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jeudi 28 mars 2013

Gethsémani (poème de mon frère)

gethsémani








fais que je reste avec eux



que je ne profite pas



de leur engourdissement



pour fiche le camp







je leur dis veillez et priez



pour ne pas entrer en tentation



mais eux ils dorment



me laissant seul alors que



c'est la dernière nuit



que je passe parmi eux







je leur dis veillez avec moi



quelques heures



avant d'être cloué



je leur dis restez avec moi



sans quoi moi aussi



je pourrais être tenté







priez avec moi ou bien



ce serait si simple



pendant que vous dormez



demain vous diriez



avec judas et les gardes







où est-il







même si vous dormez



je ne pars pas



je reste là à les attendre



parce que si je pars



il n'y a pas de salut



pour vous







le projet de dieu reste



inaccompli



je suis venu pour mener



son projet à sa perfection



sa perfection



c'est moi sur la croix pour vous







pour réparer la faute



vous rendre la liberté



son goût



mais beaucoup



ne veulent pas y goûter



même gratuitement







même si la sueur



épaisse comme le sang



coule sur mon visage



je ne bouge pas d'ici



même si vous dormez



d'un sommeil



qui lui est occasion









pour me tenter







je reste







dans ce jardin d'angoisse



voisin d'éden



jardin d'agonie



où l'homme



parce que je ne pars pas



redevient l'ami de dieu







gethsemani



jardin d'angoisse voisin d'éden



au bas du mont des oliviers



pressé comme une olive



voici que broyé par la pierre



l'huile sourd du noyau dur







de mon front







olivier



tu es l'avant dernier



arbre que je touche



je m'adosse contre toi



toi mon ami



tu me soutiens







bientôt on m'adossera



contre un bois



moins amical



mais je ne serai pas seul



à le porter



comme cette nuit







incroyable vous dormez



ma dernière nuit



parmi les hommes



je suis seul



ils vont me clouer



pour vous







pas pour moi







je suis







je le suis







pour vous























pâques 2011



gilles weinzaepflen









fais que je reste avec eux



que je ne profite pas



de leur engourdissement



pour fiche le camp







je leur dis veillez et priez



pour ne pas entrer en tentation



mais eux ils dorment



me laissant seul alors que



c'est la dernière nuit



que je passe parmi eux







je leur dis veillez avec moi



quelques heures



avant d'être cloué



je leur dis restez avec moi



sans quoi moi aussi



je pourrais être tenté







priez avec moi ou bien



ce serait si simple



pendant que vous dormez



demain vous diriez



avec judas et les gardes







où est-il







même si vous dormez



je ne pars pas



je reste là à les attendre



parce que si je pars



il n'y a pas de salut



pour vous







le projet de dieu reste



inaccompli



je suis venu pour mener



son projet à sa perfection



sa perfection



c'est moi sur la croix pour vous







pour réparer la faute



vous rendre la liberté



son goût



mais beaucoup



ne veulent pas y goûter



même gratuitement







même si la sueur



épaisse comme le sang



coule sur mon visage



je ne bouge pas d'ici



même si vous dormez



d'un sommeil



qui lui est occasion









pour me tenter







je reste







dans ce jardin d'angoisse



voisin d'éden



jardin d'agonie



où l'homme



parce que je ne pars pas



redevient l'ami de dieu







gethsemani



jardin d'angoisse voisin d'éden



au bas du mont des oliviers



pressé comme une olive



voici que broyé par la pierre



l'huile sourd du noyau dur







de mon front







olivier



tu es l'avant dernier



arbre que je touche



je m'adosse contre toi



toi mon ami



tu me soutiens







bientôt on m'adossera



contre un bois



moins amical



mais je ne serai pas seul



à le porter



comme cette nuit







incroyable vous dormez



ma dernière nuit



parmi les hommes



je suis seul



ils vont me clouer



pour vous







pas pour moi







je suis







je le suis







pour vous























pâques 2011



gilles weinzaepfle

mercredi 27 mars 2013

En lisant les deux derniers chapitres du livre de Josué

23- 1 Et longtemps après que l’Éternel eut donné du repos à Israël de tous leurs ennemis à l’entour, — et Josué était vieux, avancé en âge,




23-3 et 12 (sauf erreur) : l'Eternel a combattu pour vous.

23-12-13 refus de tout cosmopolitisme : 12 Car si vous retournez en arrière, et que vous vous attachiez au reste de ces nations, à celles qui sont demeurées parmi vous, et que vous vous alliiez par mariage avec elles, et que vous entriez parmi elles et elles parmi vous,

13 sachez certainement que l’Éternel, votre Dieu, ne continuera pas à déposséder ces nations devant vous ; et elles vous seront un filet, et un piège, et un fouet dans vos côtés, et des épines dans vos yeux, jusqu’à ce que vous ayez péri de dessus ce bon pays* que l’Éternel, votre Dieu, vous a donné *Pour Josué, les nations sont des épines… dans les yeux du christ ? Une des explications possibles de la couronne d'épine est que le Christ, Roi des juifs, a eu les yeux dessillés de ce caractère spinal des nations, en a eu les yeux dessillés au point de vouloir devenir roi des nations.

23-15 Les bonnes et les mauvaises paroles.



23-4 * La geste de Josué : *ainsi que toutes les nations que j’ai exterminées, jusqu’à la grande mer vers le soleil couchant.

23-5 Ne s'écarter de la thorah ni à droite, ni à gauche.

23-8 conclu par "et vous vous attacherez à l'eternel": le rappel des trois premiers commandements.



23-13 Et je vous donnai un pays où tu n’avais pas travaillé et des villes que vous n’aviez point bâties, et vous y habitez ; vous mangez [le fruit] des vignes et des oliviers que vous n’avez pas plantés. *1. Citation que l'on pourrait renvoyer aux sionistes qui justifient leur projet politique par la fructification agricole.

Mais 2. Le serviteur qui a peur de Son Maître dans la parabole des talents reprend exactement ces mots, et Jésus les infléchit en disant :

"Je vais te juger d'après tes propres paroles."

24-15 "Choisissez qui vous voulez servir, mais Moi et ma maison, nous servirons l'Eternel."

24-16-18 Le choix de l'Eternel.

24-19 Et Josué dit au peuple : Vous ne pourrez pas servir l’Éternel car il est un Dieu saint, Une lecture spirituelle s'arrêterait à cette phrase et ne retiendrait qu'elle : "Vous ne pouvez pas servir l'Eternel", donc inanité du précepte catéchétique ancien, enseignant que Dieu nous a fait "pour L'aimer et pour Le servir." Dans cette perspective aussi pouvons-nous lire la Parole selon laquelle nous ne sommes que des serviteurs inutiles. Mais la lecture spirituelle croit être arrêtée parce que le verset se poursuit et que l'impossibilité de servir l'Eternel est mise en rapport avec le châtiment de quiconque L'aura mal servi. Il est tellement transcendant que Sa vengeance, à son tour, ne pourra être que terrible. En quelque sorte, c'est à peine s'il est favorable de servir l'eternel, du point de vue de l'instinct de survie. Mais l'instinct de vie ou plus exactement "le choix de la vie" commandent de le servir quand même. * il est un *Dieu* jaloux : il ne pardonnera pas votre transgression et vos péchés.



24-20 Si vous abandonnez l’Éternel, et si vous servez des dieux étrangers*, alors il se retournera et vous fera du mal et vous consumera après vous avoir fait du bien.

Consumation de l'offenseur et de celui qui abandonne l'Eternel précédant le sentiment que dieu puisse nous avoir abandonnés et précédant d'autant plus le choix de l'Abandon à Dieu.

