Pages

jeudi 22 septembre 2011

Sur l'avenir tunisien

(Extrait du dialogue entre le Torrentiel et un croissant de lune, partie IV, chronique 26)

(Envoyé par le Croissant de lune, le 29 juin 2011 à 22h39)

Mon Torrentiel.


Je refais surface, ça fait un temps que je ne t'écris plus. En début juin, je suis allé passer une semaine à Bordeaux. De retour, une méchante crève m'a saisie, alors que, par ratrappage, mes journées étaient plus longues. Comme je m'obstinais en auto-médication, ça s'est prolongé, avec beaucoup de fatigue en prime, au point même que je fus contraint d'annuler un séminaire. J'en sors tout juste, j'avais alors commencé cette lettre, elle est restée en plan, depuis! Force et santé me sont revenues, je l'achève remaniée, le contenu reste pertinent, à peu près. Force m'est revenue, samedi matin, ma femme et moi,, nous avons bien éclairci et effeuillé notre figuier, afin que les nombreux fruits se trouvent bien exposés au soleil qui les fais mûrir. Si Dieu veut, nous mangerons des figues d'ici huit jours, je t'en envoies d'avance par la pensée! Comme on élague pour libérer le chemin des rayons du jour, ouvrons aussi nos esprits à la lumière, sans obstruction.


Je suis bien aise que tu arrives à la dernière main de ton livre d'aphorismes, il vaut d'être achevé! Tes développements m'ont plu chaque fois que j'en ai lus, comme ce quadrilataire de la pensée, ou encore cette histoire si pleine de fouccades, où il était question de l'écriture et des écritures! Ces textes plaisent et font du bien, par surcroît, tu dis avoir l'intuition de leur efficacité et pertinence. Comme de tes inaperçus, où tu crois découvrir des rapports plus ou moins mathématiques entre des faits et évènements qui ne seraient dispercés et cahotiques qu'en apparence, si j'entends bien tes voies. Puis-je te proposer un élément de ce genre? Tu l'auras peut-être lu une fois dans mes notes, je ne m'en souviens plus. Il s'agit en fait, de la notion de voie droite, laquelle est tout à la fois et en co-rellation, le chemin du croyant vers le salut, le devoir qu'ont les bêtes de labour, de creuser des sillons droits et de l'écriture de l'écolier faisant ses leçons. Il me semble que le poète Rimbaud, qu'on dit Islamisé, a fait usage de ce thème concernant les sillons de la bour. C'est une croyance populaire qui n'a de sens que dans un contexte de paysannerie illettrée et de scolarisation massive des enfants, contexte Tunisien par excellence, des années 60-70. Comme il est entendu qu'il faut suivre la voie droite, celle qui mène au salut, ou plus simplement à la réussite et à l'accomplissement, il est mal de zigzaguer, bon d'aller toujours droit dans le chemin régulier. Le laboureur conduit ses boeufs ou autres bêtes de trait de sorte que la charrue creuse un sillon bien droit et rectiligne, régulier de profondeur, non seulement pour l'avantage des semis et récoltes futures, mais aussi pour plaire à Dieu qui commande la voie droite. Le laboureur est lui-même responsable de cette rectitude, mais aussi les boeufs, et on croyait que les bêtes seraient elles-mêmes jugées et punies si, par vice, elles ne se tenaient pas dans cette voie. A la veillée, on voyait l'écolier écrire, ces gens simples se tenaient pour satisfaits, si l'enfant exécutait des lignes bien droites et lui en faisaient le compliment. Sous-entendu, l'enfant est certes croyant, mais non pas pleinement responsable, n'ayant pas encore tous les devoirs. Pour autant, il était de sa charge de tracer des lignes droites, non seulement pour leur contenu, chose que ces gens ne pouvaient vérifier, mais pour suivre la voie droite que Dieu prescrit. Sous-entendu, si l'enfant trace des mauvaises lignes tordues, ses parents s'en tiennent pour quittes, lui-même ayant à en répondre devant Dieu, comme aux labours, les bêtes qui font de mauvais sillons.

Il y a donc trois éléments en corrélation, le sillon des champs, les lignes d'écriture et la voie du croyant. Il y a aussi cette notion de partage des responsabilités et des punitions éventuelles, chacun n'étant redevable que de sa part. Ajoutes encore que ces éléments vont de la terre au ciel sans aucune rupture ou sésure: un esprit d'hollisme les embrasse de façon égale. Ainsi, la plus concrète matérialité et la spiritualité la moins tangible, tout est perçu par le Musulman comme unique, procédant de l'Unique. Aussi, jusqu'à un certain point, il est permis de percevoir, sans trop les distinguer, les réussites et accomplissements dans cette vie, qui, pourvu qu'on soit dans la voie droite, sont des reflets du salut promis au-delà de la mort. En ce sens, l'Islam est relativement compattible avec ce qu'on nomme progressisme. Est-ce intéressant pour toi? Si c'est le cas, tu trouveras bien quelque part, où caser cette voie droite dans tes écrits!


Fin mai, début juin, j'ai pris quelques jours de congé, pour aller chez mes vieux parents, à Bordeaux. Te dirais-je de leurs nouvelles? Leur santé est celle de leur âge. Ma mère est insulino-dépendante, deux pprises par jour, mon père ne se porte pas si mal, marche plutôt mieux, après une chirrurgie de genou, sors davantage, entend haut! Leur quotidien serait acceptable mais fragile, puisqu'à cet âge, tout ou presque dépend de la santé. Petits retraités sans reproche, l'aide-ménagère vient tous les deux jours, le temps chaud et sec leur permettait des promenades régulières, ils se rendent à un square public où se retrouvent des compères et commères, et ça palabre bien. Le temps se passe ainsi, et je suis sûr que, l'heure venue, ils seront trouvés admissibles au salut, n'ayant fait, de leur vie, aucun tort conséquent à quiconque. Font toujours leurs 5 prières, mon père rechigne, ma mère le secoue et le fait lever, faut dire que c'est contraignant. La piété Musulmane est plutôt féminine comme toute piété, contrairement à ce qu'on croit. Souvent la femme insiste et suplie son mari, que la pauvreté ou l'avarice arrête devant les frais du pèlerinage, elles sont plus assidues aux dévotions quotidiennes, plus donnantes et généreuses aux actions caritatives. Ainsi, un soir, sur la Jézira, un missionnaire Cohétien opérant en Afrique, disait préférer les dons modestes et réguliers des femmes, telles qu'infirmières, enseignantes et fonctionnaires de son pays, aux versements conséquents et démonstratifs de tels hommes fortunés! La femme est plus tendre que l'homme, disait-il, un peu comme votre Aragon qui voit en elle l'avenir. Vois ainsi, que vos grenouilles de bénitier ont bien leurs consoeurs sous d'autres climats!


Pendant ce séjour, je vis bien du monde et appris certaines choses. Mon beau-frère Basque, qui connaît bien l'Espagne, m'assure qu'il s'y déroule des évènements et faits, qui, prétend-il, ont bien des rapports avec les évolutions Arabes. Tout de même une différence, ai-je objecté, pas de tyran à renverser! Le gouvernement Espagnol n'est pas assez sot pour faire tirer sur la jeunesse. Ors, les phénomènes populaires, ont besoin de sacrifiés et martyres, le sang versé les fait croître en ampleur, force et courage. Pas de tyrannie en Espagne, voilà une différence. Or, mon beau-frère brode sur ce que l'ampleur et l'objet qui se propose est d'autant plus grand: pas de tyran, ce serait selon lui, toute l'élite qui serait contestée, avec la totalité du fonctionnement et gouvernance, y compris les alternances électorales! Quand on y pense, c'est bien vrai qu'il y a quelque chose d'usé dans cette démocratie qui prend un tour de plus en plus formel, n'accomplit plus les voeux des peuples, ne représente plus ses rêves! Or, les peuples ont besoin de rêve et d'inattendu. Par ailleurs, si des Européens se voient déconcertés à présent, devant l'ampleur des dettes contractées par leurs gouvernements élus ou par eux-mêmes, est-ce comparable comme enjeu à celui de nos peuples, dont l'ambition est de travailler sans être spoliés des fruits de leurs peines, de consommer en repos le produit de leur labeur?


J'appris, des gens qui vinrent nous voir, qu'il y a bien à Bordeaux, quelques clandestins Tunisiens qui survivent mal, dorment dehors. L'amicale des Tunisiens leur dispense des secours, on dit que certains qui s'y présentent sont affamés d'un jour, d'autres de deux, d'autres auraient jeûné trois jours! On fait pour eux des collectes, des dons pour les secours et plus encore il en faut pour qu'ils s'en retournent. Car, en effet, ne pas croire que le retour leur est gratuit! On raconte ainsi l'histoire d'un restaurateur, qui leur refuse la moindre chose, et en plus les fait apréhender. Résultat des courses, ils sont pris et relâchés au bout de peu de temps, la République Française escompte visiblement qu'ils soient chassés par les seuls effets de la misère. En passant, ça tranche singulièrement d'avec ce qu'ont dit les médias. Remarques bien qu'on n'en parle plus, je présume qu'il en arrive moins qu'avant, et que le récit des premiers venus aura fait école. Le plus remarquable pour moi, le plus réconfortant, c'est que le Tunisien est bien généreux et donnant, qu'il porte secours, qu'il n'est plus si dur et avare que moi-même je l'ai pu croire. C'est que la tyrannie, mécanique et brutale, comme les effroyables guerres injustes, nous auront fait nous méprendre sur nous-mêmes. Malgré tout, certains ont observé, en Tunisie et dans l'ensemble Arabe, lors de ces dernières années, une tendance morale apparentée au phénomène Bobo, bourgeoisie en moins. Des commentateurs ont parlé de compassion et d'empathie dans les révoltes Arabes. En effet, l'Arabe est saisi de pitié, du sort des autres et de lui-même. Je me permets de voire un parallèle entre le sort présent de ma Nation et ce qu'il en fut de la grande pitié du royaume de France, qui, en d'autres temps, a conduit la pucelle à ses oeuvres et son bûcher. Différence, c'est que notre Mohamed El-Bouhzizi, se livra au feu de lui-même, inconscient sans doute, des prolongements infinis de son acte.




Quelques échos de ma Tunisie verte. D'habitude, je ne prise pas nos chaînes télévisées, leurs variétés, leurs séries, aussi ennuyeuses que les feux de l'amour, et qu'aprécient fort mes parents. J'y ai découvert quand-même d'autres intérêts, un tableau qui mérite d'être rapporté. D'abord, la Tunisie est très féminine, je t'assure, autant que la France, au moins! Plus de femmes que d'hommes au petit écran, notament les spots publicitaires. Des programmes d'intérêt féminin et familial, c'est pas ce qui manque. Une psi s'étend en longueur sur l'autisme, sa prise-en-charge familiale et sociale, une heure au moins, en digne élève de Françoise Dolto. Une autre fois, il était question du trac aux examens, interminable. C'était avant le baccalauréat, puisque ma Tunisie lui a conservé ce nom, bref. Une lycéenne puis d'autres nous contaient leurs préparatifs, exposaient leurs états d'âmes les plus divers, fatigants. Il y eut tout de même quelqu'un pour faire observer, qu'une bonne alimentation abondante et variée, fait merveille et prépare bien aux épreuves. Enfin, le ton général est resté faussement bourgeois, sans consistance réelle, sans doute n'a-t-on pas eu encore le moyen d'adapter et changer les grilles des programmes. Précédemment, et ça semble se continuer, le ton était celui d'un dénit du réel, au moyen duquel on croyait opérer une relative diversion. La réalité jure avec ce ton lénifiant. Même au journal télévisé, le réel s'impose par lui-même. Tantôt, c'est un centre commercial pillé, un jour, ce fut la halle aux poissons de Nabel qu'on a incendiée, rien à voir avec Dolto. Comme il se passe des choses graves, je suis partisan d'un univers médiatique plus adapté aux questionnements du moment, sans quoi, le déni pourrait bien attiser la colère au lieu de l'atténuer!


En passant, avant que je n'oublie, il n'est que jusqu'aux médias de ma Tunisie verte, où on entend cette langue cahotique, impression désagréable d'un inconfort linguistique, non pas aussi grand qu'en Algérie, mais tout de même! Passe encore pour les lycéennes, qu'on leur pardonne si par moments, elles trébuchent et se rattrapent à des mots Français, insérés dans une trame Arabe maladroite. Soyons plus exigeants avec la psychologue, qui elle aussi trébuche dans un discours embarassé! Il est permis de douter du bon développement de ces disciplines et pratiques dans le pays. Entretien psychothérapique avec une pareille pouf, je n'y crois pas! Du reste, cette maladie atteint jusqu'aux plus hauts responsables, au point que notre aix-président, ne sut faire qu'un mauvais plagiat de Charles De Gaulle. Ses ministres et fonctionnaires étaient comme lui, tout aussi incultes et incapables. Ce n'est pas un petit défi à relever que de guérir ce stigmate évident du colonialisme et du suivisme, hélas! Il n'y a pourtant pas le choix! N'importe qui pourrait comparer les expériences de développement de ces pays classés dans le Tiers-Monde, lequel développement est en corrélation et en adéquation étroite avec la réappropriation des langues, et la lutte décidée et volontaire contre le suivisme, pente trop aisée à descendre. Ce défi est de grande importance, et je crois me souvenir que dans un précédent courrier, j'ai fait part de mes réserves envers les chances Chinoises d'atteindre le rôle et la place de première puissance, de restaurer et faire revivre l'empire du milieu, ceci en raison du fait que la Chine s'est cru contrainte d'importer un alphabet étranger, de renoncer au système d'idéogrames, certes peu accessibles aux grandes masses. Pour cette raison et pour d'autres, la Chine ne saurait, dans un délai visible, succéder en tant que puissance créatrice d'ordre et de modèles. La maîtrise de la langue et le retour à soi sont une condition majeure du développement. L'ennemi sioniste nous en apporte la preuve, lui qui a ressuscité l'Hébreu qu'on ne parlait plus. Cet état d'inconfort linguistique n'est certes pas nouveau, hélas. Or, il me semble qu'au temps de Bourguiba, notre premier raïs, la Langue était mieux parlée, on n'entendait pas des ministres et responsables aussi faibles de ce point de vue. Il y eut donc régression, parce que le tyran lui-même était inculte. C'est que les militaires et officiers, sont pour l'instant, généralement formés en langue Française, quand bien même leur formation et entraînement se déroule dans le pays. La venue de cet ignorant, devait avoir ce genre de suites fâcheuses. Ses discours étaient écrits, et papier en main, il commettait de nombreuses fautes! Bourguiba l'orateur, s'exprimait quant à lui, sans papier et de vive voix. On eut des discours parfois longs, bien rythmés, dans une langue Arabe haut sonnante, qui restait accessible et compréhensible, parce que, disait-on, il faisait effort pour se faire bien comprendre de tous! Les pauvres gens simples et admiratifs, disaient de lui, qu'il était tellement instruit, qu'il plaidait et en remontrait si bien à la France, qu'il a gagné l'indépendance avec sa langue! On en est loin avec son successeur, qui au fond, ne semblait se plaire que dans l'usage des parlers étrangers.

