c'est commettre un anachronisme. Je sais bien que Jacques sapir a compromis cette convergence des luttes des fachos et des antifas en disant qu'elle devait se résoudre dans la dictature. Je ne le crois pas. Seulement nous abordons à un moment révolutionnaire. Alain de Benoist rappelait opportunément cette citation de Lénine : "Une révolution se produit lorsque la base ne veut plus et que le pouvoir ne peut plus." Au vu de la situation présente, nousen sommes proches. Si l'on n'assume pas la convergence des luttes à ce moment, on prépare une ouverture possible à toutes les régressions. Je comprends que Jean-Luc Mélanchon ne puisse pas avaler facilement que les antifas doivent se réunir aux néofas, mais c'est le seul moyen d'humaniser et de décommunautariser la colère qui vient. Michel Wieviorka disait ce matin sur "France culture" que la violence est devenue un tabou dans notre société. Ça dépend laquelle. La violence des zadistes ou des "Nuits debout" est tolérable. Celle de l'extrême droite ou des islamistes n'est pas tolérée. C'est comme la pédophilie. Celle des prêtres fait rêver des secrets d'alcôve les plus sordides. Celle du personnel de l'Education nationale n'étant liée en principe à aucune frustration sexuelle, ne scandalise personne. Farida belghoul accusait cette institution de corrompre la jeunesse. Elle pourrait presque s'en faire gloire, vu que ce fut sous ce chef que fut condamné Socrate, lequel était pédophile au sens moderne et contrevenant au polythéisme en vigueur en voulant rationaliser la figure des dieux et les ramener à un seul... La laïcité intente de même à la religion en général le procès d'être une "sous-culture", le pape fait bien de le signaler dans son interview à "la Croix". En réalité, dans la continuité de la tradition philosophique, la laïcité ne supporte pas les religions qui ne tendent pas vers l'individualisme. C'était le cas du christianisme, qui a dévoyé sa vertu d'espérance en ne la teintant plus de charité, au point que chaque chrétien escompte davantage en son salut personnel, qu'il n'a le souci d'appartenir ou de constituer l'Eglise. L'islam a une vision plus territorialiste et plus clanique. Il ne tend pas vers l'individualisme qui seul est supporté par le "relativisme social et moral" qu'est en fait la laïcité. L'islam est la surprise diabolique de la laïcité, qui a trouvé en lui, pense-t-elle (et je ne suis pas loin de penser comme elle), un obscurantisme pire que celui qu'elle voulait remplacer. Aussi la laïcité a-t-elle commis le Front national pour dire tout le mal qu'elle pensait de cet obscurantisme et que son islamophobie soit portée sans qu'elle ait à se salir les mains. C'était la thèse d'Alain Soral en 2011,sur ce point il a raison. Savoir comment une société sécrète ses tabous est un intéressant sujet d'étude. Pourquoi une société qui corrompt sa jeunesse s'indigne-t-elle devant la pédophilie ? Pourquoi supporte-t-elle la violence des bobos et est-elle horrifié par la violence des voyous allogènes ? Pourquoi se focalise-t-elle silencieusement sur cette seule forme de violence au point d'oublier que les autochtones avaient naguère un code de l'honneur du voyou, sans compter la violence politique ? Pourra-t-on contenir la violence du moment révolutionnaire que nous traversons par suite de trop de précarité ? Comment se fait-il que, depuis une quinzaine d'années, c'est-à-dire depuis que le paupérisme s'est répandu et que le libéralisme s'est découvert comme doctrine de gouvernement économique de la mondialisation, les journalistes ont tombé le masque et se sont tous assumés comme libéraux libertaires ou socio-libéraux ? Comment ne voit-on pas que la mue de François Hollande n'est qu'une conséquence que ce méchant naïf croyait pouvoir tirer innocemment de l'aveu de ses copains préférés, ceux-là mêmes pour qui il se dépensait en petites blagues ? Comment les anciens gauchistes ont-ils si facilement pu abandonner la lutte des classes pour la changer en lutte des sexes ou des moins réellement diviseurs des attributs sociaux ? Comment la gauche vit-elle l'abandon de son monopole culturel au profit d'une droite dont elle découvre stupéfaite qu'elle a des opinions ? Comment cette gauche, qui se rengorgeait de son pluralisme tant qu'elle n'avait pas de contradicteurs, vit-elle cette concurrence, maintenant qu'elle est devenue libérale ? Comment les progressistes, amis de "la société ouverte", qu'elle le soit économiquement ou plus largement, supportent-ils que ce soit les tenants de la pensée close qui déploient désormais le plus d'énergie et de créativité intellectuelle ? Et que signifie cette inversion de la créativité dans un moment prérévolutionnaire ?