21 Et le peuple dit à Josué : Non, car nous servirons l’Éternel.

22 Et Josué dit au peuple : Vous êtes témoins contre vous-mêmes que c’est vous qui vous êtes choisi l’Éternel pour le servir. Et ils dirent : [Nous en sommes] témoins. *1. Cette fin du livre de Josué manifeste que la malédiction des juifs qui s'étendrait à ceux et aux enfants de ceux qui auraient été les instigateurs directs de la Mort du christ relève d'un genre littéraire, qui estAssumé par le retournement que fait le christ du témoignage contre soi en témoignage pour soi.

2. Il se trouve qu'il y a une heure, avant de méditer ce passage, je méditais l'Evangile du jour qui est cette célèbre controverse opposant les pharisiens à Jésus, dans laquelle les premiers accusent le Second, l'Alpha et l'Oméga, d'être un faux témoin puisqu'Il Se rend témoignage à Lui-même. Mais Jésus leur rétorque que la validité de Son témoignage S'appuie sur le témoignage du Père. Hors d'une logique trinitaire implicite, la critique des pharisiens continuerait de s'appliquer, puisque Jésus n'aurait qu'un témoin: le Père. La méditation de ce passage célèbre de saint-Jean, sur lequel Lyta basset a malheureusement trop extrapolé,ouvre encore d'autres perspectives: la réponse de Jésus à l'accusation de faux témoignage portée contre Lui est que ses accusateurs ne savent pas d'où Il Vient et où Il va. Jésus ne leur répond pas qu'ils ne savent pas eux-mêmes d'où ils viennent et où ils vont. Sous-entendu : Lui seul pourrait les amener à ce savoir, étant donné que, ce qui compte, ce n'est pas le témoignage que chacun de ceux qui Le critiquent pourrait se rendre à Lui-même. L'objet de la critique est bien identifié : elle doit porter sur ce qui concerne Jésus étant donné que ce qui concerne Jésus rend témoignage à notre origine et à notre destination. A quiconque se sentirait frustré de cela, on voit que Jésus n'en opère pas moins une révolution en sa faveur : Jésus retourne le témoignage contre soi en un témoignage pour soi qui devient lui aussi qualifié. Le retournement de ce témoignage contre en témoignage pour représente un tel saut qualitatif qu'il est étonnant qu'après cela, le christianisme ait pu verser dans la fausse humilité.*Même fin que

celle du livre du Deutéronome :

26 Et Josué écrivit ces paroles dans le livre de la loi de Dieu. Et il prit une grande pierre, et la dressa là sous le chêne qui était auprès du sanctuaire de l’Éternel ;

27 "et Josué dit à tout le peuple : Voici, cette pierre sera témoin contre nous, car elle a entendu toutes les paroles de l’Éternel, qu’il nous a dites ; et elle sera témoin contre vous, de peur que vous ne reniiez votre Dieu."

24-29 Mort de Josué et sépulture du patriarche à Thimnath-Sérakh.

La fidélité des fils d'Israël se prolonge tant que vivent les témoins… oculaires des exploits de leur dieu : "31 Et Israël servit l’Éternel tous les jours de Josué, et tous les jours des anciens dont les jours se prolongèrent après Josué et qui avaient connu toute l’œuvre de l’Éternel, qu’il avait faite pour Israël."

24-32 Le tombeau de Joseph à sichem (note e
à gn 33:19

Joyeuses fêtes de Pâques à tous mes lecteurs!

lundi 18 mars 2013

Note idéative (I)

C'est à dessein et à regret que j'insère cette rubrique sur ce blog plutôt que sur journaltorrentiel. Mais bien que ce blog-père n'ait pas été alimenté depuis près de trois ans, la logique du développement interne de son texte s'est déployée comme un livre sur lequel je n'ai pas le temps de travailler pour le moment. Aussi essayé-je cette nouvelle forme d'"inaperçu" indiscipliné et dont l'avenir dira si elle se peut raisonner, mais qui, du moins, à l'origine, ne prétend pas à l'origine à une exhaustivité intenable et à une organisation dont je suis trop bouleversé pour être capable. Alors lançons-nous, et vogue la galère de cette série sur ce torrent, dont ce blog est le radeau qui ramasse le plus de vestiges. Et encore, il se croit obligé d'en jeter beaucoup à la mer, que ceux qui seraient dignes d'être recueillis sur cette arche veuillent bien en pardonner leur indigne serviteur!












18 mars 2013 (le premier soir, où j'inaugure cette manière encore plus désorganisée de noter le bric-à-brac de mes idéesen vrac : En lisant l'Emile de rousseau : C'est une constante ambition de l'homme que de trouver son semblable jusqu'en l'inventant tout différent, qui se fait voir de Pline l'ancien à la paléontollogie moderne Un peu plus haut dans le texte, Inaperçu de l'histoire (et contresens pour faire grossir le chapeau qu'on veut faire porter à rousseau) : rousseau, le pédagogue fantasque, qui voulait que les enfants apprissent l'instruction civique après avoir choisi leur fiancée, s'il inspira la ", parla, lui de chercher quels étaient "les devoirs de l'homme et du citoyen"., Faut-il que nous parlions toujours en exagérant ? Nous nous croyons toujours dans l'anfractuosité où va s'ouvrir la faille. Ainsi rousseau : Dans son apologie du "bon sauvage", il force ainsi le trait : Le sauvage ne convoite rien au-delà de sa faim, c'est nous qui sommes les vrais cannibales : "Mais pour nous, à qui la vie civile est nécessaire, et qui ne pouvons plus nous passer de manger des hommes", nous émigrons dans des "capitales cannibales" : "Voilà pourquoi tout afflue à Rome, à Paris, à Londres. C'est toujours dans les capitales que le sang humain se vend à meilleur marché.". Les capitales sont cannibales comme le capital, et le marché aux hommes négocie toujours la valeur travail à prix de sang humain,sauf qu'avec l'économie numérique où les ordres se donnent plus vite que les services ne se rendent et que les biens ne peuvent être transportés, la valeur-travail est plus une valeur retranchée qu'une valeur ajoutée. "La question humaine", en devenant une différence, favorise une indifférence inhumaine. PENSEE DE VIRGILE, VENU NOUS VISITER CE MATIN : Nous faisons comme si nous n'avions que des extrémistes politiques et pas d'extrémistes économiques. Or nous sommes arrivés à l'extrême pointe du capitalisme, comme il y a une vingtaine d'années, les Européens de l'Est étaient arrivés à l'extrême pointe du communisme avant la destruction du mur de berlin. Ces extrémistes économiques qui font que le capitalisme est à son "pick oil" sont ceux au nom desquels les peuples vivent si mal sans savoir ce qu'ils leur doivent. Ce sont les inventeurs du néo-esclavagisme, qui est plus vicieux que l'esclavagisme ancien, car au moins, l'esclavagiste ancien était paternaliste, c'était un maître qui avait des domestiques, lesquels faisaient partie de son foyer en travaillant à son usage.

Note idéative (I)

C'est à dessein et à regret que j'insère cette rubrique sur ce blog plutôt que sur journaltorrentiel. Mais bien que ce blog-père n'ait pas été alimenté depuis près de trois ans, la logique du développement interne de son texte s'est déployée comme un livre sur lequel je n'ai pas le temps de travailler pour le moment. Aussi essayé-je cette nouvelle forme d'"inaperçu" indiscipliné et dont l'avenir dira si elle se peut raisonner, mais qui, du moins, à l'origine, ne prétend pas à l'origine à une exhaustivité intenable et à une organisation dont je suis trop bouleversé pour être capable. Alors lançons-nous, et vogue la galère de cette série sur ce torrent, dont ce blog est le radeau qui ramasse le plus de vestiges. Et encore, il se croit obligé d'en jeter beaucoup à la mer, que ceux qui seraient dignes d'être recueillis sur cette arche veuillent bien en pardonner leur indigne serviteur!