Or, cette affaire n'est nullement anodine, comme je l'exprimais plus haut. Pour produire du pain de farine, c'est d'abord l'Arabe qu'il faut parler! Je crois que le peuple Arabe de ma Tunisie verte est conscient de cet enjeu et des immenses tâches qui l'attendent dans ce domaine. Le tyran l'aura lassé de ses discours chétifs et malhabiles, comme tout son gouvernement, y compris le ministre de l'éducation, il aura vu les profonds ravages de l'acculturation de l'immigré, il n'aura pas manqué de saisir, qu'aucun suiviste n'émerge, et selon une parole qu'on atribue à Ghandhi, je suis comme un arbre ouvert à tous les vents, pourvu qu'ils ne me déracinent pas ! Les spécialistes dans ces domaines, s'accordent sur ce que le bon aprentissage et usage de langues étrangères se fortifie d'une bonne maîtrise des langues originelles. Or, l'Arabe est la plus belle des langues, dut être la première qui eut une ortographe et une grammaire solide et fixée. Elle serait le parler de la nature même, le poète dit que la terre parle l'Arabe et dit Allah!


Que j'insiste sur la féminité de nos médias. Tant de femmes, de filles, où est donc le garçon Arabe, ce gavroche, ce sauvageon, objet de toutes les accusations? N'est-ce pas lui qui tint bon contre la flicaille? Que fait-on de lui? On l'évacue par la conscription qu'on réactive. Bien sûr, il ne s'agit pas pour l'instant de reconstruire notre chétive armée, on utilise seulement les casernes et structures comme ateliers d'aprentissage tous azimuts. Mais vraiments, le spot de propagande prévu à cet effet, a quelque chose de révoltant. Dans une usine, un jeune ouvrier reste planté là, devant une machine qui vient de s'arrêter! Il répond bêtement au chef que la machine ne veut plus. Expédié, il raconte sa mésaventure à sa fiancée, qui lui prêche la bonne parole de s'en aller au service. Le benêt, docile, ne la gifle pas! Du diable si Rodomont eût souffert pareille impertinence! Ah, Rodomont, fier cavalier, d'un temps où les femmes admiraient les hommes, nous voilà arrivés en un temps, où c'est bien elles qui font la loi!

Sérieux, on a bien cette impression presque physique de l'omniprésence de l'élément féminin. En cela, rien n'a changé envers ce qui prévalait auparavant. Pis encore, il s'en faudrait de peu qu'on n'atribue la victoire aux femmes! Sans blague, ça ne ressors plus du féminisme tel qu'on l'entend en France, du moins. Il s'agirait bien plutôt d'une espèce de sexisme à l'envers, qui n'est nullement progressiste mais plus ou moins bourgeois et citadin. On valorise la jeune fille et non la mère, la femme des villes plutôt que la rurale, l'intello plutôt que la manoeuvrière. En fait, c'est un féminisme qui n'a rien de profondément populaire, qui sent l'artifice, l'imitation, suggère plus la soumission et la castration que l'aptitude aux luttes. Puisque tout de même, il faut bien se souvenir que les initiatives révolutionnaires, les menées subversives, sont viriles et masculines, à n'en pas douter! Or, non seulement la femme est présente, mais je croirai même que le phénomène s'est accentué, dans nos médias, depuis le 14 janvier! Persistance voire agravation de ce qui précédait. Je forme le voeu qu'on y remédie par un plus grand équilibre, sans quoi, la cause féminine authentique, pourrait en soufrir un jour, en vertu de la règle des développements historiques avec leurs antithèses et leurs renversements. Ma Tunisie verte sera toujours assez femme, sans qu'il y ait besoin d'en rajouter. Je dois ajouter que nos femmes et filles ont tout de même gagné le droit de porter librement toutes les sortes de voile qu'elles veulent, même sur photos d'identité, ce qui est discutable. J'ajoute aussi qu'après tout, mettre à profit les structures militaires pour relever le niveau manuel et technique de nos jeunes désoeuvrés, si le programme est bien ficelé, pourquoi pas? Si Dieu veut, il en sortira une nouvelle main d'oeuvre industrielle, disponible, pourvu que les capitaux nous viennent et que les usines s'ouvrent!


Concernant ce féminisme mal placé, apprends, Torrentiel, qu'une circonstance particulière a justement précédé l'autodafé de Mohamed. Saches d'abord, Torrentiel, que le pauvre jeune homme ne fut pas diplômé, mais plutôt qu'il sacrifia ses études, étant orphelin de père, pour soutenir sa mère et les siens. Vendeur à la sauvette, sa pauvre marchandise, sa charette et sa balance, lui étaient souvent confisquées, s'il ne pouvait s'acquitter de l'amende. Or, à force, il advint que là, il n'en pouvait plus, étant au-dessous de zéro, et devant de l'argent à d'autres. Après la confisquation, le 17 décembre, il s'en alla à la préfecture, tâcher d'obtenir un délai, pour se mettre en règle et s'acheter un permis de vente. Il eut beau faire, la flicaille se moque de lui. Une femme flic, oui, Torrentiel, une femme le gifle et lui crache au visage. Il menace de se fouttre au feu, on s'en moque, et on brise sa balance et sa brouette par surcroît. Voilà quelques précisions qu'on m'apprit sur le drame. Mon intuition m'inspire que sans l'arrogance et l'offense de cette fliquesse, Mohamed n'eût peut-être pas formé le projet de sa mise à mort. Tout au moins, la violence de l'outrage, l'intensité cuisante de l'humiliation, durent le contraindre à tenir sans faille dans son projet. C'est une forme de féminisme violent, une violente acculturation, votre féminisme et suprématisme Occidental qui sont cause de son acte. Votre féminisme largement anti-Arabe, nous fut imposé sottement et sans discernement, comme un corps étranger. Quand j'entends les poufs de France-Culture et beaucoup d'autres, je ressens, je t'assures, une impression d'hostilité physique, comme la négation de ma personne. C'est bien ta France et son empreinte toxique, son féminisme bourgeois, son hostilité à l'Arabe, qui est cause du drame. J'ose le dire, vous avez brûlé Mohamed! Si tu veux être un homme juste, Torrentiel, vois dans le garçon Arabe un être soufrant et calomnié, et ne l'accable pas sans raisons de reproches convenus, tellement convenus qu'ils sont généralement faux! Que se développe donc un nouveau féminisme, Arabe et authentique, comme la chose semble se dessiner en Turquie, voire même en France et autres lieux. Qu'émergent des mouvements féminins authentiques qui opposeraient leur vigueur aux catégories et problématiques importées d'au-delà des mers et imposées en corps étrangers invasifs. De ces jeunes filles qui revendiquent le libre port du voile, qu'elles afrontent donc les mouvements classiques et désuets, qu'elles l'emportent sur celles-ci dans la bataille du verbe, qui comme tu le sais, est bien la mère des batailles! Une policière voilée eût fait droit aux supliques de Mohamed et ne l'eut pas giflée! Une féministe voilée revendique un état de profonde égalité, mais se place dans l'harmonie entre les sexes, non pas dans une situation de guerre sexiste. Pareille fille ne gifle pas son frère, puisqu'on admettra tout de même, que l'être viril, ne peut impunément, et sans dommages graves à son équilibre intérieur, se laisser bafouer à ce point dans sa fierté! La virilité relève en effet de la fierté, ne doit pas être moquée et aplanie de la sorte. Sans cette harmonie, vois comme sont populaires les revendications de mariage gay dans les pays où la virilité n'est plus une valeur! C'en est au point, qu'on s'imagine qu'ils sont plus nombreux qu'on ne l'assure. Si la virilité n'est plus une valeur, alors qu'elle est un effort, une lutte, à quoi bon s'y maintenir? Tariq Ramadan enseigne que l'homme et la femme doivent être comme l'horizon des espérances l'un de l'autre. Ils existent et se soulignent l'un par l'autre, une certaine âpreté virile souligne la douceur féminine. La crise de la virilité absente et dépréciée dans les discours, provoque nécessairement une crise de la féminité elle-même, et vice-versat! On arrive ainsi à une situation d'indifférence générale endémique, exact corolaire du non-sens, mal de l'Occident! Je prétends que la virilité n'existe pas sans un peu d'admiration, la beauté féminine non plus sans l'hommage masculin. Il faudra un jour oser assumer cette occurrence Coranique selon laquelle les hommes l'emportent sur les femmes, ou dépassent les femmes. Il faut entendre cette occurrence comme un constat et non comme un voeu, et si la douceur est l'atribut féminin par excellence, tandisque la force est plutôt masculine, on conviendra que la force l'emporte sur la douceur, attendu que la douceur capte la force, la canalise, la rend protectrice. Un féminisme Musulman devrait donc revendiquer l'égalité en dignité en droits et en devoirs devant la loi, et non une égalité de fait, puisque l'égalité de fait signifie l'identité, chose impossible au demeurant. Notre féminisme devra lutter pour l'égalité de droit, sans autre prétention, puisque le fait et la nature ne dépendent pas totalement de nos voeux et volontés. Je me souviens de t'avoir promis tout un développement sur ces thèmes!


Que je reprenne sur le tableau Tunisien. J'aimerais qu'au moins, nos médias rendent compte des faits, et sur le ton de juste gravité qu'ils requierrent, un ton plus mâle et vieril, par conséquent. En effet, ma Tunisie verte n'est pas en repos, loin de là, pas la patience de s'occuper d'enfants autistes. Un état d'insécurité où se conjugue deux éléments: d'une part, une augmentation des délinquances ordinaires que favorise l'affaiblissement de la police, et d'autre part, l'action de sabotteurs à but politique, stipendiés ou mécontents du nouvel ordre des choses, comme en témoigne l'incendie sans intérêt lucratif, d'une halle aux poissons. En fait, ces deux phénomènes se conjoignent, puisque les sabotteurs, seraient probablement des éléments de la police, qui connaissent fort bien les voyous, et ont le moyen de les faire agir. Les gens sont contraints à une veille et vigilance permanente, intenable à long terme. Nombreux sont les vols et dégâts, des maisons et véhicules, les assurances ne marchent pas ou mal. Les agressions sont nombreuses aussi, on parle de meurtres et d'enlèvements. L'un de nos proches, se trouvant avec sa femme et ses deux filles, fut attaqué par une bande qui lui fit choisir entre céder son véhicule ou le rapt de sa famille. Ces nouvelles colportées des uns aux autres, propagent la terreur. On s'arme comme on peut, armes blanches, lacrimogène, pistolets électriques pour ceux qui peuvent s'en ofrir, et en même temps, on sort moins, on consomme moins, d'où un notable ralentissement d'activité. On ne sait quoi penser, on accuse les cadres de l'intérieur, de retenir volontairement l'action policière dans le but de créer une demande sécuritaire, voire une revendication du retour à l'état des choses antérieures. Il y aurait eu quelques défilés de lâches, qui dans leurs slogans réclament le retour du tyran! Comme j'exposais ces éléments d'éventuel complot ourdi par le ministère de l'intérieur, mon beaufrère Basque, qui se nomme Frank, s'interroge, pourquoi n'y a-t-il pas de purge? Que veux-tu que nous fassions, lui dis-je, si tu fais une purge, il faut pas emprunter au G-8, alors. C'est bien une révolution sous contrôle dont il s'agit, croyait-on autre chose? Si tu es assez fort et souverain, tu peux faire ce que tu veux chez toi, purger ton armée et ta police, mais en Tunisie, la réalité concrète objective actuelle, ne permets pas ces grandes choses. Hazmi Bchara t'aprendras, lui dis-je, pédant, que la démocratie, c'est le multi-colore! Il me fait observer à juste titre, que non seulement il n'y a pas de purges, mais que visiblement les mercenaires continuent d'agir, jouissant d'une relative impunité. Il observe que le Tunisien n'a rien de revanchard, pas de scènes de vengeance populaires, tandis que les adversaires seuls, exercent la violence. Je lui réponds qu'en effet, l'homme Arabe n'est pas violent ni rancunier, plutôt pardonnant et oublieux des offenses. La victoire d'un jour lui suffit, il a peut-être tort!