lundi 16 mai 2016

Christianisme et responsabilité

Le chrétien est cet être bizarroïde qui  croit à la fois que nous avons tous besoin d'être sauvés, et que personne ne peut se sauver lui-même.
Cette exemption s'étend au Sauveur EN PERSONNE, que la foule qui le crucifie moque injustement en le défiant:
"SAuve-toi toi-même !"
Le chrétien sait qu'on ne se conaît qu'à li'ntérieur de sa conscience, mais que c'est l'autre qui nous objective.
A  force de croire qu'on ne peut rien pour soi, on finit par décliner toute responsabilité. Le chrétien est celui qui dit au rebours de Georgina dUfoie
"Coupable, mais pas responsable."
Il n'est pas étonnant que le chrétien soit pour un divorce, au demeurant très civilisateur, entre les pouvoirs temporel et spirituel. Car si ce n'est pas moi qui me justifie, si je ne suis pas responsable, serais-je coupable, en quoi puis-je relever de la justice?

mercredi 4 mai 2016

L'espérance ou l'incarnation du ciel


J’écoute de nuit en rediffusion l’abbé de tanoüarn, interviewé par Jérôme Bénard sur son dernier livre sur la liberté chrétienne dans sa propre émission sur « radio courtoisie » dont une des thèses est que toute liberté suppose une libération. Il cite Malebranche disant : « La Création est négligée », inachevée, car « Dieu n’a pas voulu d’une Création trop parfaite pour que l’homme ne s’y attache pas et ne croie pas qu’il est fait pour ce monde»

 

J’ai toujours eu du mal à méditer sur les fins dernières. Je suis surpris quand on me dit qu’on tient dans sa marche dans la vie par l’espérance qu’on a du ciel. Dominique Molitor, la patrone de « Minute » que j’ai rencontrée grâce à Mortimer et sa banquise qui est aussi la mienne (un club d’amis et une « force de prière ») m’a dit qu’il en allait ainsi pour elle. Je préfère ce qu’a dit Jean-Marc Jacaut comentant la parole du Christ disant : « Je suis Résurrection et vie ». Son commentaire était que, si je ne ressens pas la Résurrection dans ma vie, je ne connais pas vraiment le Christ.

 

La Création inachevée est une prémice de la croyance éminemment moderne que l’homme a été créé mortel et limité. Nous ne marchons pas davantage un pied dans le ciel que nous ne sommes « un être pour la mort ».  Cette pensée d’Heidegher contribue à faire du christianisme une pensée triste quand il la reprend pour aider les hommes à passer la mort comme s’il était une religion commeles autres. Il s’en sert d’alibi pour ne pas sortir du dolorisme.

 

Elisabeth de la trinité a dit le mot de l’espérance chrétienne par cette phrase que je crois définitive :

 

« Je crois bien que j’ai trouvé le ciel sur la terre. Car le ciel, c’est Dieu, et Dieu est dans mon âme ».

 

L’homme est un être qui ne se souvient pas d’être né et ne sait pas comment il va mourir. Sa naissance s’est cachée pour lui donner la notion de l’éternité de préférence àcelle du temps. En lui se côtoient le principe d’inatalité et l’immortalité de l’âme. Il n’ose caresser cet infini de peur de manquer sa divinisation, come si Dieu pouvait lui avoir tendu un piège en le posant entre deux infinis.

 

La mort lui est connue comme une analogie de la naissance et comme un enfantement nouveau auquel il devra consentir. L’espérance, c’est de croire qu’on ne méritera pas de bien savoir passer ce nouveau seuil, mais qu’on y naîtra dans les entrailles matricielles de la Miséricorde de Dieu. Et l’espérance au présent, ce n’est pas de marcher en croyant avoir un pied dans le ciel parce qu’on n’est pas fait pour ce monde-ci : c’est d’incarner le ciel entrevu dans son âme par la proximité de Dieu.

mardi 3 mai 2016

Thomas et Philippe


THOMAS EHILIPPE


On n'y pense pas assez, mais c'est à thomas que Jésus dit qu'Il est le chemin, la Vérité et la Vie. Alors, quand Jésus ressuscite, Thomas ne veut pas se perdre. Il dit : "Tant que je ne verrai pas les traces de ses clous dans Sa main, tant que je ne me mettrai pas les doigts dans Son Côté, non, je ne croirai pas."

Thomas ne veut pas se perdre et Jésus acquiesce à son rationnalisme. Il y acquiesce tellement que son homonyme, le "docteur commun", sera le maître de la raison chrétienne, le "docteur commun". Il y acquiesce jusqu'à lui proposer d'éprouver "les preuves de l'existence de Dieu" en mettant sa main dans Ses plaies et son côté. Il le détourne de la crédulité par la voie des sens. Il se propose de lui prouver le merveilleux chrétien. Le Verbe avait dit à la chair de Thomas qu'il était le Chemin incarné. Il ne va pas déployer pour lui les ressources allégoriques de la vérité ni celles de l'exégèse. Thomas ne goûtera ni à la Table de la Parole, ni à celle de l'Eucharistie. Il rejoindra le naturel par le surnaturel. Et il pourra prononcer une déclaration d'amour mystique : "Mon Seigneur et mon Dieu !" Il pourra confesser que Jésus est Dieu. Le chemin ainsi montré à lui, naturel et miraculeux, surnaturel et merveilleux, signalétique et prodigieux, pourra alors lui proposer de s'égarer : "Ne balise pas si tu perds les balises ! Heureux, celui qui croit sans avoir vu!" Et Thomas ira très loin, probablement jusqu'en Chine.