18 mars 2013 (le premier soir, où j'inaugure cette manière encore plus désorganisée de noter le bric-à-brac de mes idéesen vrac : En lisant l'Emile de rousseau : C'est une constante ambition de l'homme que de trouver son semblable jusqu'en l'inventant tout différent, qui se fait voir de Pline l'ancien à la paléontollogie moderne Un peu plus haut dans le texte, Inaperçu de l'histoire (et contresens pour faire grossir le chapeau qu'on veut faire porter à rousseau) : rousseau, le pédagogue fantasque, qui voulait que les enfants apprissent l'instruction civique après avoir choisi leur fiancée, s'il inspira la ", parla, lui de chercher quels étaient "les devoirs de l'homme et du citoyen"., Faut-il que nous parlions toujours en exagérant ? Nous nous croyons toujours dans l'anfractuosité où va s'ouvrir la faille. Ainsi rousseau : Dans son apologie du "bon sauvage", il force ainsi le trait : Le sauvage ne convoite rien au-delà de sa faim, c'est nous qui sommes les vrais cannibales : "Mais pour nous, à qui la vie civile est nécessaire, et qui ne pouvons plus nous passer de manger des hommes", nous émigrons dans des "capitales cannibales" : "Voilà pourquoi tout afflue à Rome, à Paris, à Londres. C'est toujours dans les capitales que le sang humain se vend à meilleur marché.". Les capitales sont cannibales comme le capital, et le marché aux hommes négocie toujours la valeur travail à prix de sang humain,sauf qu'avec l'économie numérique où les ordres se donnent plus vite que les services ne se rendent et que les biens ne peuvent être transportés, la valeur-travail est plus une valeur retranchée qu'une valeur ajoutée. "La question humaine", en devenant une différence, favorise une indifférence inhumaine. PENSEE DE VIRGILE, VENU NOUS VISITER CE MATIN : Nous faisons comme si nous n'avions que des extrémistes politiques et pas d'extrémistes économiques. Or nous sommes arrivés à l'extrême pointe du capitalisme, comme il y a une vingtaine d'années, les Européens de l'Est étaient arrivés à l'extrême pointe du communisme avant la destruction du mur de berlin. Ces extrémistes économiques qui font que le capitalisme est à son "pick oil" sont ceux au nom desquels les peuples vivent si mal sans savoir ce qu'ils leur doivent. Ce sont les inventeurs du néo-esclavagisme, qui est plus vicieux que l'esclavagisme ancien, car au moins, l'esclavagiste ancien était paternaliste, c'était un maître qui avait des domestiques, lesquels faisaient partie de son foyer en travaillant à son usage.