Nous partageâmes un excellent plat de pâtes très relevées, qu'a préparé ma soeur aînée. Quand nous eûmes satisfait la soif et la faim, mon beauf, me livre ses impressions sur la vaste Lybie. Il est admiratif, tiens-toi bien, envers le courage des phalanges Kadafiennes, en quoi je lui donne raison. l'héroïsme se partage désormais entre les deux camp, c'était prévisible. Les phalanges, on ne peut plus les présenter comme de vulgaires mercenaires, à présent, plus personne ne le croit. Hazmi Bchara répétait qu'en dépit de tout, le dernier mot reviendra au peuple Lybien. Depuis un certain temps il ne se montre plus sur la Jézira, certainement sa cotte a baissé, avec son multi-colore et tout ce qui s'en suit. Les peuples seront victorieux disait-il, et même une fois, il s'est fendu de considérations selon lesquelles, d'ici 5 ans, la balance commerciale égyptienne serait clairement exportatrice envers l'Amérique, que nous envahirions de nos produits! Faut vraiment qu'il se taise ou qu'on l'étrangle! Certes, je réponds à mon beaufrère que l'ingérance a rendu de la légitimité aux phalanges en Lybie, que probablement des volontaires s'y joignent, tandisque les combattants insurgés seraient moins nombreux et moins hardis. Il en ait tout de même qui croient limiter l'inconvénient politique de l'ingérance, si on parvient à créer une force armée insurgée respectable, qui serait perçue comme partenaire. Personellement, j'en doute, c'est ce que prétend Hazmi Bchara et ses amis de ce conseil transitoire. Comme on leur refuse des armes, ils en produisent eux-mêmes. On peut saluer d'un bon coup de chapeau, qu'ils aient si vite bidouillé et bricolé une production de missiles et même d'anti-chars, ce qui est plus ardu. Toutefois, ça ne semble pas se traduire sur le terrain pour l'instant. Les succès, les progrès ne leur viennent que par la bienveillance tutélaire et conditionelle des puissances, et rien d'autre pour le moment. Nous verrons pour la Lybie. Je fais observer en revanche, que l'activité des résistances Irakienne et Afghane semble bien s'accroître, en corrélation avec le nouvel état d'esprit. Le dit printemps Arabe stimule et amplifie, selon moi, les phénomènes de résistances. Ceci vient contredire ceux qui voudraient voire une moins grande vigilance sur la reconquête des souverainetés, qui serait, paraît-il, opposées aux revendications qui concernent l'individu! C'est ce que l'Occident voudrait voire, ce qu'il prononce vainement pour le faire exister. Au demeurant, il n'est pas certain que le callendrier des redéploiements et retraits militaires se fasse la tête haute! Depuis qu'en Irak, les forces Américaines se sont fortifiées et casernées loin des villes, on pouvait croire que les résistants ne pourraient plus guère les atteindre. Or, c'est vraiment extraordinaire, ils ont développé des missiles sérieux, précis à longue portée, à forte charge, qui font des pertes sensibles d'hommes et matériel, jusques à l'intérieur et dans les bases mêmes! Cette évolution qualitative force l'admiration. Comment ce peuple de héros, acteur de prodiges, peut-il nuitament, sécréter une industrie aussi solide, dans un espace aussi quadrillé et surveillé? Quant aux insurgés Lybiens, que les puissances tentent de maintenir à un niveau d'armement relativement bas, de crainte dit-on des disséminations, ils ne peuvent empêcher les migrations même saltatoires des connaissances et savoirs-faires, actuellement en cours. Le nouvel état d'esprit, suscite chez les peuples qui gémissent sous la herse étrangère, un surcroît d'activisme résistanciel, surtout après qu'ils ont expérimenté en vain, l'usage de manifestations et mouvements de rue, au prix de sacrifices et de sang. Ces mouvements et groupements, comme à Bagdad, se poursuivent d'un vendre di à l'autre, à titre démonstratif, sans grand espoir, semble-t-il. Il était écrit qu'il en serait ainsi. L'échappatoire est donc un surcroît de résistance. Ces éléments disconviennent totalement aux hypothèses d'un complot général et d'une mainmise complète des puissances sur nos mouvements et nos luttes. L'histoire n'est pas un complot ...


Je dis à Frank, qu'on parle trop d'un printemps Arabe, mieux vaut parler d'hiver. Nos révoltes et mouvements se font toujours l'hiver, nous verrons bien si l'été infernal, ne replongera pas l'Arabe dans sa torpeur léthargique. Pas moyen de défiler quand la chaleur est excessive, autant que je sache. Quant à la Syrie, je l'avertis d'avoir à se défier des rumeurs selon lesquelles, la république Islamique d'Iran enverrait des forces au secours de Dammas. C'est que ces rumeurs sonnent exactement comme une propagande préparatoire à d'éventuelles ingérances! Participations d'éléments du Hizb-Allah Libanais à la répression des mutins, j'suis très réservé. Si le Hizb fait ça, il perdrait par là même son ora de résistant, qui est une part importante de sa force militaire. Que d'incertitudes, que de complots! Puis Frank redémarre sur l'Espagne, il est intarissable. Plus tard, en prenant le thé, j'énonces que cette année 2011, est décidément riche d'évènements. Quelqu'un fait observer que nous ne serions qu'à dix ans seulement de la fin de l'état Sioniste. Dix ans, c'est trop long, ai-je dit! Puis on n'aprofondit pas la chose. Je crois savoir qu'il existe dans l'univers Arabo-Musulman, des équivalents du phénomène Nostradamus, avec des prophéties dattées et chiffrées! D'après ce que j'ai cru comprendre, d'autres fois, le Mahdi serait déjà né en 2009 et n'attendra pas l'âge mûr pour se mettre à l'oeuvre. Puisse-t-il donc se hâter! J'ignore le fond de ces éléments, en revanche il me semble bien que nous vivons un temps spécial et singulier, ou comme tu l'envisages toi-même, l'histoire s'accélère. Savoir.


Retour à la Tunisie. Si l'insécurité est préoccupante dans les villes, le tableau est bien le même, dans les campagnes. Sache, Torrentiel, que cette année, tandis que la France s'attend à une baisse conséquente des récoltes des céréales et fourrages, au contraire, des pluies bienfaisantes, promettent en Tunisie, une moisson records. Ce serait une chance, une récompense divine pourrait-on dire. Quand se déverse la pluie clémente, la Verte chante et versifie, dit le poète. Hélas, les milices de sabotteurs ont menacés de brûler les champs, ou d'incendier les cylôts et réserves dans les entrepôts. De ce fait, les fellahs, comme s'il ne suffisait pas du travail du jour, sont-ils contraints d'organiser des rondes nocturnes à tour de rôle. Ces malfaiteurs, on les nomme très improprement fellagas, ailleurs ils se nomment baltagas. C'est que les fellagas, au sens propre du mot, "ceux qui brisent", étaient en d'autres temps des bandits justes, sorte de Robins des bois, qui tenaient les montagnes, dépouillaient les notables, tendaient des embuscades aux Askris de France et leur faisaient connaître le fer et le feu. Les sabotteurs du temps présent, en revanche, n'ont rien des résistants, ils obstruent au contraire, le chemin de la liberté. Le même phénomène se déroule en égypte, dans de plus grandes proportions. Je sais moi, que si d'aventure, des incendiaires vrûlaient nos champs, une révolte des fellahs laisserait peu de chance à un gouvernement transitoire qui veut faire vivre la démocratie à la petite semaine et nous sert des pouf de psychologues à la télé! Cet esprit socio-bourgeois existe en Tunisie, hélas, sans les moyens qui vont avec. Les socio-bourges de France ont au moins le R-S-A, rien de pareil en Tunisie. On a bien distribué quelques aides ponctuelles et sporadiques, rien de régulier, alors que l'activité se contracte en raison précisément , de l'insécurité.

J'aurais bien une sollution: le recours aux volontaires. En effet, notre doctrine le prévoit, le permet. En effet, l'Islam est la sollution. Or, il est écrit, semble-t-il, qu'on doive se fuir soi-même, ne pas s'habiter complètement. Une souveraineté chétive ne permet pas ce genre de recours. Pourtant, l'Amérique elle-même, recourut dans les années 90, à des volontaires Musulmans, qui firent merveille au détriment des mafieux et dealers de New-York.


Loin de se réhabiter, la Tunisie tend la sébille au G-8 pour n'avoir que 1,4 milliards de prêt, j'ignore à quel taux. Tu parles d'un plan Marchal! S'agit plutôt d'un plan d'endiguement, le bailleur ne prête qu'au compte-gouttes, ce qui permet d'imposer, en plus des intérêts financiers, un prix politique, à n'en pas douter! De prime abord, la révolution ou la révolte ne nous rend pas plus indépendants et souverains, tout au contraire. Où est la Tunisie, dans le monde? Pour l'heure, il n'y a qu'une place possible. La Tunisie, comme le reconnaissent tous les analystes, est dans le voisinage de l'Europe, dans l'espace Euro-Méditerranéen.

Certains qui se croient subtils, allèguent qu'on pourrait mieux plaider notre cause au G-8 ou d'autres instances, en faisant entendre que nous pourrions changer de camp. Quel autre camp? L'allégation prouve d'elle-même que le choix n'existe pas. Pour l'heure, nous restons bien là où nous sommes, étant trop chétifs pour soutenir une souveraineté complète. Pareille chose ne peut s'envisager que dans des cadres plus grands qui restent à créer. En fait, la Nation seule, si elle recouvre la force par l'unité de ses membres, la Nation seule est en mesure de vivre une souveraineté sans entrave d'aucune sorte. Quoi qu'il en ait, le Tunisien, reste, pour un temps indéterminé, la périphérie d'un autre, sa banlieue, son bon élève. Sa liberté, n'est recouvrée que partiellement à l'intérieur du précaret, mais la patrie reste contrainte et asservie. Mettons qu'il soit aussi libre qu'un poisson rouge dans un bassin, lequel n'est pas libre tout à fait. On parle de l'exemple Turc, ça se discute. Nous n'avons pas la masse de la Turquie et comme elle une armée d'importance. Renverser les tyrans n'est que le premier pas d'une longue marche, mais la tyrannie n'est pas que dans les gouvernants. Abattre la Tyrannie signifie se relever au point d'abaisser les puissances. C'est l'oeuvre de la Nation entière, non pas de la chétive Tunisie. Pourtant, toute augmentation de force, toute liberté, toute prospérité Tunisienne, contribuera à cette oeuvre immense et générale. Connaissant ses limites, le Tunisien entreprendra les transformations intérieures qui sont dans ses cordes, bénies soient ses oeuvres. Si Dieu a fait de lui un être doux et avenant, ce doit être pour plaider, pour entendre et servir d'intermédiaire, de trait d'union si on veut parler comme France-Culture. Sans doute, cet élément diplômatique jouera-t-il un rôle comme tout élément dans la grande émergeance de la Nation. Que la Tunisie fasse sa modeste part, et qu'elle se tienne prête quand arriveront d'autres grands jours. La Tunisie vient d'allumer une flamme, elle fut l'avant-gardiste d'un jour. Pour l'heure, son inscription économique est dans l'euro-méditerranéen, son inscription politique profonde est de suivre l'égypte longue, de lui emboîter le pas. Or, on voit bien que l'égypte commence à montrer quelques signes de souveraineté! Ces nouveaux gouvernants ont saisi qu'on ne peut plus contraindre le peuple contre son gré. Ainsi, l'égypte vient de renoncer à un prêt du F-M-I, aux conditions trop douloureuses, fabriqué et monté sous la direction de votre Sioniste lubrique. En d'autres temps, les gouvernants imposaient aux peuples les conditions toxiques des emprunts consentis par cet organisme.


Terrible problème économique, or, le tyran nous a pillé de 17 milliards, estiment les spécialistes. Il se trouve en Arabie, qui ce jour même, vient d'en hospitaliser un autre. Le pays de la Mecque est devenu le protecteur des tyrans et malfaiteurs! Ne serait-il pas dans les cordes de l'Arabie, de faire parler le tyran et ses aides, afin que nous puissions décapiter leurs bandes de mercenaires et traficants?

Combien de fois l'Arabie aura agi et comploté contre la Nation, qui pourtant, lui reste fidèle sans mesure. La Tunisie n'ose pas insister dans ses demandes d'extradition que l'Arabie ignore et méprise. Pour des raisons économiques évidentes, mais aussi psychologiques, nous ne pouvons nous dresser face aux pays des terres saintes, devenu à présent le protecteur des assassins! Comment sera la prochaine saison de grande affluence des pèlerins? Ne se passe-t-il rien dès à présent? Savoir. Il semble certain que sans la presqu'île, les changements Arabes restent fondamentalement fragiles voire réversibles.


Certains ont dit que la liberté d'expression n'est que formelle, qu'on peut dire du mal du gouvernement transitoire sans recevoir la matraque, mais qu'à part ça, aucun nouveau quotidien ou titre de presse écrite n'aurait vu le jour depuis le 14 janvier! Pis encore, la presse écrite du régime ancien s'est maintenue, ayant le monopole des annonceurs et de l'information basique, logement, emploi, etc. Il faut bien reconnaître que nos chaînes télévisées ne reflètent pas un état d'esprit révolutionnaire. En cherchant bien, il y a tout de même un peu de nouveau dans nos médias. J'eus droit à un débat de haut niveau entre économistes, autour de l'emprunt dérisoire du G-8 et d'autres perspectives. J'appris à cette occasion, que nous n'avons pas tant que ça, des diplômés, seulement le tyran faisait une politique de chiffre, distribuait des brevets inefficaces, par démagogie! Une fois aussi, un sheik s'est répandu en longueurs sur le concept de laïcité qui peut être ouverte ou fermée. Bon, mais j'avais déjà entendu des sheiks Libanais qui récusent cette catégorie de laïcité et lui substituent la notion de civilité. Bref, histoire de langage. Saches que la femme a bien gagné le droit de se couvrir à sa guise de tout voile, court ou long, en tous lieux, à sa convenance, et que même si elle insiste, on n'exigera pas son dévoilement sur les photos d'identité!

Une autre fois, j'eus droit à un Marxiste, un vrai, prisonnier des années 80, opposant de longue date. J'ai gobé son nom, bien dommage, il va compter dans les temps à venir! Comme la Tunisie compte désormais 72 partis et formations politiques, il est tout de même question qu'elles se groupent par cohalitions. Ce Marxiste authentique, veut regrouper une cohalition de Gauche.

Envers l'Islam politique, d'après la terminologie de Hazmi Bchara, ce militant de vieille datte, conte ses rapports avec tels militants Islamistes qu'il a côtoyé dans les luttes et les prisons. Il tient qu'envers le mouvement de l'Islam politique, il faut envisager deux dimensions différentes. La première est le face-à-face, le débat intellectuel profond, sans concession, débat rigoureux, dont il n'est pas nécessaire d'attendre comme résultat que les débatteurs s'accordent. Ils peuvent constater les désaccords, les préciser, les travailler, faire vivre une authentique altérité.

Sur un autre plan, dans la pratique politique, l'Islamiste et le Marxiste ne peuvent généralement que s'accorder, sauf exceptions plutôt rares, en définitive. Donc, il y aurait une juxtaposition d'un débat dialectique profond, sans obligation d'accord, et une pratique politique possible où l'accord serait fréquent. A écouter cet homme, je crois entrevoir ce que sera le futur gouvernement de ma Tunisie verte.