Quant à Philippe, c'est un jeune, un petit et un simple. Il ne veut pas s'embarrasser de querelles théologiques ni de controverses qui le dépassent. Il se voudrait un monothéiste ordinaire à qui Jésus permettrait simplement de se rapprocher du Père pour pouvoir Le prier comme un enfant en forçant la porte du ciel. "Montre-nous le Père, cela nous suffit !" "Cela fait si longtemps que tu es avec Moi, Philipe, et tu n'as toujours pas compris que Je Suis dans le Père et que le Père est en moi ? Que nul ne peut aller au Père que par Moi ? Que je parle au Nom du Père et que qui me voit voit le Père ?" 

Je parie que Philippe n'a rien compris à tous les arguments théologiques, prémices d'un traité sur la Trinité de Saint Hilaire ou de saint Augustin, que Jésus vexé lui a débités. Ce qui l'a traversé comme une flèche, lui, si jeune, c'est ce rappel du temps passé, du temps intime vécu ensemble. A Nathanael, Jésus devait dire : "Avant que Philippe ne t'appelât sous le figuier, déjà Je te connaissais." Mais Philippe qui a appelé Nathanael, Philippe n'est pas Nathanael. A Philippe, Jésus peut dire: "Cela fait si longtemps que Tu es avec moi, et tu ne me connais pas encore ? Je suis l'Image du dieu Invisible, donc Je t'ai exhaussé, car Dieu est tout près de toi, mais connais-Moi et tu le connaîtras. Connais-Moi puisque c'est ce qui t'importe beaucoup plus que de te connaître toi-même ou même d'être connu de Moi. Car tu es encore plus transparent que Nathanael, Dieu seul est ton énigme, et il l'est dans un cœur de pauvre. "pe baptisera l'eunuque éthiopien, invité par lui sur son char, pour lui expliquer la parabole du Srviteur souffrant. L'eunuque ne reconnaîtra pas Jésus à la fraction du pain, mais il aura trouvé un point d'eau en ce Jésus qui, pour Philippe, coule de source.

La solitude et l'égoïsme

Mon oncle Claude disait qu'on avait tort d'aimer la littérature du XIXème siècle, car les auteurs y déclinaient un sentiment unique, qui DEVENAIT la monomanie de leurs œuvres, bien qu'ils l'affriolassent des descriptions les plus barriolées et des circonstances les plus foisonnantes.
Revenant depuis quelques jours à balzac, je m'aperçois que, si Maupassant a illustré la solitude dominant le frémissement de la présence sensitive, Balzac peint l'égoïsme.
Je croyais qu'il en affublait les seuls célibataires comme le curé de Tours ou comme le cousin Pons, ce musicien, cet artiste. Mais l'égoïsme est aussi la passion qui étreint les filles du père Goriot, ce "Christ de la paternité". C'est surtout la passion qui domine le chercheur de l'Absolu, le savant, cet artiste.
Les héros esthétiques ou moraux de Balzac étaient le savant et l'artiste, ceux de Bergson furent l'artiste et le saint, dominés par "l'élan vital".
Balzac a eu des excuses à être égoïste: il ne fut pas visionnaire, mais il créa un monde.
Je dis qu'il ne fut pas visionnaire en corrélation avec une réflexion que je me suis faite sur le manque de capacité visionnaire de l'aveugle, qui a certes une intuition du monde, mais trop enclose dans le réel et comme un décalque du monde tel qu'il existe.
L'aveugle et Balzac ont peu d'imagination. Ils ont certes une imagination débordante, mais elle n'est pas fantastique.
Leur tête est peuplée de personnages. Plus on met de noms sur des visages, et moins on pénètre l'âme de quelqu'un. Plus on se prothèse de monde et moins on trouve de frères. Par où l'on est ramené à l'égoïsme des célibataires.
Mais peut-on échapper à l'égoïsme de Balzac et à la solitude de Maupassant? Lequel est la conséquence de l'autre?
La solitude pourrait pousser l'égoïsme au solipsisme et l'égoïsme entraîner la solitude dans l'amertume. Mais le solitaire égoïste sait qu'il partage ces deux conditions avec ses semblables. Il peut être le moins mysanthrope des hommes, s'il choisit d'écouter ou de refléter ce que les autres sont sans le savoir. Aimer peut commencer par ne pas se faire d'illusions.
Croire en la solidarité naturelle, en la télépathie générale ou à la communion des saints est peut-être plus superficiel que de donner quelque chose à qui ne nous est rien avant même de ne rien nous avoir demandé.