dimanche 10 mars 2013

Les clarifications nantaises de mgr fellay

Pour rendre compte des clarifications nantaises de mgr Fellay, j'opterai pour une recension commentée de sa dernière conférence (que l'on peut écouter sur la porte latine), où tous mes commentaires seront encadrés de deux astérisques et où je me permettrai de bouleverser la chronologie des paroles de l'orateur si je puis, sous un chapitre, regrouper plusieurs de ses idées. Même si la FSSPX ne désigne jamais nommément le pape ou un évêque comme hérétique. Mgr fellay n'en dit pas moins que le discernement de sa fraternité doit déterminer, à terme, quelle est la proportion d'évêques qui sont objectivement hérétiques. Il n'en établit pas une liste, se bornant à constater en fin de conférence que certains clercs conduisent objectivement les fidèles dans le péché. Il engage ses fidèles à "prier avec beaucoup d'intencité et à supplier le ciel : "Ca serait génial de nous donner un bon pape !" I SITUATION GENERALE DE L'EGLISE Il commence par envisager comme pouvant se poser et correspondant à l'état de l'Eglise actuelle la question de saint vincent de Lérins : "Le corps entier peut-il être malade et l'eglise… dérailler" ? ayant répondu par l'affirmative à cette première question, il se demande comment cela peut se produire, si l'on admet la majeure exacte d'un syllogisme dont les modernistes et les sédévacantistes tirent des conclusions opposées. Cette majeure est que l'Eglise est infaillible. Les modernistes poursuivent le syllogisme ainsi : Or L'eglise a voulu le Concile ou la nouvelle messe, donc le Concile et la nouvelle messe sont infaillibles. A l'inverse, les sédévacantistes poursuivent le syllogisme comme suit : Il y a des erreurs dans le Concile, donc le Concile n'a pas été fait par l'eglise. Mgr Fellay propose de formuler une mineure qui conduise à une juste conclusion du syllogisme, qui ne soit, ni celle des modernistes, ni celle des sédévacantistes. On verra que cette conclusion, il ne la formulera jamais. Pour faire comprendre à son auditoire quelle est sa démarche intellectuelle, il fait un détour par la théologie sacramentelle et rappelle les trois conditions qui sont fixées pour la validité d'un sacrement : la conformité de la matière, de la forme et de l'intention du ministre qui administre un Sacrement. Mgr fellay souligne ici que même un prêtre qui aurait perdu la foi peut administrer validement un sacrementpourvu qu'il veuille faire ce que veut faire l'eglise. Mais il peut aussi, à l'inverse, substituer une matière différente, employer d'autres mots, une forme différente, ou avoir un défaut d'intention : "Le bon dieu, même lorsqu'Il promet Son assistance, ne prive paps les hommes de leurs facultés les plus hautes qui sont la raison et la volonté et qui le font libres. Il n'offense pas cette liberté. Je veux dire en fait que le bon dieu réclame de ces créatures auxquelles Il promet ces privilège de coopérer aux privilèges de cette Promesse et, s'ils ne veulent pas, ils restent libres et ça fait un désastre." Ce détour par la théologie sacramentelle permet à mgr Fellay d'introduire comment il va contourner la difficulté touchant le Concile. Sa mineure consistera à affirmer que les Pères du concile n'ont pas voulu obéir à l'Esprit-saint au cours du concile validement convoqué par l'eglise. Et sa conclusion se tire de là, sans être exprimée au bout du syllogisme au cours de sa conférence, mais en étant symbolisée par son refus de signer après les injonctions romaines, de plus en plus pressantes, que, puisque "les Pères du concile n'ont pas voulu faire ce que l'Esprit-saint attendait d'eux", (donc) nous ne pouvons accepter le concile. A la fin de sa conférence, mgr fellay reprochera au pape d'avoir connu cette position dès l'origine et, dès lors que la fraternité avait clairement fait connaître qu'elle ne pourrait pas changer de position, il dit ne pas comprendre pourquoi le pape a provoquer des discussions avec la fraternité en vue de la signature d'un accord pratique sans "mettre le Concile en veilleuse", nous y revienrons. Pour fonder sonafirmation que les Pères du concile n'ont pas voulu obéir à l'esprit-saint au cours du concile, Mgr fellay prétend qu'ils n'ont "délibérément" pas souhaité suivre les formes ordinaires… des conciles antérieurs, et ont préféré qualifier le second concile du Vatican de "Concile pastoral", en faisant une fausse distinction entre "concile dogmatique" et "concile pastoral". Or cette distinction a été introduite, pour autant que je sache, par les critiques du concile qui l'ont relayée pendant le concile dans une revuecomme "ITINERAIRES", et ce refus de dogmatisé s'est vu infirmer, puisque le concile a produit, parmi ses constitutions, déclarations et décrets, deux "constitutions dogmatique" ("LUMEN GENTIUM" ET "DEI VERBUM") et une seule constitution pastorale ("GAUDIM ET SPES"). Que si ces constitutions n'ont pas produit de dogme nouveau, tous les conciles n'en ont pas défini, mais le Concile a développé, dans ses constitutions dogmatiques, des notions nouvelles venant enrichir le dogme ancien.* Mgr fellay regrette enfin, à la suite de mgr Lefebvre et de quelques autres pendant le concile, que le concile ait délibérément abandonné la forme des définitions scolastiques traditionnelles, qui serait "la philosophie du bon sens" face au kantisme condamné par Saint Pie X dans "PASCENDI" comme la source de l'agnosticisme aux origines du modernisme, à la phénoménologie ou à l'existentialisme, condamné par Pie XII comme le pire dessystèmes relativistes. Il ne déplore pas ici l'abandon de la pratique de l'anathème : *mais la sanction contre ceux qui ne croient pas en un dogme accompagne-t-elle nécessairement la définition de celui-ci ? Ce refus de recourir à l'anathème est sous-tendu par une Eglise qui se perçoit désormais davantage comme une "communion de charité" que comme une organisation sur la défensive, quand elle défend le "le dépôt de la foi", même si la Foi et la charité ne sont pas en opposition : la foi est le roc et le socle, mais la charité est la plus grande des trois vertus théologale, ce dont prend acte le concile dans sa conception d'une eglise, dont lahiérarchie doit désormais présider à la charité.* En plus des problèmes posés par les philosophies sous-tendues par le langage adopté par le concile, mgr fellay continue de poser comme nœud de son opposition "la fameuse trilogie" de "la liberté religieuse", "la collégialité" et "l'œcuménisme", trilogie (*habituellement complétée par la liturgie et la pratique du dialogue interreligieux comme prolongement naturel de la liberté religieuse*) dans laquelle mgr Fellay voit une transposition des "droits de l'homme" : la liberté religieuse appliquant la liberté, la collégialité instillant l'égalité au sommet de la hiérarchie éclésiale, et l'œcuménisme étant mû par un désir de fraternité. *L'a priori qu'on ne saurait inviter les droits de l'homme à la table de l'Eglise repose sur l'analyse, faite à la fois par Jean Madiran, André chouraqui ou rené cassin, sur des versants différents de l'échiquier politique, que les droits de l'homme sont pensés comme de nouvelles tables de la Loi. Mais, pour Jean Madiran, ce sont des "droits de l'homme sans Dieu" alors que, pour les rédacteurs de la déclaration Universelle des droits de l'Homme de 1948, les droits de l'homme ne visent pas à remplacer, mais à retranscrire ou à retranscrire le décalogue, origine de la loi naturelle aux yeux des catholiques, dans des termes supposés acceptables par toute l'humanité. Le traditionalisme catholique préfère la critique contre-révolutionnaire des droits de l'homme comme antidécalogue à la voie médiatrice (ou concordiste) des rédacteurs de cette déclaration, qui la considèrent comme un décalogue laïque.* Mgr fellay s'étendra sans les nommer sur les méfaits de la collégialité, qui sera l'une des origines, sans que mgr Fellay les cite à comparaître, ce qu'il appellera "le double langage de rome" et qui expliquera selon lui l'échec des discussions.* Mais avant de comprendre les raisons qu'il en donne, il est utile de s'arrêter sur sa critique étayée de la théorie et de la pratique de l'œcuménisme et de la liberté religieuse. 1. L'œcuménisme ne peut être toléré parce que l'eglise catholique ne saurait transiger sur la foi dont elle est dépositaire et dont on ne saurait "lâcher un principe" (non plus qu'un principe de la morale, aura-t-il précisé précédemment), sans encourir cette condamnation de saint Athanase: "A moins qu'il ne la tienne intègre et inviolée (la foi catholique), sans aucun doute il est damné". Pie XII ajoute en proclamant le dogme de l'Assomption que "quiconque refuse ou simplement met en doute cette vérité, doit savoir qu'il a défailli entièrement." "Si quelqu'un, ajoute mgr fellay, ne croit pas à l'enfer, mais croit quand même que le christ Est Dieu, il se coupe de la Lumière de la Foi, car si le bon dieu S'est trompé sur un point, alors Il peut se tromper sur tous les autres. D'ailleurs, c'est insensé de s'élever contre le bon dieu et de prétendre : "vous avez tort et c'est moi qui ai raison !" (…) Les protestants, et tous ceux qui se mettent à contester une des vérités de la foi, se placent au-dessus ou au moins à l'égal du bon dieu, et arguent contre Dieu. Ceux qui ont fait [cela] ont démoli la Foi de fond en comble." *Pourtant, mgr fellay pourrait se laisser toucher par l'invitation isaétique : "Venons et discutons". Ceux que dieu par le prophète convoque à se confronter à Lui, à lutter avec Lui comme Jacob, ou à contester contre Lui comme Job viennent toujours à résipiscence.