Prévues pour juillet, les élections législatives sont reportées en octobre, le 16 pour le premier tour. Bien tombé, c'est mon anniversaire. Ce report est lié à l'insécurité présente, mais aussi, sans doute, à l'impréparation des formations politiques. Quand Hazmi Bchara nous répète que la démocratie n'est pas le passage du blanc au noir, mais de l'uni-colore au multi-colore, il oublie tout de même que dans n'importe quel paysage ou tableau, certaines teintes et couleurs l'emportent sur d'autres. Qu'on envisage la France, les couleurs dominantes y furent d'une part une droite Gaullo-Chrétienne et de l'autre le Parti Communiste. Il y eut donc des partis fondateurs et tutteurs de la démocratie Française. On pourrait presque parler d'un parti Gaullo-Communiste. J'entrevois pour ma Tunisie, l'érection d'un gouvernement d'union, appelé par les circonstances exceptionnelles. Dans ce gouvernement, les deux teintes prédominantes, ce serait l'Islam et le Marxisme. Je présume que le mouvement Nahda n'aura pas de peine à conquérir des sièges, une existence respectable dont l'ampleur n'est pas prévisible. Les communistes en revanche, auront plus de peine, mais pas tout à fait exclu, il y a une existence traditionnelle dans le Sud qui pourrait leur valoir quelques élus. Les deux pôles ne seraient pas d'égale représentation, mais ils auront besoin de se sustenter l'un l'autre. Ceci parce qu'un bon gouvernement, selon moi, doit être sous la plus grande influence possible d'hommes porteurs et habités de vraies doctrines. C'est qu'en définitive, l'altérité et le face-à-face, font partie de la vie de la Nation dès nos origines. Notre prophète et les croyants débattaient sans cesse avec les gens du Livre de Médine. Le débat, je l'envisage comme probateur, il fortifie la doctrine et l'aprofondit dans l'esprit de ses adhérents. En Tunisie, contrairement à l'égypte, nous n'avons pas des Chrétiens en nombre. Par défaut, les Marxistes nous serviront de vis-à-vis.

A ce sujet, aprends, Torrentiel, que dans l'égypte longue, comme les frères ont créé leur formation, dénommée "Justice égalité", des Coptes ont fondé le parti de la Dignité. Voilà qu'ils monopolisent la dignité, à présent, ... Savoir le nombre d'élus que cette dignité leur vaudra. C'est qu'un certain nombre de Coptes, hormis ceux qui, obéissant au patriarcat, tenaient pour le parti national, avaient pris l'usage de votter pour le Wathd, ou parti de la Délégation, et qu'un votte Copte significatif, s'était porté, a-t-on observé, sur la liste des Frères en 2005. Je forme le voeu que le votte Copte se concentre sur la Dignité, sans quoi, ils auraient peu d'élus. C'est que leur nombre réel ne serait que de 6 % et non de 13 comme ils le prétendent. Il serait agréable pour l'esprit, de voire exister un face-à-face intellectuel à couteau tiré, et simultanément une co-gouvernance, au sein d'une Union Nationale égyptienne. Gouvernements d'union dans les deux cas, avec des binomes fondateurs, voilà comment j'entrevois l'avenir politique proche dans nos deux pays. Il n'est pas nécessaire, dans cette perspective, que ces formations totalisent la majorité des élus, on conjecturent beaucoup de choses, et on prétend à tort, selon moi, que l'Islam politique n'enregistrerait qu'un relatif soutien. Je présume le contraire. Quoi qu'il arrive, même minoritaires, ces formations resteraient les binomes fondateurs, puisque l'homme porteur de doctrine l'emporte toujours en influence sur la masse des incertains.


Victoire totale ou relative de l'Islam politique, assorti de l'existence chétive mais significative de partenaires-adversaires, voilà la trame, selon moi, des dynamiques politiques dans ces pays du renouveau. Le multi-partisme aurait ainsi du sens, de la tension, de la vie, au lieu que le multi-colore, c'est l'incolore dans l'absolu mathématique. La Tunisie serait verte et un peu rouge, juste un peu, en égypte, la croix validerait le croissant. Avec le meilleur des communistes ou des Chrétiens, pourvu qu'on sélectionne bien, le Musulman peut s'unir et communier, partageant avec eux, l'amour de la patrie, le souci de la souveraineté, et tenant comme eux, pour la force des doctrines, qui donnent le sens et le goût de vivre. Le multicolore, c'est l'incolore, couleur politique du non-sens. Pour l'heure, la France semble s'aprocher de cet état, sa vie politique étant sans véritable tension, sans flamme ni sens. L'incolore est la couleur du non-sens, il peut résulter d'une situation multicolore, si aucune teinte ou couleur ne domine et ne sert de fond.


Croissant de lune.

La légende des sept dormants

Devant la querelle qui a eu lieu, cet été, à propos du pèlerinage islamo-chrétien à vieux-Marché, en bretagne, auquel s'est joint le cardinal Barbarin, l'idée m'est venue de relire cette légende et de contribuer, en la retranscrivant, à la diffuser plus largement en ligne.


Cette légende prolonge de façon étonante, à la fois le livre des Machabées, et le mythe de la caverne de Platon. Légende ou réalité? En voici tout d'abord la lecture chrétienne.


La seconde vie des sept dormants

(Texte de Jules Lemaître:
( Source: http://pages.infinit.net/biblisem/contes/lemaisvd.htm )


C'était sept chrétiens d'Ephèse qui s'appelaient Maximien, Malchus, Marcien, Denis, Jean, Sérapion et Constantin. Murés vivants, au temps de l'empereur Dèce, dans une caverne du mont Célion, ils s'y étaient endormis par la volonté du Seigneur.



Or la trentième année du règne de Théodose, des maçons, ayant besoin de pierres, avaient ouvert la caverne; et les sept dormants s'étaient
réveillés, croyant n'avoir dormi qu'une seule nuit. Mais on leur fit
connaître qu'ils avaient dormi deux cents ans et que, durant leur sommeil, la religion chrétienne avait remplacé dans tout l'empire le culte des faux dieux.



Une procession vint chercher dans leur antre les sept dormants réveillés, pour les conduire à Ephèse. Après deux siècle de sommeil, ils avaient le teint fort reposé et des visages frais comme des roses. Et leur esprit avait gardé la même fleur de jeunesse.
Tandis qu'ils descendaient les sentiers de la montagne, ils tâchaient de se
figurer ce qu'ils allaient voir.



Ils avaient laissé l'Eglise petite encore et persécutée, mais
resplandissante des plus saintes vertus. Les chrétiens, alors pratiquaient la justice, la pauvreté, l'humilité, la charité, la chasteté. Maintenant que l'église était victorieuse et que l'empereur lui-même n'était que le premier des fidèles, le monde entier pratiquait sans doute ces vertus; et ce devait être un spectacle délicieux.



Ils s'imaginaient une immense socièté de frères s'entraidant et mettant leurs biens en commun; sobre, doux et purs, et animés d'une gaieté innocente; répandus dans des maisonnettes sous de beaux ombrages et chantant des cantiques du matin au soir; plus d'armée, de magistrat ni de police; bref, une ébauche terrestre du royaume de Dieu.



Ils entrèrent dans Ephèse par la porte principale, qui était surmonté d'une croix, gibet d'ignominie devenu signe d'honneur. Ils se réjouirent du son des cloches; ils virent avec satisfaction le nombre et la grandeur des églises, les boutiques où l'on vendait des crucifix et des images saintes, les inscriptions pieuses qui consacraient les édifices publics, et tout ce
qui attestait le règne assuré de la religion nouvelle, de la foi pour
laquelle ils avaient souffert deux siècle auparavant. ::



Mais aveuglés par l'éclat de la fête, assourdis par les acclamations, ils ne remarquèrent pas tout d'abord que, dans le moment où les femmes richement parées leur jetaient des fleurs du haut des galeries de leurs palais, des policiers repoussaient durement la foule des petites gens qui voulaient toucher les vêtements des septs triomphateurs ingénus.



On les mena dans les plus riche église d'Ephèse. On les installa dans des fauteuils dorés, devant l'autel. L'êvêque, étincelant d'or et de pierreries, célébra leur sainteté. Il expliqua qu'ils avaient été, dans les mains de dieu, les instruments d'un grand dessein. Car, des hérétiques s'étant élevés récemment, qui niaient la résurection des morts, Dieu avait voulu les confondre en ressuscitant les sept martyrs.



L'église était toute revêtue de mosaïque, de marbre et de métaux précieux. Sous leur bure deux fois centenaire, qu'on les avaient laissée, soit par respect, soit par goût du pittoresque, les sept dormants étaient entourés de femmes élégantes et de haut fonctionnaires qui considéraient avec curiosité
leurs visages roses et sans rides. Mais le menu peuple était refoulé dans le bas des nefs par de somptueux officiers d'église armés de hallebardes. Et les sept dormants se rappelaient la nudité des catacombes et l'égalité des premiers frères...



Ils furent à la mode. Un praticien donna pour eux un grand dîner. Ils
étaient tellement étonnés de leur aventure, ou tellement déshabitués de la parole, qu'ils avaient peine à s'exprimer. Leur accent suranné faisait sourire. On les interrogeait sur ce qu'ils avaient éprouvé pendant leurs deux siècles de sommeil; ils répondaient qu'ils n'avaient rien éprouvé du tout. On les questionnait alors sur les moeurs, les usages et les évènements
du temps de l'empereur Dèce; mais comme c'étaient des hommes simples et qui n'avaient jamais été de grands observateurs, ils ne faisaient que des réponses insignifiantes et brèves. On finissait donc par les laisser tranquilles et on parlait d'autre chose.



Il furent surprit que les dames qui étaient là observassent peu, dans leurs habits et même dans leurs discours, la modestie chrétienne. Une d'elles regardait l'un des martyrs, le plus jeune, de telle sorte qu'il fut contraint de baisser les yeux.
Les vins étaient exquis, les mets abondants autant que raffinés, et fort propres à émouvoir, dans les veines des convives, les puissances obscures du sang et de la chair. Les propos devinrent plus libres. Les sept dormants apprirent, par la conversation des autres invités, que maints fidèles des deux sexes manquaient couramment à la règle des moeurs; que beaucoup de ces hommes baptisés étaient avare, fourbes, menteurs, injustes, impudique;
qu'ils avaient encore, non seulement des riches et des pauvres, mais des oppresseurs et des opprimés, et qu'un nombre infini de chrétiens vivaient exactement comme avaient vécu les adorateurs des faux dieux. Et ils virent aussi qu'il y avait toujours des esclaves, et que même on les traitait assez strictement.


Dans le couvent de moines où ils étaient logés, ils découvrirent, par les discussions auxquelles ils assistaient, que, depuis deux cents ans, la doctrine de l'Eglise s'était chargée de subtilités que les premiers fidèles avaient ignorées et où les sept dormants n'entendaient rien. On les prenait pour arbitres. Ils se récusaient honnêtement, ce qui diminuait leur prestige. Mais ils ne pouvaient s'empêcher de voir que ces savants moines, qui raffinaient tant sur le dogme, oubliaient la pratique des plus élémentaires vertus évangéliques et vivaient grassement du revenu des terres
que leur avait données l'empereur, c'est à dire du travail des pauvres.



Quand les sept dormants se promenaient dans les rues, ils étaient
scandalisés à chaque pas. Des femmes de mauvaises vies y tendaient aux
passants leurs pièges diabolique. partout des théâtres, ou la pudeur était constamment offensée. Un jour, un entrepreneur de spectacles voulut les engager dans sa troupe. Il leur demandait de raconter au public leur histoire et leurs "Impressions" et de mimer ensuite quelques "scènes des catacombes". Et il s'ébahit de leur refus indigné.



Ils visitèrent les quartiers misérables. C'est là qu'à force de chercher ils trouvèrent enfin quelques âmes pareilles aux leurs. Mais ils ne concevaient pas que, dans un Etat où tous les citoyens et le souverain lui-même professaient la foi de L'Evangile, il pût y avoir de telles souffrances, et qu'on ne les secourût point.
Il se disaient: "Que fait donc l'Empereur?" Et, comme ils se disaient cela, ils apprirent que Théodose, empereur très chrétien, venait de faire égorger sept mille hommes dans l'hippodrome de Thessalonique.


Leur coeur, chaque jour, s'emplissait d'amertume. Ils étaient plus
malheureux qu'au temps où, poursuivis et traqués par les infidèles, ils se terraient dans les tombeaux.



On avait compté qu'ils feraient des miracles; et Dieu n'ayant pas permis qu'ils en fissent, il en était résulté pour eux un peu plus de
déconsidération. Et comme, en même temps, ils s'enhardissaient à blâmer les moeurs publique et privées, on avait fini par les trouver gênants.



Maintenant, c'était pire, on les oubliait. La curiosité qu'avait inspirée leurs cas s'était vite émoussée. Et ils en souffraient, quoiqu'ils fussent humble de coeur. Ils se sentaient dépaysés, même dans leur couvent, où leur sainteté semblait archaïque et fossile. Ils s'y ennuyaient, et cependant ils n'avaient plus le courage d'en sortir.



Un jour qu'ils racontaient à un vieux prêtre plein d'expérience leur
déception et leur douleur d'avoir trouvé si peu de différence entre les moeurs de l'empire chrétien et celles de la vieille société païenne, et qu'ils se demandaient avec angoisse: "Le christ serait-il venu en vain?" le vieillard répondit: Mais non, mais non. Ne vous frappez pas! Il y a tout de même du changement, je vous assure. Il y a malgré tout plus de vertu et de douceur, un affinement de la conscience, un enrichissement de la sensibilité morale. Il existe de par le monde des âmes très saintes, d'un héroïsme tout
nouveau, et dont on avait pas vu d'exemplaires aux siècles païens...
Quant aux autres...c'est déjà quelque chose de connaître et d'accepter la vérité, même si on n'y conforme pas toute sa conduite...Nous avons beaucoup de bonnes morts, ou, tout au moins, de morts correctes...La foi nouvelle opère un bien considérable chez les barbares; elle adoucit leur rudesse, elle les plie à la pitié, elle les dompte par l'espoir ou l'appréhension d'une autre vie...


Vous vous plaigniez que les préceptes de l'Evangile ne
soient pas strictement observés? Mais il faut bien avouer d'abord que ni le commerce, ni l'industrie, ni l'art, ni les intérêts et la défense d'un grand empire ne sauraient toujours s'en accomoder. Je ne les vois entièrement praticables que dans de petits groupes d'artisans, de laboureurs ou de pasteurs errants. Je dirrai plus: une société fondée sur ces préceptes absolus de renoncement, d'égalité, de pauvreté en commun, ne serait viable que si tous ses membres à la fois les observaient, autrement dit, s'ils étaient tous des saints sur quoi il serait peu résonnable de
compter...


L'Eglise a dû atténuer la rigueur de ces commandements, et elle à
bien fait: car, s'il arrivait un jour que certaines de ces maximes fussent professées hypocritement et appliquées par des hommes sans vertu et sans foi, elles n'engendreraient que le désordre et l'anarchie...Ces préceptes extrêmes proposent un idéal vers lequel on doit tendre dans la vie privée: introduits dans les institutions, ils y seraient inefficaces ou dangereux...car enfin...



Mais les sept dormants, de surprise et d'horreur, s'étaient voilé la face. Le vieux prêtre reprit sans s'émouvoir:

Vénérables frères, si vous deviez
prendre si mal les choses, pourquoi vous êtes-vous réveillés?



Les sept dormant continuèrent quelques temps leur vie douloureuse et
scandalisée. Une tradition ( suspecte, il est vrai ) rapporte que deux
d'entre eux tournèrent mal. Le plus jeune, Malchus, se laissa prendre aux artifices d'une femme perverse, à qui il parut plaisant de séduire un miraculé et d'avoir pour ami un jeune homme de deux cent vingt ans. Un autre, Maximien, prétendit rétablir dans sa pureté la religion corrompue. Il prêchait dans les carrefours, tonnant contre les riches et les prêtres, et ne réussit qu'à se faire mettre en prison.



La douleur, la détresse et l'ennui des cinq autres dormants en furent
redoublés. Ils comprirent qu'ils ne pourraient jamais s'accoutumer aux
choses qu'ils avaient revues; et, un soir, ils prièrent Dieu de les
rendormir jusqu'au jugement dernier.
Le Lendemain, on les trouva morts dans leur cellules. Leur visages avaient gardé " la fraicheur des roses ".


Mais il y a aussi une lecture (ou une récupération) coranique de cette légende ou de ces faits, qui fait de cette légende (dorée ou avérée) une occasion tout à fait adéquate pour une rencontre islamo-chrétienne. Voici cette lecture (un résumé très maladroit de ce que Maïe nous a envoyé hier et qui était un texte de première main : la sourate 18 du coran.



"LES AHL AL - KAHF:
( Ou les sept dormants d'Ephèse )

Ci dessus, copie d'une illustration tirée de:
"Histoire des prophètes et des rois du passé" Iran, 1581.
Selon la tradition musulmane, les sept dormants d'Ephèse sont appelés Ahl al
Kahf ou Ashâb al - Kahf littéralement les gens de la caverne ou de la grotte,
auxquels une sourate du Saint Coran est consacrée ( la 18ème ). Il est très intéressant de constater ici la similitude entre ces deux histoire, celle de Platon d'abord, puis à présent celle de la dix-huitième sourate du Saint
Coran bénit soit-il.


Mais de quelle histoire s'agit-il?
Plutôt que de se sacrifier aux idoles, sept jeunes martyrs d'Ephèse se
laissèrent "enterrés vivants" dans une caverne, en l'an 250, sous le règne de l'empereur Dèce. Ils se réveillèrent miraculeusement de leur sommeil, 309 ans plus tard, selon le saint Coran, mais plus vraisemblablement vers l'année 448, et ce miracle, dûment constaté par la foule d'Ephèse, alors chrétienne, mit un terme aux discussions sur la résurrection.


S'ils sont les symboles, en Islam, de la confiance en Dieu, c'est aussi en tant que témoins de la résurrection qu'ils sont vénérés. Leurs sanctuaires, visités aussi bien par les pèlerins chrétiens que par les pélerins musulmans, sont répandu de la Bretagne à l'Afghanistan, de la Finlande au Yémen.


Un chien qui les accompagnait - que la tradition nomme Qitmir - est l'un des quatres animaux à avoir accès au Paradis.



Sourate 18 : AL-KAHF (LA CAVERNE)
110 versets - Pré-Hégire dont seuls les versets 15 à 22 concernent notre légende, mais nous reproduisons cette sourate in extenso. Elle est largement anti-associationniste. Certes, elle l'est à première lecture, puisque dès le premier verset, elle ne permet pas que l'on dise que "dieu a eu un enfant". Mais elle l'est plus largement en ce qu'elle ne veut pas que l'homme décide lui-même de la valeur des choses, d'un champ ou d'une vie. Elle réfute aussi l'idée que les éons puissent avoir, d'une façon ou d'une autre, participé à la Création du monde. Pour autant, elle atteste de l'implantation de la croyance dans les anges, dont seul Iblis s'est rebellé. Elle reprend en partie des idées que l'on trouve déjà présentes chez le prophète Isaïe, comme le voile mis sur les yeux des infidèles, voile dont elle laisse néanmoins espérer qu'il puisse être déchiré. Semble donc y cohabiter une théorie de la prédestination et de la libre adhésion croyante ou de la libre mécroyance.)


Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

1. Louange à Allah qui a fait descendre sur Son serviteur (Muhammad), le Livre, et n'y a point introduit de tortuosité (ambiguïté) !

2. [Un livre] d'une parfaite droiture pour avertir d'une sévère punition venant de Sa part et pour annoncer aux croyants qui font de bonnes oeuvres qu'il y aura pour eux une belle récompense.

3. où ils demeureront éternellement,

4. et pour avertir ceux qui disent : “Allah S'est attribué un enfant.”

5. Ni eux ni leurs ancêtres n'en savent rien. Quelle monstrueuse parole que celle qui sort de leurs bouches ! Ce qu'ils disent n'est que mensonge.

6. Tu vas peut-être te consumer de chagrin parce qu'ils se détournent de toi et ne croient pas en ce discours !

7. Nous avons placé ce qu'il y a sur la terre pour l'embellir, afin d'éprouver (les hommes et afin de savoir) qui d'entre eux sont les meilleurs dans leurs actions.

8. Puis, Nous allons sûrement transformer sa surface en sol aride.

9. Penses-tu que les gens de la Caverne et d'ar-Raquim ont constitué une chose extraordinaire d'entre Nos prodiges ?

10. Quand les jeunes se furent réfugiés dans la caverne, ils dirent : “ô notre Seigneur, donne nous de Ta part une miséricorde ; et assure nous la droiture dans tout ce qui nous concerne”.

11. Alors, Nous avons assourdi leur oreilles, dans la caverne pendant nombreuses années.

12. Ensuite, Nous les avons ressuscités, afin de savoir lequel des deux groupes saurait le mieux calculer la durée exacte de leur séjour.

13. Nous allons te raconter leur récit en toute vérité. Ce sont des jeunes gens qui croyaient en leur Seigneur ; et Nous leurs avons accordé les plus grands moyens de se diriger [dans la bonne voie].

14. Nous avons fortifié leurs cœurs lorsqu'ils s'étaient levés pour dire : “Notre Seigneur est le Seigneur des cieux et de la terre : jamais nous n'invoquerons de divinité en dehors de Lui, sans quoi, nous transgresserions dans nos paroles.

15. Voilà que nos concitoyens ont adopté en dehors de Lui des divinités. Que n'apportent-ils sur elles une preuve évidente ? Quel pire injuste, donc que celui qui invente un mensonge contre Allah ?

16. Et quand vous vous serez séparés d'eux et de ce qu'ils adorent en dehors d'Allah, réfugiez-vous donc dans la caverne : votre Seigneur répandra de Sa miséricorde sur vous et disposera pour vous un adoucissement à votre sort”.

17. Tu aurais vu le soleil, quand il se lève, s'écarter de leur caverne vers la droite, et quant il se couche, passer à leur gauche, tandis qu'eux-mêmes sont là dans une partie spacieuse (de la caverne)… Cela est une des merveilles d'Allah. Celui qu'Allah guide, c'est lui le bien-guidé. Et quiconque Il égare, tu ne trouvera alors pour lui aucun allié pour le mettre sur la bonne voie.

18. Et tu les aurais cru éveillés, alors qu'ils dorment. Et Nous les tournons sur le côté droit et sur le côté gauche, tandis que leur chien est à l'entrée, pattes étendues. Si tu les avais aperçus, certes tu leur aurais tourné le dos en fuyant ; et tu aurais été assurément rempli d'effroi devant eux.

19. Et c'est ainsi que Nous les ressuscitâmes, afin qu'ils s'interrogent entre eux. L'un parmi eux dit : “Combien de temps avez-vous demeuré là ? ” Ils dirent : “Nous avons demeuré un jour ou une partie d'un jour”. D'autres dirent : “ Votre Seigneur sait mieux combien [de temps] vous y avez demeuré. Envoyez donc l'un de vous à la ville avec votre argent que voici, pour qu'il voit quel aliment est le plus pur et qu'il vous apporte de quoi vous nourrir. Qu'il agisse avec tact ; et qu'il ne donne l'éveil à personne sur vous.

20. Si jamais ils vous attrapent, ils vous lapideront ou vous feront retourner à leur religion, et vous ne réussirez alors plus jamais”.

21. Et c'est ainsi que Nous fîmes qu'ils furent découverts, afin qu'ils (les gens de la cité) sachent que la promesse d'Allah est vérité et qu'il n'y ait point de doute au sujet de l'Heure. Aussi se disputèrent-ils à leur sujet et déclarèrent-ils : “Construisez sur eux un édifice. Leur Seigneur les connaît mieux”. Mais ceux qui l'emportèrent [dans la discussion] dirent : “élevons sur eux un sanctuaire”.

22. Ils diront : “ils étaient trois et le quatrième était leur chien”. Et ils diront en conjecturant sur leur mystère qu'ils étaient cinq, le sixième étant leur chien et ils diront : “sept, le huitième étant leur chien”. Dis : “Mon Seigneur connaît mieux leur nombre. Il n'en est que peu qui le savent”. Ne discute à leur sujet que d'une façon apparente et ne consulte personne en ce qui les concerne.

23. Et ne dis jamais, à propos d'une chose : “Je la ferai sûrement demain”.

24. sans ajouter : “Si Allah le veut”, et invoque ton Seigneur quand tu oublies et dis : “Je souhaite que mon Seigneur me guide et me mène plus près de ce qui est correct”.

25. Or, ils demeurèrent dans leur caverne trois cent ans et en ajoutèrent neuf (années).

26. Dis : “Allah sait mieux combien de temps ils demeurèrent là. A Lui appartient l'Inconnaissable des cieux et de la terre. Comme Il est Voyant et Audient ! Ils n'ont aucun allié en dehors de Lui et Il n'associe personne à Son commandement.

27. Et récite ce qui t'a été révélé du Livre de ton Seigneur. Nul ne peut changer Ses paroles. Et tu ne trouvera, en dehors de Lui, aucun refuge.

28. Fais preuve de patience [en restant] avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, désirant Sa Face. Et que tes yeux ne se détachent point d'eux, en cherchant (le faux) brillant de la vie sur terre. Et n'obéis pas à celui dont Nous avons rendu le cœur inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa passion et dont le comportement est outrancier.

29. Et dis : “La vérité émane de votre Seigneur”. Quiconque le veut, qu'il croit, et quiconque le veut qu'il mécroie”. Nous avons préparé pour les injustes un Feu dont les flammes les cernent. Et s'ils implorent à boire on les abreuvera d'une eau comme du métal fondu brûlant les visages. Quelle mauvaise boisson et quelle détestable demeure !

30. Ceux qui croient et font de bonnes oeuvres… vraiment Nous ne laissons pas perdre la récompense de celui qui fait le bien.

31. Voilà ceux qui auront les jardins du séjour (éternel) sous lesquels coulent les ruisseaux. Ils y seront parés de bracelets d'or et se vêtiront d'habits verts de soie fine et de brocart, accoudés sur des divans (bien ornés). Quelle bonne récompense et quelle belle demeure !

32. Donne-leur l'exemple de deux hommes : à l'un d'eux Nous avons assigné deux jardins de vignes que Nous avons entourés de palmiers et Nous avons mis entre les deux jardins des champs cultivés.

33. Les deux jardins produisaient leur récolte sans jamais manquer. Et Nous avons fait jaillir entre eux un ruisseau.

34. Et il avait des fruits et dit alors à son compagnon avec qui il conversait : “Je possède plus de bien que toi, et je suis plus puissant que toi grâce à mon clan”.

35. Il entra dans son jardin coupable envers lui-même [par sa mécréance] ; il dit : “Je ne pense pas que ceci puisse jamais périr,

36. et je ne pense pas que l'Heure viendra. Et si on me ramène vers mon Seigneur, je trouverai certes meilleur lieu de retour que ce jardin.

37. Son compagnon lui dit, tout en conversant avec lui : “Serais-tu mécréant envers Celui qui t'a créé de terre, puis de sperme et enfin t'a façonné en homme ?

38. Quant à moi, c'est Allah qui est mon Seigneur ; et je n'associe personne à mon Seigneur ?

39. En entrant dans ton jardin, que ne dis-tu : “Telle est la volonté (et la grâce) d'Allah ! Il n'y a de puissance que par Allah”. Si tu me vois moins pourvu que toi en biens et en enfants,

40. il se peut que mon Seigneur, bientôt, me donne quelque chose de meilleur que ton jardin, qu'Il envoie sur [ce dernier], du ciel, quelque calamité, et que son sol devienne glissant,

41. ou que son eau tarisse de sorte que tu ne puisses plus la retrouver”.

42. Et sa récolte fut détruite et il se mit alors à se tordre les deux mains à cause de ce qu'il y avait dépensé, cependant que ses treilles étaient complètement ravagées. Et il disait : “Que je souhaite n'avoir associé personne à mon Seigneur ! ”.

43. Il n'eut aucun groupe de gens pour le secourir contre (la punition) d'Allah. Et il ne put se secourir lui-même.

44. En l'occurrence, la souveraine protection appartient à Allah, le Vrai. Il accorde la meilleure récompense et le meilleur résultat.

45. Et propose-leur l'exemple de la vie ici-bas. Elle est semblable à une eau que Nous faisons descendre du ciel ; la végétation de la terre se mélange à elle. Puis elle devient de l'herbe desséchée que les vents dispersent. Allah est certes Puissant en toutes choses !

46. Les biens et les enfants sont l'ornement de la vie de ce monde. Cependant, les bonnes oeuvres qui persistent ont auprès de ton Seigneur une meilleure récompense et [suscitent] une belle espérance.

47. Le jour où Nous ferons marcher les montagnes et où tu verras la terre nivelée (comme une plaine) et Nous les rassemblerons sans en omettre un seul.