* 2. "Jean-Paul II disait de l'œcuménisme : "Cette unité n'est ni une fusion, ni une intégration" mais "une fédération", commente mgr fellay. Et si le bienheureux Jean-Paul II avait voulu souffler à notre esprit une analogie de l'œcuménisme avec la très Sainte trinité, "Union sans confusion", analogie dont on se demande si la séparation des Eglises chrétiennes en trois branches, comme la ramification des religions abrahamique en judaïsme, islam et christianisme ne peut pas s'interpréter comme des clins d'yeux de la Providence pour y discerner des traces de la trinité. Tel n'est assurément pas la position de mgr fellay : 3. Qui regrette que l'on ne puisse plus parler de "fausses religions" (le dernier qui l'ait fait étant Pie XII) ni présenter les juifs et les païens comme des "ennemis de l'eglise" : a) "La claque que j'ai ramassée, simplement en disant que les juifs étaient des ennemis de l'Eglise ! (…)Or s'ils continuent à tenir pour un blasphème que nous confessions que Jésus-christ Est Vrai Seigneur et vrai dieu, ne sont-ils pas adversaires de notre Seigneur ? S'ils sont comme ça, comment est-ce qu'on pourrait nous dire qu'ils ont leur chemin pour aller au ciel? Saint-Pierre nous dit dans les actes des apôtres qu'"il n'y a aucun autre Nom qui Ait été donné sous le ciel pour être sauvés que le Nom de Notre Seigneur Jésus-christ. (actes 4:12) Et maintenant, on nous raconte que les juifs ont leur chemin à eux…" Entre la théologie de la substitution et la théologie de la double élection, en dehors des manœuvres de théologiens, électrons libres, qui veulent prononcer un mariage forcé du judaïsme et du christianisme sans consentement ni conversion, le par. 4 de la déclaration "nostrae aetate" indique, me semble-t-il, la voix de la sagesse, en demandant qu'on n'impute pas la responsabilité de la Passion du christ, "indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps" ; que l'on continue de confesser le "verus Israël", mais avec l'humilité de "l'olivier sauvage" plein de reconnaissance pour"l'olivier franc" ; enfin, "les Juifs ne doivent pas être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits",malédiction qui semble percer sous le besoin que ressent visiblement mgr fellay de traiter les juifs d'"ennemis de l'Eglise", b) et les païens comme de fausses religions (*l'islam semble assimilé aux païens, et sa revendication d'être, sinon la dernière, du moins l'une des ramifications abrahamiques n'est pas retenue*). "Le psaume nous dit que les dieux de ces païens sont des démons." Dès lors, le prélat déplore que l'on prétendent désormais que "les autres religions se dirigent vers notre seigneur" *(ce qui est pourtant le sens de la Promesse du christ : "Quand Je serait Elevé de terre, J'attirerai tout à Moi" (Jean 12:32.)* Mgr fellay reçoit comme un beau rêve, dénué de toute réalité, ces paroles de l'encyclique "ut unum sint" : "Notre Seigneur Est la fin de toutes les religions". Avec le pessimisme anthropologique qu'il opose à la naïveté de l'optimisme conciliaire,* il dit que, bien sûr, il y a de la beauté et du bien dans le mal, c'est même à cela qu'on le reconnaît. Une seule goutte de cyanure suffit à empoisonner la meilleure soupe de légumes. S'émerveiller de la beauté qu'il y a dans les autres religions, c'est peut-être, au départ, trouver un point d'appui pour amadouer celui qu'on veut amener à être un futur disciple du christ. Mais si on reste dans cette voie, de s'émerveiller [des grains de beauté] qui subsistent dans le mal, on "trompe son monde". Mgr fellay utilise ensuite la métaphore du train : dire à quelqu'un qui se trompe de train que son train est beau et climatisé et qu'il arivera un jour à bon port, ce n'est pas se montrer charitable envers lui. *Or cette métaphore du train qui désignerait les religions me rappelle celle de l'abé célier comparant l'homme à une voiture dont Dieu aurait placé le mode d'emploi, la loi naturelle, dans la boîte à gants. Voir la personne réduite à une voiture et les religions, ces voies de passage vers le salut espéré, rabattues à des trains, cela nous appauvrit et nous humilieextrêmement. Pourtant, l'analogie du train de voyageurs est assez rigoureuse, la religion nous aide à passer, et la vraie religion doit nous aider à passer de ce monde au Père de notre Seigneur Jésus-christ, Qui est aussi notre Père. Seulement, si les adeptes des "fausses religions" ont pris le mauvais train, sommes-nous embarqués avec eux dans une voiture pour louer le confort de ce train, ou leur faisons-nous cette remarque dans les adieux des quais de gare ?* 4. Mgr fellay croit discerner la véritable nature de l'œcuménisme dans la mésaventure arrivée, "à Rome, au plus haut niveau de la hiérarchie", à cet évêque chismatique portugais qui, au soir de sa vie, voulut revenir au catholicisme, et que les autorités romaines en responsabilité des évêques et du dialogue interreligieux refusèrent de recevoir parce que, "depuis le Concile, ce [ne serait] plus nécessaire" Et bien sûr, pas question de le renvoyer vers la FSSPX, qui l'avait pourtant adressé à Rome : "N'allez pas chez ces fosciles !" Mgr fellay croit voir dans ce refus de rome l'essence de l'œcuménisme, puisque c'est "au nom de l'œcuménisme" que le cardinal Kasper aurait explicitement refusé de le recevoir ! *Ici, on ne peut s'empêcher de regretter que le moyen de l'œcuménisme se prenne pour une fin ; et quelles que soient les analogies de la division de l'universel chrétien en trois branches avec la Trinité qu'un élan métaphysique aux limites du panthéisme peut nous entraîner à risquer, notre pâte humaine ne peut que souscrire à l'espoir que nous gardons toujours, au fond de notre cœur, du retour de nos"frères séparés" : "ut omnes errantes ad unitatem eclesiae revocare" (litanie des saints). Car la troisième voie en qu'on peut essayer d'ouvrir face au constat du recouvrement difficile de l'unité dans l'Eglise, c'est de s'abstenir de considérations sur l'essence de cette unité ; et, c'est de prier pour la communauté de foi dans une communauté d'eglise, si c'est la forme d'unité voulue par Dieu ; mais si l'unité de la structure n'est pas ce que dieurecherche, s'Il préfère que "le salut puisse avoir pour portes d'entrée toutes les sensibilités chrétiennes" (malgré le "subsistit in"), sous la protection cachée du chef de l'Eglise catholique, référend et protecteur de toute la chrétienté, consciente ou non de ce rôle du pape qui bénéficie à tous les confesseurs du christ, c'est à nous de mettre nos sensibilités en veilleuse pour accepter que vivre de cet œcuménisme au sein de structures éclésiales dissociées nous soit d'un plus grand profit, d'autant que cela réclame de nous une plus grande abnégation, pour apprendre à vivre de l'Union trinitaire.* II LES DISCUSSIONS AVEC ROME *En fait de clarifications, le discours de mgr fellay demeure assez confus, si bien qu'il est difficile de dégager, ne serait-ce qu'une chronologie, parce que mgr fellay, comme à son habitude, se laisse emporter par son discours, ce qui l'amène, par exemple, à annoncer trois conditions fixées pour la réintégration de la FSSPX dans une lettre du pape du 30 juin 2012 (donc postérieure au 13 juin) et à n'en énoncer que deux. On peut cependant dégager quelques lignes de force : * 1. Le 14 septembre 2011, mgr fellay est convoqué par la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) pour procéder à une évaluation des discussions doctrinales qui ont eu lieu, deux années durant, et se voir remettre un "préambule doctrinal" pour analyse et signature avant tout accord pratique. *On croyait savoir que ces "discussions doctrinales" étaient un préalable posé par mgr fellay à Rome, et mgr Fellay continue d'ailleurs aujourd'hui encore de motiver son refus d'un accord pratique par la préséance de la doctrine sur une "belle situation" canonique.* Or mgr Fellay nous présente ici ces discussions comme ayant été initiées par la CDF pour lever des difficultés doctrinales qui se posaient dans la FSSPX (*mais dit-on la même chose ? Pourquoi n'est-il pas plus simplement parlé de "difficultés doctrinales" soulevées et ressenties par la FSSPX en face du concile.