48. Et ils seront présentés en rangs devant ton Seigneur. “Vous voilà venus à Nous comme Nous vous avons créés la première fois. Pourtant vous prétendiez que Nous ne remplirions pas Nos promesses”.

49. Et on déposera le livre (de chacun). Alors tu verras les criminels, effrayés à cause de ce qu'il y a dedans, dire : “Malheur à nous, qu'a donc ce livre à n'omettre de mentionner ni pêché véniel ni pêché capital ? ” Et ils trouveront devant eux tout ce qu'ils ont oeuvré. Et ton Seigneur ne fait du tort à personne.

50. Et lorsque Nous dîmes aux Anges : “Prosternez-vous devant Adam”, ils se prosternèrent, excepté Iblis [Satan] qui était du nombre des djinns et qui se révolta contre le commandement de son Seigneur. Allez-vous cependant le prendre, ainsi que sa descendance, pour alliés en dehors de Moi, alors qu'ils vous sont ennemis ? Quel mauvais échange pour les injustes !

51. Je ne les ai pas pris comme témoins de la création des cieux et de la terre, ni de la création de leurs propres personnes. Et Je n'ai pas pris comme aides ceux qui égarent.

52. Et le jour où Il dira : “Appelez ceux que vous prétendiez être Mes associés”. Ils les invoqueront ; mais eux ne leur répondront pas, Nous aurons placé entre eux une vallée de perdition.

53. Et les criminels verront le Feu. Il seront alors convaincus qu'ils y tomberont et n'en trouveront pas d'échappatoire.

54. Et assurément, Nous avons déployé pour les gens, dans ce Coran, toutes sortes d'exemples. L'homme cependant, est de tous les êtres le plus grand disputeur.

55. Qu'est-ce qui a donc empêché les gens de croire, lorsque le guide leur est venu, ainsi que de demander pardon à leur Seigneur, si ce n'est qu'ils veulent subir le sort des Anciens, ou se trouver face à face avec le châtiment.

56. Et Nous n'envoyons les messagers que pour annoncer la bonne nouvelle et avertir. Et ceux qui ont mécru disputent avec de faux arguments, afin d'infirmer la vérité et prennent en raillerie Mes versets (le Coran) ainsi que ce (châtiment) dont on les a avertis.

57. Quel pire injuste que celui à qui on a rappelé les versets de son Seigneur et qui en détourna le dos en oubliant ce que ses deux mains ont commis ? Nous avons placé des voiles sur leurs cœurs, de sorte qu'ils ne comprennent pas (le Coran), et mis une lourdeur dans leurs oreilles. Même si tu les appelles vers la bonne voie, jamais il ne pourront donc se guider.

58. Et ton Seigneur est le Pardonneur, le Détenteur de la miséricorde. S'il s'en prenait à eux pour ce qu'ils ont acquis. Il leur hâterait certes le châtiment. Mais il y a pour eux un terme fixé (pour l'accomplissement des menaces) contre lequel ils ne trouveront aucun refuge.

59. Et voilà les villes que Nous avons fait périr quand leurs peuples commirent des injustices et Nous avons fixé un rendez-vous pour leur destruction.

60. (Rappelle-toi) quand Moïse dit à son valet : “Je n'arrêterai pas avant d'avoir atteint le confluent des deux mers, dussé-je marcher de longues années”.

61. Puis, lorsque tous deux eurent atteint le confluent, ils oublièrent leur poisson qui prit alors librement son chemin dans la mer.

62. Puis, lorsque tous deux eurent dépassé [cet endroit,] il dit son valet : “Apporte-nous notre déjeuner : nous avons rencontré de la fatigue dans notre présent voyage”.

63. [Le valet lui] dit : “Quand nous avons pris refuge près du rocher, vois-tu, j'ai oublié le poisson - le Diable seul m'a fait oublier de (te) le rappeler - et il a curieusement pris son chemin dans la mer”.

64. [Moïse] dit : “Voilà ce que nous cherchions”. Puis, ils retournèrent sur leurs pas, suivant leurs traces.

65. Ils trouvèrent l'un de Nos serviteurs à qui Nous avions donné une grâce, de Notre part, et à qui Nous avions enseigné une science émanant de Nous.

66. Moïse lui dit : “Puis-je suivre, à la condition que tu m'apprennes de ce qu'on t'a appris concernant une bonne direction ? ”.

67. [L'autre] dit : “Vraiment, tu ne pourras jamais être patient avec moi.

68. Comment endurerais-tu sur des choses que tu n'embrasses pas par ta connaissance ? ”.

69. [Moïse] lui dit : “Si Allah veut, tu me trouvera patient ; et je ne désobéirai à aucun de tes ordres”.

70. “Si tu me suis, dit [l'autre,] ne m'interroge sur rien tant que je ne t'en aurai pas fait mention”.

71. Alors les deux partirent. Et après qu'ils furent montés sur un bateau, l'homme y fit une brèche. [Moïse] lui dit : “Est-ce pour noyer ses occupants que tu l'as ébréché ? Tu as commis, certes, une chose monstrueuse ! ”.

72. [L'autre] répondit : “N'ai-je pas dit que tu ne pourrais pas garder patience en ma compagnie ? ”.

73. “Ne t'en prend pas à moi, dit [Moïse,] pour un oubli de ma part ; et ne m'impose pas de grande difficulté dans mon affaire”.

74. Puis ils partirent tous deux ; et quand ils eurent rencontré un enfant, [l'homme] le tua. Alors [Moïse] lui dit : “As-tu tué un être innocent, qui n'a tué personne ? Tu as commis certes, une chose affreuse ! ”

75. [L'autre] lui dit : “Ne t'ai-je pas dit que tu ne pourrais pas garder patience en ma compagnie ? ”

76. “Si, après cela, je t'interroge sur quoi que ce soit, dit [Moïse,] alors ne m'accompagne plus. Tu seras alors excusé de te séparer de moi”.

77. Ils partirent donc tous deux ; et quand ils furent arrivés à un village habité, ils demandèrent à manger à ses habitants ; mais ceux-ci refusèrent de leur donner l'hospitalité. Ensuite, ils y trouvèrent un mur sur le point de s'écrouler. L'homme le redressa. Alors [Moïse] lui dit : “Si tu voulais, tu aurais bien pu réclamer pour cela un salaire”.

78. “Ceci [marque] la séparation entre toi et moi, dit [l'homme,] Je vais t'apprendre l'interprétation de ce que tu n'as pu supporter avec patience.

79. Pour ce qui est du bateau, il appartenait à des pauvres gens qui travaillaient en mer. Je voulais donc le rendre défectueux, car il y avait derrière eux un roi qui saisissait de force tout bateau.

80. Quant au garçon, ses père et mère étaient des croyants ; nous avons craint qu'il ne leur imposât la rébellion et la mécréance.

81. Nous avons donc voulu que leur Seigneur leur accordât en échange un autre plus pur et plus affectueux.

82. Et quant au mur, il appartenait à deux garçons orphelins de la ville, et il y avait dessous un trésor à eux ; et leur père était un homme vertueux. Ton Seigneur a donc voulu que tous deux atteignent leur maturité et qu'ils extraient, [eux-mêmes] leur trésor, par une miséricorde de ton Seigneur. Je ne l'ai d'ailleurs pas fait de mon propre chef. Voilà l'interprétation de ce que tu n'as pas pu endurer avec patience”.

83. Et ils t'interrogent sur Zul-Qarnayn. Dis : “Je vais vous en citer quelque fait mémorable”.

84. Vraiment, Nous avons affermi sa puissance sur terre, et Nous lui avons donné libre voie à toute chose.

85. Il suivit donc une voie.

86. Et quand il eut atteint le Couchant, il trouva que le soleil se couchait dans une source boueuse, et, après d'elle il trouva une peuplade [impie]. Nous dîmes : “ô Zul-Qarnayn ! ou tu les châties, ou tu uses de bienveillance à leur égard”.

87. Il dit : “Quant à celui qui est injuste, nous le châtierons ; ensuite il sera ramené vers son Seigneur qui le punira d'un châtiment terrible.

88. Et quant à celui qui croit et fait bonne oeuvre, il aura, en retour, la plus belle récompense. Et nous lui donnerons des ordres faciles à exécuter”.

89. Puis, il suivit (une autre) voie.

90. Et quand il eut atteint le Levant, il trouva que le soleil se levait sur une peuplade à laquelle Nous n'avions pas donné de voile pour s'en protéger.

91. Il en fut ainsi et Nous embrassons de Notre Science ce qu'il détenait.

92. Puis, il suivit (une autre) voie.

93. Et quant il eut atteint un endroit situé entre les Deux Barrières (montagnes), il trouva derrière elles une peuplade qui ne comprenait presque aucun langage.

94. Ils dirent : "Ô Zul-Qarnayn, les Yajuj et les Majuj commettent du désordre sur terre. Est-ce que nous pourrons t'accorder un tribut pour construire une barrière entre eux et nous ? ”

95. Il dit : “Ce que Mon Seigneur m'a conféré vaut mieux (que vos dons). Aidez-moi donc avec force et je construirai un remblai entre vous et eux.

96. Apportez-moi des blocs de fer”. Puis, lorsqu'il en eut comblé l'espace entre les deux montagnes, il dit : “Soufflez ! ” Puis, lorsqu'il l'eut rendu une fournaise, il dit : “Apportez-moi du cuivre fondu, que je le déverse dessus”.

97. Ainsi, ils ne purent guère l'escalader ni l'ébrécher non plus.

98. Il dit : “C'est une miséricorde de la part de mon Seigneur. Mais, lorsque la promesse de mon Seigneur viendra, Il le nivellera. Et la promesse de mon Seigneur est vérité”.

99. Nous les laisserons, ce jour-là, déferler comme les flots les uns sur les autres, et on soufflera dans la Trompe et Nous les rassemblerons tous.

100. Et ce jour-là Nous présenterons de près l'Enfer aux mécréants,

101. dont les yeux étaient couverts d'un voile qui les empêchait de penser à Moi, et ils ne pouvaient rien entendre non plus.

102. Ceux qui ont mécru, comptent-ils donc pouvoir prendre, pour alliés, Mes serviteurs en dehors de Moi ? Nous avons préparé l'Enfer comme résidence pour les mécréants.

103. Dis : “Voulez-vous que Nous vous apprenions lesquels sont les plus grands perdants, en oeuvres ?

104. Ceux dont l'effort, dans la vie présente, s'est égaré, alors qu'ils s'imaginent faire le bien.

105. Ceux-là qui ont nié les signes de leur Seigneur, ainsi que Sa rencontre. Leurs actions sont donc vaines”. Nous ne leur assignerons pas de poids au Jour de la Résurrection.

106. C'est que leur rétribution sera l'Enfer, pour avoir mécru et pris en raillerie Mes signes (enseignements) et Mes messagers.

107. Ceux qui croient et font de bonnes oeuvres auront pour résidence les Jardins du “Firdaws, ” (Paradis),

108. où ils demeureront éternellement, sans désirer aucun changement.

109. Dis : “Si la mer était une encre [pour écrire] les paroles de mon Seigneur, certes la mer s'épuiserait avant que ne soient épuisées les paroles de mon Seigneur, quand même Nous lui apporterions son équivalent comme renfort”.

110. Dis : “Je suis en fait un être humain comme vous. Ils m'a été révélé que votre Dieu est un Dieu unique ! Quiconque, donc, espère rencontrer son Seigneur, qu'il fasse de bonnes actions et qu'il n'associe dans son adoration aucun à son Seigneur”.

-----------------------------------------------------------------------------

Les quatre formes du dialogue islamo-chrétien

(selon le cardinal Tauren, dont le dicastère s'est désormais accru de cette charge à Rome,):


Ces quatre formes sont:

-le dialogue de vie;

-le dialogue des oeuvres;

-le dialogue théologique;

-le dialogue spirituel.


C'est déjà pas mal, mais c'est un peu frileux.


-Le dialogue de vie recouvre en fait deux réalités: l'échange pratique d'une convivialité sociale, et la présentation commune auprès des autorités civiles d'objectifs éthiques convergents;


-le dialogue des oeuvres exprime cette convergence à travers des réalisations communes dans ce qu'on appelait naguère des "oeuvres de Miséricorde". Il ouvre donc une perspective plus large, puisque tout ce qu'on fait en commun est un moyen de se mieux connaître. Il ne se limite pas à la présence conjointe, dans des associations qui porteraient la diversité en étendard, de ménagères qui ne cesseraient de s'étonner de pouvoir partager avec leurs voisins les secrets du mitonnage de plats délectables de l'autre rive, avec un art consommé de l'admiration préférentielle, si ce n'est de l'émerveillement forcé, pour ce qui est exotique. Ce "dialogue des oeuvres" présente davantage d'intérêt parce que chrétiens et musulmans peuvent s'y associer pour faire barrage à la misère, dans des actions de solidarité qui peuvent avoir pour bénéficiaires "le secours catholique" ou "le secours islamique", par exemple.


-Le dialogue religieux se propose de partir à la recherche des éléments communs et divergents de la foi chrétienne et de la Foi islamique. Mettons-nous les mêmes figures sous les mêmes noms de patriarches ou de prophètes? Croyons-nous ou non en le même Dieu (la controverse existe...)? Les mots qui font barrage ne peuvent-ils pas, à l'inverse, quelquefois recouvrir des réalités moins éloignées qu'il n'y paraît? Certaines fatwa prises au pied de la lettre par des intégristes de la charia ne sont-elles pas la retranscription mot à mot de la lettre du sermon sur la montagne? Le christianisme ne pèche-t-il pas par un illégalisme plus affiché que vécu, là où l'excès de légalisme affiché par l'islam tient plus du cliché de ses récipiendaires exogènes, qui ne comprennent pas les multiples procédures d'abrogation dont peut être susceptible la charia réputée à tort inamovible?


-Le "dialogue spirituel" fait le pari que, si les articles de foi faisant partie de ce que les chrétiens appellent la "lex credendi", la "loi de croire", ne sont pas réformables, du moins la "lex orandi", la loi (ou manière) de prier peut nous rapprocher, non que nous nous mettions à invoquer Jésus comme dieu pour les musulmans ou Mohamed comme prophète pour les chrétiens, mais nous aurions quelque chose à nous apprendre du point de vue de la piété, parce que chrétiens et musulmans se veulent, à la fois soumis à dieu, libres de l'approcher fort le respect, en santé spirituelle de Lui être unis, et ne veulent pas Lui faire barrage, filtrer Sa Parole, être des embûches à son message. Qui sait même s'il n'y aurait pas telle litanie que nous ne pourrions réciter ensemble pour méditer sur le Mystère, la Grandeur et la Beauté de dieu?


C'est ici que le dialogue islamo-chrétien peut devenir coriace ou corrosif, mais pourquoi en avoir frilosité?


Est-ce que, d'existentiel, de solidariste et d'artisanal, de religieux et de spirituel, il ne pourrait pas devenir politique ou de civilisation?


N'avons-nous pas à faire valoir, sinon des intérêts communs, du moins une philosophie qui n'est pas éloignée, dans la manière de mettre en oeuvre la Justice dans les relations géopolitiques?


Et quand bien même estimerions-nous que nos intérêts sont irréconciliables, ne serions-nous pas en droit de l'éprouver et, si cela devait s'avérer, de faire valoir en quoi entre gens intègres?


Mais, à supposer même que le dialogue de civilisation doive achopper, devrions-nous pour cela le déclarer impossible, voire invalide?


Pour ce qui le concerne, aussi modestes soient sa contribution et son audience, ce blog a toujours fait le pari du contraire.


Son responsable (et votre serviteur) regrette que Beaucoup de gens aujourd'hui, principalement sous la pression des antimodernes de profession, se plaisent à afficher une désaffection du dialogue, prenant prétexte des prétendus « vices de la discussion », et du caractère émollient du dialogue, qui n’aurait qu’une fonction relativiste, celle d’abaisser la force dela conviction, pour oublier que le dialogue, tel qu’il fut pratiqué par Socrate, qui lui donna ses lettres de noblesse, avait en réalité pour fonction, malgré l’opposition sophistique entre son meneur de jeu et les sophistes, d’amener les interlocuteurs du philosophe à la raison. Mais au surplus, on peut dire qu’il y a une certaine pratique du dialogue qui consiste à pousser ses interlocuteurs dans leurs retranchements, non pour rendre le dialogue désagréable ou stérile, mais pour vérifier, si leurs arguments tiennent, que nous pouvons nous laisser ébranler par eux.


C'est dans cet esprit que ce blog continuera à mener le dialogue spirituel et géopolitique avec celui qui l'a jusqu'ici honoré de ses contributions, dans la simple limite impartie par le temps dont disposent ces contributeurs.

mercredi 21 septembre 2011

Phénoménologie et psychiatrie

L’ipséité est le caractère de ce qui ne change pas dans un »moi » donné. Sa rétroversion est ipse eumdem, c’est-à-dire moi-même, le même. Elle est le caractère de continuité qui existe en tout être. L’ipséité vit dans la hantise de sa disjonction. L’ipséité cohabite avec l’autre pôle de la personnalité qui est la conscience de rôle. « Nous développons une certaine gravité de la conscience de rôle », déclare le professeur Georges Charbonneau, l’un de ceux qui ont puissamment contribué à faire entrer laphénoménologie dans lapsychiatrie (où elle a remplacé la psychologie clinique, puis la psychanalyse). La personnalité humaine se caractérise encore par des « époques », dont l’âge n’est que l’expression temporelle la moins ancrée dans la durée. La crise de l’historialité de la conscience humaine est une difficulté à appréhender correctement ses « époques ». La dépression est une accentuation de la vespéralité dans l’appréhension d’un temps révolu aux commencements ; inversement, l’auroréalité est un enthousiasme débordant, mais désordonné, qui ne sait vivre que dans l’élan d’un projet nouveau ; l’état maniaco-dépressif est l’alternance d’une focalisation sur les matins et sur les soirs. Dans l’état maniaque, nous sommes toujours projetés en avant de notre présence. L’état maniaque est une exagération de l’importance donnée à la conscience de rôle. La personnalité perverse est celle qui sait prendre les dehors des rôles qu’elle devrait jouer pour les mélanger, les détourner et les manipuler, du dehors de ceux-ci, car le pervers n’entre véritablement jamais dans aucun rôle. La présomption est un égarement dans le sens de la hauteur. La personnalité pathologique est celle qui éprouve une disjonction de l’ipséité du fait de l’inadaptation où elle croit se trouver face à la diversité des rôles à jouer. La personnalité psychopathique est celle qui répète toujours le même rituel à l’intérieur de tous les rôles. (Notes résumant librement un entretien radiophonique entre le Pr Quentin debray et le Pr Georges charbonneau, psychiatres).

samedi 17 septembre 2011

Le détournement du verbe en dogmatique et les trois fonctions du langage

1. L'idéologie est la cristallisation d'un certain nombred'idées, comme par effet d'électrolyse, en une forme minérale qui monte de la caverne. L'idéologie est un discours des idées, un langage qui a trouvé sa grammaire et dont la cohérence, parce qu'elle est interprétative et repose entièrement sur des préjugés, est implacable. L'idéologie est un stalagmite au contraire du dogme qui est un stalactite, et cela bien qu'on ait tendance à croire que l'idéologie part d'un fondement rationnel, alors que c'est le dogme qui a partie liée avec le mythe. La question n'est pas là : elle réside dans le fait que l'idéologie, en montant des théories, essaie de grimper toute seule vers la voûte du ciel des idées, tandis que le dogme, s'il est aussi systématique que l'idéologie, a néanmoins le mérite d'essayer de descendre jusqu'à nous depuis un point halluciné ou un mythe révélé.


Du dogme, bien qu'on n'aime pas aujourd'hui les esprits dogmatiques, ne laisse pas de couler certaine onde mystique. Le symbole est du dogme effrité en sable qu'on ramasse pour le lancer en l'air et s'en faire un toit de croyance ou une voûte archétypale. L’un des « credo » de la foi catholique s’appelle le « symbole des apôtres ».

2. La question du langage, si importante pour le christianisme, me paraît pouvoir se résumer comme suit : c'est que nous, chrétiens, sommes les disciples du verbe-Christ ; mais rejoignant notre divin maître à l'instant où, engendré, non pas créé, Il était au plus près de dieu ; croyant suivre notre Maître premièrement par le langage, nous ne nous rendons pas compte que le Verbe, s'Il est fréquemment assimilé à la Parole plus encore qu'au langage, l'est à condition que la Parole ou le langage soient plus créatifs qu'explicatifs. Or le dogme dégénère en dogmatisme logomachique et normatif.

Explicatif, le Christ-Verbe ne l'a été que dans l'Evangile, nous y donnant la raison d'être de nos âmes et des choses, du monde et de la Création. Mais il faut remarquer ceci : c’est que, si le "credo" est le développement du kérigme, l’Evangile ne fait pas partie du kérigme. L'Evangile est curieusement le grand oublié du kérigme et même du credo, qui passe directement de l'Incarnation du christ à sa crucifixion, Son Ensevelissement (ou descente aux enfers) et à Sa résurrection. Pourquoi? Parce que l'evangile nous donne une simple explication, j'allais dire une sagesse proverbiale. Il nous transmet une Tradition orale, mais celle-ci n'est pas suffisamment significative, activement parlant, pour figurer dans le kérigme.

Or la dérive dogmatique est d'avoir dû recourir au langage en lui assignant une fonction qui, d'explicative, est devenue peu à peu normative, par ce qu'on pourrait presque considérer comme un détournement de la fonction créative primitive du langage. Cette dérive est particulièrement grave et sensible dans le monde chrétien. En effet, la norme crée une loi, y compris une loi interprétative, là où l'Incarnation du Verbe, Sa Mort et Sa Résurrection ont voulu nous affranchir de la loi.


3. Le langage a aussi une fonction projective. Une fonction projective ? La logique projective va certes beaucoup plus loin que la fonction simplement explicative du langage.

La projection, ce n’est pas seulement la description. Croire en une quasi confusion entre la description et la projection, c’est sombrer dans le malentendu phénoménologique. Dans notre identité personnelle, c'est l'expression dans du tridimentionnel de l'indimentionné dont nous sommesl’icône.

La projection, et le Verbe, et a contrario le cerveau reptilien, instinctuel, ont quelque chose à voir avec l'archaïque. Mais si le Verbe est peut-être primitivement purement archaïque, sa projection, à la réflexion, est limbique, à la différence des tentations du cerveau reptilien lancées par l'animal qui en est le symbole.

Les suggestions projectives (ou projections suggestives) du Verbe sont d'ordre limbique et non pas temporal. Il appartient à l'esprit-saint, dans le cadre de la vie mystique, sans systématiser ce propos, de nous faire passer du reptilien au temporal dans l'union au limbique.

La théologie de l'enfer (I)

Restitution d’un fragment important de dialogue sur le Forum Catholique


(Je précise que j’ai volontairement changé le titre de certains messages, voire en ai corrigé la formulation quand elle contrariait la syntaxe, pour donner plus de clarté aux arguments échangés)


Sommaire :

1. Trois raisonnements contre l’enfer.
2. Adhésion libre.
3. Adhésion libre n’implique pas châtiment
4. Jugés par amour
5. Il faut satisfaire à la notion de Justice
6. Nous savons que l’enfer existe.
7. En voici les références scripturaires.
8. Réponse du DTC à vos trois raisonnements
9. L’enfer, cause efficiente et cause finale.
10. Peine du dam et peine du sens
11. Réponse à vos réserves.
12. Dieu, premier Moteur, ne peut pas être mû…


1. Trois raisonnements contre l’enfer.
(par le torrentiel le 1er septembre 2011 à 8h28)



Je prends la précaution de dire que ce ne sont que des raisonnements et qu'il ne faut pas y soumettre la Foi, mais les soumettre à la Foi.


Les voici :


1. Le Père Xavier Léon-Dufour (SJ) :

-"Par la Foi, je dois croire qu'il y a un enfer ;

- par l'espérance, je dois souhaiter ne pas en être passible ;

- par la charité, je dois souhaiter que tous partagent le pardon que j'aurai reçu et connaissent comme moi le bonheur auprès de Dieu."

(un rendu en substance)


Variante :

"Il y a un enfer, mais il n'y a personne dedans" (Père Pierre Latour, SJ).


2. Mon propre père :


De deux choses l'une (« soleil ») (Pascal Payen-Appenzeller) :

- Ou bien Dieu est infiniment bon, et il ne peut envoyer personne en enfer ;

- ou bien Il ne l'est pas, et Il ne mérite pas qu'on croie en Lui.


Précision importante :

celui-là même qui a émis ce raisonnement, quand il fut confronté à la maladie qui l'emporta, fut indigné que je lui demande s'il lui arrivait de se révolter contre Dieu face à l'épreuve qu'il subissait.


Donc autres sont nos discours et autres nos réactions religieuses instinctives.


3. Moi:

- Dieu ne nous a pas créés par Amour si c'était afin de nous juger.


- Il y a incompatibilité entre l'amour et le jugement, entre le don gratuit de la vie et le fait de demander des comptes à qui l'on a donné, car "le don est innocent de la dette" (Jean-Marie de Lassus, maternologue, et Marie est précisément invoquée comme celle qui met en fuite les démons).


- Dieu ne peut pas Se satisfaire d'avoir perdu la moindre chose qu'Il aura crée.


-Le feu sans consomption que serait l'enfer selon Saint-Augustin ferait de Dieu l'auteur d'un génocide pour l'éternité, ce qui serait incompatible avec Sa Bonté, mais surtout serait sans précédent, pas même totalitaire.


J'ai bien conscience que cette dernière proposition est violente, mais elle est violente comme l'enfer.


2. MaisL’adhésion libre
3.
4.
5. Par Meneau le 1er septembre à 8h56


Dieu ne nous a pas créés par Amour si c'était afin de nous juger.

Dieu nous a créés afin que nous participions à son bonheur. Mais cette participation ne se conçoit que s'il y a adhésion libre. Pour qu'il y ait adhésion libre, il faut qu'il y ait libre arbitre. S'il y a libre arbitre, c'est qu'il y a aussi la possibilité de faire le mauvais choix, avec les conséquences qui s'ensuivent.

Il en va de même des anges. Ils ont eu aussi un choix à faire, et certains, malgré leur intelligence supérieure, ont fait le mauvais.

Cordialement

Meneau



3. Adhésion libre n’implique pas châtiment

Par le torrentiel le 1er septembre 2011 à 9h33


Car s'il en allait ainsi, qu'en serait-il de la liberté ? Elle serait plutôt assimilable à un chantage:

"Tu fais le bon choix ou tu vas voir ce que tu vas voir !"


D'autre part, notre "libre arbitre" est-il vraiment libre dans une vie soumise comme la nôtre à tant de tribulations, à une nature déchue, une psychologie malade ?


C'est à cette question que tente de répondre Arnaud Dumouche, maladroitement sans doute et de manière hectoplasmique, nous dit-on.


Il n’empêche : il met au jour un vrai vice de forme, si je puis dire….


13. Jugés par amour.

Par Lucas le 1er septembre 2011 à 9h33


Cher torrentiel,

Aucune des propositions de votre post, sauf les trois premières, ne me semble justes. Il me semble que l'on pose souvent mal le problème de l'enfer, comme si il y avait opposition entre l'amour de Dieu et la notion de jugement. N'est ce pas pile le contraire?Si L'enfer n'existait pas, serions-nous véritablement libres?Et l'amour véritable,n'implique t-il pas cette liberté de la créature?



Non seulement l'enfer satisfait la notion de justice, mais il sous-entend la notion d'amour, car il donne la possibilité à l'enfant de Dieu de vivre pleinement son rejet et d'assumer sa haine qu'il a librement choisie.



Le mal est un mystère et on a du mal à accepter qu’une personne puisse rejeter Dieu pour l'éternité...Pourtant,c'est la réalité, enseignée par le magistère et la tradition.


Essayer de faire l'économie de cette vérité (je ne parle pas de vous),c'est se condamner à ne rien comprendre à la rédemption,pierre d'angle du christiannisme.


Pour résumer, nous sommes tous prédestinés au bonheur éternel,mais nou tous n'iront pas au Paradis.



A méditer longuement....

Lucas.


5. Il faut satisfaire à la notion de Justice.

(par le torrentiel le 1er septembre 2011 à 8h45)


dont la pure négation (trop humaine) de l'enfer fait le parent pauvre de l'économie du salut.