* Le cardinal Levada et ses assistants concluent cette évaluation des discussions doctrinales en affirmant qu'"elles ont atteint leur but, puisque chaque partie a pu exprimer clairement sa position. "Or les représentants de la CDF ne vont pas avoir une seule parole pour dire en quoi les objections soulevéées par la FSSPX sont "bonnes, mauvaises, justes ou fausses". La CDF présente à mgr fellay le "préambule doctrinal" comme un texte à signer, néanmoins modifiable, à condition de n'en pas changer la substance. *Quoique mgr Fellay ne le perçoive pas ou feigne de ne pas le percevoir, cette méthode de réception du "préambule doctrinal" ressemble à s'y méprendre à "la marge de discussion et de (critiquabilité) du concile", qui doit être appréciée selon la même méthode : non modifiable en sa substance, mais discutables sur les points litigieux. De même qu'on ne doit pas modifier la substance du préambule doctrinal, mais qu'on peut en préciser la rédaction, "on doit accepter le concile" (ce qui sera la conclusion de la CDF le 13 juin 2012, confirmée par une lettre adressée par le pape à mgr Fellay le 30 juin 2012), mais, comme le préambule doctrinal le stipule expressément, "il peut y avoir une discussion légitime sur certains points du concile qui font difficulté" dans le cadre d'une acceptation générale de celui-ci. Condition que mgr fellay résume ainsi : "Vous devez accepter le concile, après, vous pourrez en discuter. Mais si on l'a accepté, il n'y a plus rien à discuter." *La phrase prononcé par mgr Levada le 13 juin n'est pas contradictoire avec le principe qui semble se dégager de ce point désormais public du "préambule doctrinal" : "Vous ne pouvez pas dire qu'il y a des erreurs dans le concille", mais "la discussion légitime" vous permet de dire en revanche qu'"il y a des points qui", sans être erronés, font difficulté". 2. Le préambule doctrinal propose en outre un "cadre" à cette "discussion légitime des points qui font difficulté dans le concile" : c'est l'herméneutique de la réforme dans la continuité. (*Mgr fellay va d'ailleurs commettre un lapsus intéressant au cours de sa conférence : il considérera comme interchangeables les expressions d'"herméneutique de la Réforme dans la continuité" ou de "continuité dans la réforme". On doit donc entendre sous cap que le pape est essentiellement réformiste, voire accessoirement réformé. Ironie de la parole prise au piège de la liberté de son flux, mgr fellay dira, à la fin de la conférence que, si l'important n'est pas "que nous recevions le label catholique, quand bien même on nous excommunierait, nous devons protester… que nous sommes catholiques, et c'est cela qui les embête.")* De son propre aveu, mgr fellay va s'employer dans ses deux réponses au "préambule doctrinal", dont la seconde (dont il ne donne pas la date ici) précise la première du 30 novembre 2011 de portée volontairement générale, à "démolir" "le cadre" qu'on veut lui imposer pour "discuter" le concile : "l'herméneutique de la réforme dans la continuité". D'un côté, Benoît XVI condamne la rupture – "et c'est un point sur lequel nous sommes d'accord" - : "il y aurait une manière de comprendre le Concile qui serait fausse, expllique mgr Fellay décryptant la pensée du pape, c'est celle qui affirme que ce concile se pose en rupture avec le passé de l'eglise. Ce n'est pas une nouvelle Pentecôte, un nouveau début…" Cette critique de la rupture est en continuité avec la solution proposée par saint Vincent de Lérins pour sortir de la crise de l'Eglise qui avait lieu de son temps s'appuyer sur la partie saine, c'est-à-dire le passé. Le problème, c'est que benoît XVI ne s'en tient pas au passé : en introduisant le mot "réforme", il "bénit" tous les changements" introduits par le concile "auxquels nous nous sommes opposés". "Tous ces changements [résultant] du concile sont approuvés comme, non seulement bons pour l'eglise, mais aussi nécessaires." L'herméneutique dans la continuité est donc un cadre trompeur : il y a un point qui est juste, la condamnation de la rupture, et un point qui est faux, la justification des réformes conciliaires au Nom d'une "Eclesia semper reformenda". *De fait, "la Réforme dans la continuité" constitue bien un oxymore* qui induit, précise mgr fellay, deux conceptions de la tradition : 3. Au moment des Sacres, on avait reproché à mgr Lefebvre d'avoir "une vision incomplète de la tradition" : a) Mgr Lefebvre s'est toujours référé à la définition de saint vincent de Lérins : "ce qui a été cru toujours, partout et par tous". *La Tradition serait donc éternelle (comme les sionistes prétendent que Jérusalem est "la capitale éternelle et indivisible de l'Etat d'Israël"), quand même il a fallu attendre la prédication de l'evangile pour qu'on puisse croire dans le Mystère du verbe Incarné. Mais mgr fellay a un argument très solide à opposer à ce qui semble un anachronisme historique :* "L'esprit-saint n'a été envoyé que pour rappeler les Paroles du christ, et le Christ a dit ce que, de toute éternité, Il avait reçu du Père." *On serait tenté d'opposerà cela "l'autorité et la nouveauté" de l'enseignement de Jésus constatées par les foules et souignées par saint-Marc (1:22 et 1:27), mais il va de soi en même temps que cette nouveauté est pour nos oreilles tout humaines, tandis que l'autorité de l'Enseignement du christ est divine. Il y a un dynamisme humain qui se joint à l'Origine divine de la pédagogie et du Pédagogue. b) On aurait envie de dire que cette "autorité de (ou dans) la nouveauté" (sic) est ce qui contribue à rendre "la tradition" encore plus "vivante" que la simple adaptation du magistère aux conditions d'énonciation qui évoluent et doivent s'adapter aux changements de la situation historique des hommes au fil des époques. Mais on craindrait de hérisser mgr fellay, qui souligne au contraire* que "Rome utilise moins le concept de Tradition vivante". Pour eux, la tradition, c'est ce que fait chaque pape : chaque pape apporte une nouvelle strate de tradition. La tradition se construit par couches sédimentaires : la Tradition n'est plus l'objet, mais [ressort du] sujet qui transmet. *Pour les traditionalistes, Il ne peut pas y avoir de "développement interne" du dogme. C'est même le propre du modernisme que de penser que le dogme prend cette voie immanente pour préciser sa formulation.* C'est l'objet qui spécifie la tradition et non le sujet qui la transmet. Or "ils ont cassé la tradition". (Mgr fellay a ici des accents du : "ILS L'ONT DECOURONNE" de mgr Lefebvre). 4. La contradiction interne contenue dans "l'herméneutique de la réforme dans la continuité" peut expliquer qu'à romme, "nous fassions face à une contradiction, à une double communication, à une ligne officielle et une ligne officieuse", d'où la nécessité de rechercher constamment, à la fois "ce que veut le pape" et si ce que veut le pape est bon et acceptable pour la Fraternité." Mgr fellay donne plusieurs exemples de cette contradiction, dont il a même saisi le secrétaire d'Etat pour s'en plaindre, lequel était tout à fait dans la ligne officieuse, puisqu'il a promis à mgr fellay qu'une fois la situation canoniqueréglée, la Fraternité pourrait continuer de"tout attaquer", ce qui constitue aux yeux de mgr fellay une condition préalable de sa réintégration (*autant dire que mgr fellayprétend, enposant cette condition, être reçu comme "un ennemi de l'intérieur", à qui l'autorité permettrait de miner l'autorité (un fou du pape en somme ?), "ce qui est impossible pour une Autorité, reconnaît mgr Fellay lui-même)*. Mais revenons-en aux exemples de contradiction romaine pointés par mgr fellay, qui semble s'étonner qu'il y ait "des saboteurs" et des "faussaires" dans une curie qui devrait être "le bras droit du saint Siège", comme si tout groupe humain n'était pas soumis aux pressions contradictoires d'intérêts catégoriels divergents et comme si, dans le cas particulier de l'Eglise, il n'y avait pas depuis toujours des loups dans la bergerie : a) Contradictions entre dicastères. En septembre 2010, un prêtre qui a rejoint la FSSPX est excommunié par la congrégation des religieux en ces termes : "Le Père un tel a déchu de la foi en rejoignant formellement le chisme de mgr Lefebvre." Donc la cause était déjà jugée en septembre 2010 par la congrégation du clergé après la levée des excommunications et en plein dans les discussions doctrinales avec Rome.Je vais à rome et je proteste auprès de mgr Pozzo. Il ne m'a pas laissé finir ma phrase et m'a interrompu en disant que la commission "Eclesia dei" avait déjà signifié à la congrégation du clergé qu'elle n'était pas compétente pour prononcer un tel jugement et qu'elle devait par conséquent leréviser." (*Ici, on a moins à faire à une contradiction entre dicastères au sens strict qu'à une congrégation ou à un dicastère qui abuse de son pouvoir et de sa compétence.* b) La contradiction par des procédés dilatoires. Sur quoi, mgr Pozzo fait le geste de déchirer cette lettre. De même, au lendemain de l'ultimatum de la CDF, les interlocuteurs officieux de mgr fellay lui font savoir que tout ce qu'(il) doit faire de cette lettre, c'est de l'archiver. Ca ne veut pas tout à fait dire : la mettre à la poubelle, mais ça revient pratiquement au même.". Après que mgr Fellay a refusé l'ultimatum de la CDF, il rédige, sous la dictée de mgr di Noia, nommé pour trouver un chemin de conciliation avec la FSSPX, une lettre pour dire à la congrégation que "son texte est encore à l'étude". C'est une habitude à rome, lui explique mgr Di Noia, de dire qu'un texte est encore à l'étude pour apaiser les esprits. Mgr fellay de s'indigner qu'après cela, on écrive dans la presse que rome n'a pas encore reçu de réponse de sa part… c) Une contradiction dans les nominations. Mgr Levada démissionnaire est remplacé, à la tête de la CDF, , par mgr Müller qui, avant sa nomination, avait exprimé des positions très hostiles à la fraternité : "Les évêques (de la Fraternité) doivent redevenir prêtre ; quant à leurs séminaristes, il n'y a qu'à les renvoyer dans les séminaires diocésains." "Cela revient à dissoudre la fraternité, voilà ce que dit de nous notre responsable", commente mgr fellay. Comme cette nomination pose problème, le pape nomme un second interlocuteur: mgr di Noia, *chargé de déminer le terrain. Mais on a en effet l'impression d'un jeu de rôle, où l'un jouerait le rôle du méchant et l'autre celui du gentil. C'est une tactique classique de gouvernement, dont on voit mal comment on pourrait la proscrire de l'eglise, puisqu'il est recommandé aux disciples d'être rusés comme des serpents et doux comme des colombes. (Mt 10:22)* d) Une contradiction dans la position pontificale. "Le pape me fait savoir que résoudre le problème de la Fraternité est au cœur des priorités de son pontificat." Mais, après que j'ai reçu l'ultimatum du 16 mars, je courre-circuite le mandataire officiel et écris directement au pape. Le pape me laisse faire ce geste, puis, après un moment, me fait savoir que je dois envoyer la lettre que je lui ai expédiée par le chemin normal. La congrégation se contente de corriger mon texte de façon qu'on revienne à la case départ. A ce moment-là, j'écris au pape" (restitution oral du contenu de cette lettre) que, dès lors qu'il manifestait le désir de réintégrer la FSSPX dans la pleine communion de l'Eglise catholique, "j'étais [fondé à] conclure que vous deviez mettre en veilleuse (sic) le problème du concile. Si l'on remet – dans le texte qu'on nous donne à signer – les éléments du concile qu'on ne peut pas accepter, je suis obligé de conclure que je me suis trompé. Donc dites-moi vraiment ce que vous voulez." C'est la seule fois que j'ai reçu une réponse du pape datée du 30 juin et qui expose trois conditions pour que la fraternité soit reconnue. La première, c'est que nous reconnaissions que c'est bien le Magistère qui est le juge de la tradition. (…) La deuxième condition (dont on pouvait craindre qu'elle découlât de la première), c'est que vous reconnaissiez que le concile fait partie intégrante de la tradition apostolique" *Comme je l'ai déjà signalé, la troisième condition a été omise. Quoi qu'il en soit, on constate que, s'il a pu y avoir, avant et après cette date pivot qui marque l'unique fois où le souverain pontife est l'interlocuteur direct de mgr Fellay dans cette longue séquence de discussion, des assouplissements et des raidissements de la part du pape, le pape, dans cette unique lettre privée, ne désavoue nullement, voire reprend quasiment les mêmes termes que la CDF, ce qui, du moins, ne le met pas en porte-à-faux avec cet organe du gouvernement de l'Eglise et même si cela n'empêchera pas le souverain pontife de continuer à faire des propositions de régularisation canonique très favorables à la FSSPX, qui, à partir du 13 juin, ne veut plus faire aucune concession, mais pose au contraire trois conditions : "que nous soyons reçus comme nous sommes, que nous n'ayons pas à signer ce papier de rome, et que continue de nous être garanti le droit de critiquer (parfois décliné en droit d'attaquer)." Comme, à cela, mgr di Noia oppose la nécessité d'une "critique constructive" et que la CDF ne revient pas sur sa condition d'acceptation préalable du concile, avant la discussion légitime de tel point litigieux, condition dont mgr fellay fait une lecture maximaliste en plaçant l'acceptation au-dessus de la discussion et en estimant que la foi passe avant le confort d'une situation canonique régularisée, "nous sommes revenus à la case départ" est la conclusion qui s'impose et que le prélat tire légitimement de ses discussions avec Romesous le pontificat de benoît XVI. Mgr fellay est loin de nier la critique qu'on a peut-être manqué "une occasion historique" de signer un accord, comme l'ont nié beaucoup de suporters de la FSSPX, après la publication sur son blog d'un article de Jean-Marie Guénois, faisant état d'une ultime tentative de rapprochement de benoît XVI, information que le journaliste n'a jamais démentie bien qu'elle n'ait été confirmée par aucune des deux parties et ne semble fondée, à ce jour, que sur l'espoir qu'avait manifesté mgr fellay après l'annonce de la renonciation de benoît XVI, que "le pape ferait un dernier pas vers nous". Mgr Fellay, on l'a dit, reconnaît que les conditions qu'on lui proposait étaient favorables à un point que mgr Lefebvre n'avait jamais reçu de telles offres. Mais il assume d'y avoir opposé un "non possumus" tout à fait dans la tradition de l'action française, qu'il motive par la raison que la foi doit passer avant l'accord pratique et le confort d'une situation canonique, fût-elle une prélature personnelle à juridiction universelle. Il a beau appeler ses fidèles à prier pour que "le bon Dieu nous donne un bon pape", il n'y croit pas vraiment. Il prédit, à vues humaines, que le successeur de benoît XVI opérera plutôt un "gauchissement" à la mode Jean-Paul II, et que les cardinaux pourraient bien faire passer "un mauvais quart d'heure à la messe traditionnelle", sans toutefois aller jusqu'à accepter l'ordination des femmes ou la communion pour les divorcés remariés, ce qui serait, assurel'évêque dissident, "la dissolution de l'Eglise", "Quant à nous, qu'est-ce qu'il nous reste à faire" ? "Regarder les cardinaux", continuer à construire une espèce de sauve-qui-peut, un raffiot de sauvetage en se disant : "On verra bien". Mgr fellay avoue à demi-mots avoir fait un coup de poker inspiré par "la politique du pire", puisque des conditions aussi favorables ne se présenteront pas de si tôt : "Je ne vous promets pas la paix dans l'eglise avec le prochain pape". Mais il vit le flottement de ce retour à la case départ avec beaucoup de zénitude : "Il n'y a pas de quoi s'affoler". La vie a besoin d'aventure. Nous vivons dans "une rue cernée de tireurs d'élite". L'aventure que propose mgr fellay come geste à ses fidèles consiste à ne pas marcher dans cette rue comme en "temps de paix". On est plutôt dans l'évitement que dans "LA CHANSON DE ROLAND". Mais ne le prenons pas avec tant de condescendance : il s'agit de "faire son salut par des chemins d'exception". Cette aventure n'est pas qu'évitement,. L'héroïsme est au rendez-vous. Mgr fellay convoque le témoignage d'une mère de famille de ses fidèles qui, le même jour de Noël 2011, a perdu deux de ses enfants : sa fille cistercienne assassinée au Nigéria et son fils, fraîchement reconverti du bouddhisme, à qui des bouddhistes avaient présenté une croix pour qu'il marche dessus et qui fut exécuté, parcequ'il avait préféré l'embrasser. La zénitude de l'évêque helvétique consiste à préparer ses fidèles au martyre en leur parlant d'apocalypse, tout en les exhortant à ne pas penser à de telles scènes (quoique la suggestion soit dans l'esprit), mais à faire leur devoir d'état, comme si de rien n'était, "par amour du bon Dieu", au milieu d'un "champ de ruines" : "Ce n'est pas compliqué, la vie catholique. C'est exigeant, mais c'est très simple." Il suffit de faire une consécration à saint-Joseph, "terreur des démons", en ayant à l'esprit les promesses de fatima que " le cœur Immaculé triomphera". Du monde, de l'état actuel de l'eglise ("il n'y a pas de quoi s'affoler") ou de l'apathie de mgr fellay, preux chevalier du statu quo ou véritable risque-tout du combat décisif ? Comment savoir ! La sérénité dans les épreuves fait rarement bon ménage avec une piété craintive. ROME-FSSPX : CHRONOLOGIE D'UN MALENTENDU : Cette esquisse de chronologie prend pour guide les notes que j'ai prises à l'audition de la conférence de mgr fellay donnée à Nantes, laquelle conférence étant orale, omet beaucoup de dates. Cette chronologie est donc susceptible d'être amplement complétée et corrigée. 14 septembre 2011: convocation de mgr fellay auprès de la congrégation pour la Doctrine de la foi pour évaluer les discussions doctrinales des deux années précédentes et lui présenter pour analyse et signature le "préambule doctrinal" comme préalable à un futur accord pratique ; 30 novembre 2011 première réponse de mgr fellay au préambule doctrinal ; 16 mars 2012 : ce qu'on a appelé l'ultimatum de la CDF disant en substance que "le fait de refuser la proposition du 14 septembre 2011, explicitement approuvée par le pape, revenait à refuser l'autorité du pape, et donc, à travers deux canons dont seuls, les numéros étaient cités,exposaient à une condamnation comme chismatiques et à une excommunication. "Dans sa bonté, le pape vous laisse encore un mois pour réfléchir et, si vous voulez revenir survotre décision, vous avez un mois pour le faire savoir à cette congrégation." 22 avril 2012, réponse de mgr fellay à la CDF, qui lui remet une proposition de prélature personnelle, assortie d'un nouveau préambule doctrinal 13 juin 2012 : nouvelle rencontre de mgr fellay avec la CDF pour un constat de désaccord et d'échec 29 juin 2012 : sermon de mgr fellay où il constate que la situation est bloquée, après avoir essuyé le désaveu de la CDF, mais avant de recevoir la lettre du lendemain, signée du pape ; 30 juin 2012 : lettre du pape adressée à mgr fellay dans laquelle il reprend les arguments exprimés par la CDF du 13 juin. Et entre le 30 juin et la renonciation de benoît XVI ?

vendredi 1 mars 2013

Bilan théologique d'un pontificat catéchétique et théocentrique

"Le pape tourne le dos à la vie publique". Ces paroles d'un contributeur du "Forum catholique" ont donné corps à une intuition que j'ai eue dès le début du pontificat de Sa Sainteté benoît XVI (pape émérite, si vous voulez), intuition qui s'est confirmée selon les voies impénétrables de l'Imprévu de Dieu. Cette intuition était que ce pape aurait le charisme catéchétique. On n'a qu'à relire ses catéchèses d'histoire de l'Eglise au cours de ses audiences générales, lire sa catéchèse exégétique sur NSJC, lire encore ses encycliques sur les vertus théologales (il nous manque évidemment une encyclique sur la foi, mais "Porta fidei" ne peut-elle pas constituer une porte vers cette encyclique manquante?) pour voir que recatéchiser son Eglise aura été le charisme principal du grand théologien cardinal Joseph Ratzinger, devenu le pape benoît XVI. Comme j'étais assez déboussolé que le conclave ait élu un pape aussi âgé, je me disais: "son règne durera trois ans, comme la vie publique de NSJC." Eh non, il a duré sept ans, et le pape émérite aura comme pris soin de renoncer à sa charge avant que l'on célèbre le huitième anniversaire de son accès au souverain pontificat. Lorsque Jean-Paul II, nommant Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus et de la sainte face docteur de l'Eglise, à l'issue des JMJ de Paris en 1997, donna rendez-vous aux jeunes à Manille en l'an 2000, je me suis dit que, malgré son état de santé déjà déclinant, il avait reçu la Révélation du christ qu'il vivrait jusqu'en l'an 2000. Il a pu rédiger "tertio millenio adveniente", se rendre à ces JMJ, il a vécu cinq ans de plus, et aux dernières JMJ auxquelles il participa, il ne donna plus rendez-vous aux jeunes, il annonça simplement qu'elles auraient lieu à cologne. Faisons attention à une autre marque du pontificat de sa Sainteté benoît XVI: son dernier tweet "Mettez le christ au centre de votre vie". Tout au long de son pontificat, le message christocentrique aura été... central. Il n'est pas impossible qu'une large part de ses réserves à l'égard de Vatican II tiennent aussi à ce que ce concile soit plus éclésiocentrique que christocentrique. Comme le pontificats de Jean-Paul II et celui de Benoît XVI se complètent, on peut dire que le premier a été mariophanique, le second fut christocentrique. On a beaucoup dit que ce pape aura réconcilié l'eglise catholique avec l'orthodoxie. C'est vrai, mais Jean-Paul II lui aura préparé le terrain. Ce qui aura empêché les orthodoxes de se reconnaître dans ce pape tient à ses origines slaves. Benoît XVI a complété la réconciliation. Mais le christocentrisme de son approche est fait pour séduire les luthériens et rapprocher le terme d'une réconciliation plus profonde avec ceux-ci. Si l'on admet la centralité de cette dimension christocentrique du pontificat, cela permet de tirer deux autres conclusions: -La première est relative à la nouvelle évangélisation. Cette expression peut agacer, et elle agace dans toutes les sensibilités catholiques. Cependant, la "nouvelle évangélisation" pensée par Jean-Paul II était très proche de "la nouvelle Pentecôte" des charismatiques, dont l'avant-dernier pape partageait une grande part de la sensibilité et certaines formes de piété comme le rosaire, dont les charismatiques n'ont pas le monopole, bien qu'ils aient beaucoup contribué à relancer cette dévotion. Benoît XVI remettant l'accent sur le christocentrisme du Mystère éclésial, resitue la nouvelle évangélisation sur l'axe de la prédication, de la catéchèse, de la transmission kérigmatique et spirituelle. -La seconde conclusion nous amène à réinterpréter sa renonciation selon l'axe christocentrique, complété par le fait que ce pape aura voulu Imiter le Modèle de la Vie pubique du christ. Benoît XVI tient à dire qu'"il n'abandonne pas la croix"; mais comme il n'est pas le Christ, il ne juge pas nécessaire qu'on le voie sur la croix. Cette interprétation théologique de la décision de benoît XVI ne gomme pas, malheureusement, l'impact défavorable qu'elle aura sur le plan médiatique : une assimilation de cette renonciation, non seulement à la modernité, ce qui constitue à mes yeux un moindre mal, mais surtout à l'euthanasie : puisque le pape a voulu Partir Dans la Dignité, pourquoi empêcherait-il ceux qui le souhaitent de "mourir dans la dignité"? "Le canard enchaîné" s'est déjà engouffré dans ce type de brèches en titrant: "La renonciation de benoît XVI, fin de la Papauté Médicalement assistée". Sans parler du papier de raphaël enthoven dans "l'"express où ce philosophe, habitué aux jeux de mots, prétend qu'on ne peut pas approuver en même temps "Jean-Paul II, le pape missionnaire" et Benoît XVI, "le pape démissionnaire". Au-delà du jeu de mots, R. Enthoven pose une vraie question. Le pontificat de benoît XVI a été catéchétique et christocentrique. Sur quel point du Mystère de la Foi de l'Eglise mettra l'accent le prochain pontificat? Quelle réalité de ce Mystère nous donnera-t-il àvivre de plus près ?