C'est pourquoi il faut s'avancer avec prudence sur ces sentiers escarpés de la spéculation.


Et même si, secrètement, l'on espère en l'universalité du salut, si c'est le cadeau secret que Dieu veut nousoffrir, il ne faut pas Lui dérober Ses secrets.


6. Nous savons que l’enfer existe.

(par jejomau le 1er septembre 2011 à 10h2


puisqu'au moins une personne y est : Judas. En outre, c'est le Christ Lui-même qui, à chaque page des Evangiles, nous en parle ainsi que des démons...



Tiens il manque une icône avec un diablotin ... ou des flammes !


7. En voici les références scripturaires.

(par Meneau le 1er septembre 2011 à 11h3
Les Saintes Ecritures fourmillent de références à l'enfer, à la séparation qu'il y aura entre les justes et les méchants, et au châtiment qui attend ces derniers.
Marc., III, 29
Matth., XII
Joa., VIII, 20-24, 35
Matth., V, 22
Matth., V, 29, 30
Matth., VII, 21-23
Matth., VIII, 11, 12 (les pleurs et les grincements de dents)
Luc., XVI, 19-31 (Lazare et le mauvais riche)
Marc, IX, 42-48., Matth., XVIII, 8-9 (où le ver ne meurt pas et le feu ne s'éteint pas.)
Matth., XIII, 24-30 (encore les pleurs et grincements de dents)
Matth., XIII, 47-50
Matth., XXII, 1-14 (ténèbres extérieurs, pleurs et grincements de dents)
Matth., XXV, 33 (Retirez-vous de moi, maudits, allez au feu éternel préparé pour le diable et ses anges)

Cette liste est loin d'être exhaustive !
C'est une certitude "de foi définie". Il est également "de foi définie" qu'il est éternel.

Mais il est également écrit dans l'Evangile que beaucoup iront en enfer :

"Beaucoup sont appelés, mais peu sont élus"
(Mt 22,14)

13 Entrez par la porte étroite; car large est la porte, et spacieuse la voie qui conduit à la perdition, et nombreux sont ceux qui y passent;
14 car étroite est la porte, et resserrée la voie qui conduit à la vie, et il en est peu qui la trouvent !

Mt 7,13

Incidemment, Judas n'est pas le seul à être en enfer. D'Antiochus Épiphane on trouve au livre des Machabées (2 M 7,14) :
"Heureux ceux qui meurent de la main des hommes, avec l'espérance qu'ils tiennent de Dieu d'être ressuscités par lui! Pour toi, ta résurrection ne sera point pour la vie."


Cordialement

Meneau



8. Réponse du DTC (dictionnaire de Théologie Catholique) à vos trois raisonnements

Par Meneau le 1er septembre 2011 à 11h10


Je pense que l'article du Dictionnaire de Théologie Catholique sur l'enfer répond assez bien à ces raisonnements erronés, lorsqu'il distingue cause efficiente et cause finale, plus particulièrement au sein de cette cause finale, lorsqu'il envisage la fin de l'enfer dans l'ordre de la justice, mais aussi dans l'ordre de l'amour.

« VIII. CAUSE EFFICIENTE DE L’ENFER.

La cause efficiente, au sens large, qui a produit l’état de choses qui exige l’enfer, c’est le pécheur par son péché et lui seul. Cf. S. Thomas,. Sum. theol, la lIae, q. LXXXVII, a. 1, ad 2um.

La vraie cause efficiente directe de la peine est diverse suivant les peines. De la peine concomitante, dépravation de la volonté, désordre des facultés, remords, etc., la cause efficiente est encore le pécheur lui-même par son péché et la conscience de son péché, Dieu n’en est que ha cause efficiente indirecte, comme auteur de la nature avec ses lois essentielles.

Mais l’enfer consiste proprement dans les peines du dam et du sens. Dieu en est la cause efficiente en tant qu’il les inflige aux pêcheurs; il inflige la peine du dam par mode de privation et celles du sens par action positive, non toutefois immédiatement, mais médiatement par l’intermédiaire de créatures, ses instruments. Sur la nature et l’efficacité de cette action, voir FEU DE L’ENFER.

Les démons et les damnés sont encore entre eux des causes instrumentales au sens large pour le supplice que leur procure leur société. Les Pères ajoutaient, en outre, unanimement, que les démons exercent en enfer un véritable empire de bourreaux sur les damnés; et cette affirmation répondait à leur conception du péché esclavage du démon. Cf. J. Rivière, Le dogme de la rédemption, Paris, 1905, p. 375 sq. Après la critique et la destruction de la théorie des droits du démon sur les hommes par saint Anselme et par Abélard, on ne cessa pas pourtant d’admettre une véritable sujétion de l’homme damné au démon, sujétion existant par la permission de Dieu et pareille à celle qui met le criminel au pouvoir du bourreau. Gf. S. Anselme, Homil., v. in Matth., XVIII, P. L., t. CLVIII, col. 620; S. Thomas, Sum. theol., IIIa, q. XLVIII, a. 4, ad 2um. Cependant le Maître des Sentences, I. IV, dist. XLVII, n. 5, P. L., t. CXCII, col. 955, rapporte une opinion qui refusait au démon, non seulement tout droit, mais tout pouvoir sur l’homme, au moins après le jugement. Saint Thomas la rappelle aussi avec l’opinion contraire du pouvoir diabolique éternel sur les damnés, Sum. theol., IIIae Suppl., q. LXXXIX, a. 4; et il déclare qu’il est impossible de se prononcer avec certitude en faveur de l’une ou de l’autre. Verius tamen existimo quod sicut ordo servabitur in salvatis... eo quod omnes caelestis hierarchiae ordines perpetui erunt, ita servabitur ordo in poenis, ut homines per daemones puniantur, ne totaliter divinus ordo quo angelos medios inter naturam humanam et divinam constituit, annulletur; nec ob hoc minuitur aliquid de daemonum poena, qui in hoc etiam quod torquent ipsi torquebuntur; ibidem enim miserorum societas miseriam non minuet sed augebit.


IX. CAUSE FINALE DE L’ENFER.

Nous voici au coeur de la théologie de l’enfer, c’est-à-dire de la science de l’enfer au point de vue de Dieu. Si Dieu n’est pas mû par un bien quelconque à vouloir ce qu’il veut, il ordonne cependant toutes ses oeuvres à une fin dernière. A quelle fin, d’abord, a-t-il ordonné l’enfer? Et puis, dernier pourquoi des oeuvres divines, quelle a été la raison formelle pour laquelle il a voulu l’enfer?

1° La fin de l’enfer. — 1. Ordre de la justice ou de la nature essentielle des choses voulues par la bonté créatrice. Chaque chose, d’après sa nature, a une fin directe et immédiate répondant totalement à cette nature. L’enfer est un châtiment; sa fin immédiate est donc de réparer l’ordre moral détruit par le péché. La peine du dam répare le reatus aversionis du péché; les peines du sens, le reatus conversionis, et les diverses peines ou degrés de peines du sens, les diverses espèces des conversiones indebitae ad creaturam. Dieu est donc juste en créant l’enfer pour les pécheurs car, comme nous l’avons vu, le péché exige l’enfer par mérite de sanction, en droit, dès qu’il est commis, en fait, après la mort lorsque ce droit ne peut plus être périmé par la conversion.

La sainteté de Dieu resplendit non moins en enfer, car la sainteté, c’est l’ordre moral maintenu parfait, ou la nécessité pour tout être libre de ne glorifier que le Bien. Par l’enfer, Dieu ne permet pas que le pécheur se glorifie et jouisse de son désordre, du mal; ainsi est maintenu inviolable le principe que seul le Bien est béatifiant, est bon.

Cet ordre de la justice est un ordre absolument essentiel et c’est une exagération de dire que l’enfer est exclusivement une oeuvre d’amour, de l’amour qui voulait forcer les hommes au salut par la crainte. Si Dieu permettait le péché irréparable dans l’éternité, il devait vouloir l’enfer. Cela rentre dans la nature métaphysique des choses actuelles. Pourquoi Dieu a-t-il voulu l’ordre actuel avec le péché et l’enfer, c’est une question que nous résoudrons un peu plus loin. La justice de Dieu en enfer n’est pourtant pas une vengeance personnelle au sens strict, cette vengeance que défend l’Évangile. Dieu pardonne toujours de ce pardon qui continue à vouloir du bien, mais il ne donne que le bien possible; les damnés ne veulent plus à jamais et ne peuvent ainsi jamais plus recevoir la grâce; Dieu ne peut la leur donner et ainsi il ne peut leur pardonner de pardon justifiant. Cf. S. Grégoire, Dial., 1. IV,c. XLIV, P. L., t. LXXVII, col. 404.

Il est encore de l’ordre essentiel des choses que toute créature soit une manifestation de Dieu, une participation ad extra de quelque perfection divine qu’elle manifeste ainsi ou fait connaître et aimer par les intelligences créées, procurant de la sorte la gloire de Dieu. L’enfer procure, lui aussi, cette gloire de Dieu, car il manifeste d’une manière spéciale tous les attributs divins : justice, sainteté, bonté, sagesse, libre indépendance, etc.

2. Ordre de l’amour ou de la surabondance de la bonté créatrice. Dieu aurait pu ne vouloir l’enfer que comme châtiment et le vouloir pour tout péché mortel, commis par les hommes, sans s’y opposer par aucun moyen extraordinaire. En fait, Dieu a voulu déverser sur l’humanité une surabondance d’amour, tellement incompréhensible qu’il a fallu parler des folies de l’amour divin. Dans notre création, Dieu est amour; le crucifix, l’eucharistie, le Sacré-Coeur: voilà ce qu’il faut considérer pour comprendre l’enfer, car, malgré cet amour, Dieu a voulu l’enfer. Par suite, il est souverainement probable, comme le pensent plusieurs théologiens, que Dieu ne précipite pas le pécheur en enfer pour un péché mortel isolé, surtout pour un péché de fragilité, mais qu’il n’y envoie que des pécheurs invétérés. En outre, on peut assurer qu’il distribue à tous les hommes des secours extraordinaires pour les aider à éviter le péché mortel sans que nous puissions expliquer quels sont ces secours. Il est donc vrai de dire que l’enfer n’est que la punition d’un mépris obstiné de l’amour divin. Cf. Lacordaire, Conférences de Notre-Dame, 1851, LXXIIe conf., De la sanction du gouvernement divin. Par amour, Dieu patiente avec le pécheur et lui pardonne sans cesse ses crimes; par amour, il cherche à le sauver et à s’en faire aimer, et si enfin il damne ce pécheur obstiné, c‘est encore par amour. Lorsque Dieu, un effet, a choisi, parmi les mondes possibles, le nôtre, il a voulu, en lui, le bien, et il en a permis le mal, les péchés et l’enfer; mais il n’a permis le mal que parce qu’il était utile au bien, au salut des élus. Cette utilité est double: l’enfer devait être un puissant stimulant, le seul efficace pour beaucoup, de salut et de sainteté et finalement pour les élus une raison plus grande de joie reconnaissante et d’amour. S. Thomas, Sum./ theol, IIIae Suppl., q. XCIX, a. 1, ad3am, 4am. Iniqui omnes aeterna supplicio deputati sua quidem iniquitate paniuntur et tamen ad aliquid ardebunt, scilicet ut justi omnes et in Deo videant gaudia quae perceperunt et in illis perspeciant supplicia quae evaserunt; quaternus tanto magis in aeternum divinae gratiae de debitores se esse cognoscant quanto in aeternum mala puniri conspiciunt, quae ejus adjutorio vicerunt. S. Grégoire le Grand, Dial., I. IV, c. XLIV, P. L., t LXXVII, col. 404.

Nous avons ainsi, par offensive, résolu la grande objection faite à l’éternité de l’enfer : un enfer éternel ne peut s’accorder avec la bonté et la miséricorde de Dieu. Comme réponse directe il faut ajouter ceci: la bonté de Dieu, c’est son amour faisant du bien gratuitement : cette bonté est miséricorde à l’égard d’êtres misérables. Aux damnés Dieu a-t-il voulu le bien, la perfection, le bonheur et rien que cela? Oui, de volonté antécédente, c’est-à-dire de volonté réelle, sincère, efficace. Dieu crée tous les hommes pour le ciel et personne pour l’enfer; il bien qu’il donne à tous les moyens nécessaires, et même, de fait, surabondants, pour arriver au ciel : voilà l’amour et la bonté de Dieu universels. Mais les hommes sont libres; s’ils refusent d’aller au ciel et s’ils se plongent dans le mal, qu’y peut la bonté de Dieu? Par miséricorde les sauver malgré tout? Mais la miséricorde est un attribut tout transitoire: le mal disparaît ou devient irrémédiable. Alors Dieu ne devait pas créer ces maux irrémédiables? Il aurait pu ne pas les créer; mais il n’y était pas tenu, n’étant pas tenu de fermer son coeur sur tous, parce que quelques misérables devaient abuser de ses bienfaits. Bien plus, nous allons le dire, c’est par amour plus grand que Dieu a sans doute conservé le mal dans notre ordre, alors qu’il aurait pu le supprimer.

2° La raison formelle et dernière de l’enfer. — La raison formelle, objective et dernière des volitions divines, c’est l’amour de son bien infini, en tant que manifesté librement dans la participation finie du bleu infini aux créatures. Voir t. II col. 838-840. Du degré dont Dieu veut par son amour subsistant aimer les biens limités il n’y a d’autre raison que le libre amour de Dieu. Il y a, en effet, un ordre essentiel que Dieu se doit de mettre partout. Mais au-dessus de cet ordre essentiel, il y a le surabondant que Dieu ne doit plus et qui ne dépend que de sa liberté, c’est-à-dire de la part d’amour infini qu’il veut bien accorder aux créatures. Dire que Dieu doit le salut final à tous, c’est mettre en lui une nécessité dans le domaine même du surabondant et c'est faire imposer des limites à son amour créateur par la créature même et par le péché de la créature. Avec plus d’amour pour telles créatures, Dieu n’aurait pas fait l’enfer; mais c’était un degré d’amour libre et indépendant et il ne l’a pas voulu. Cf. S. Thomas, Sum. theol., Ia IIae, q. LXXXVII, a. 3; q CLVII, a. 2, ad 1um. Telle est la dernière raison formelle de l’enfer, comme de toutes choses.

Connaissant l’immense amour de Dieu, on peut cependant se demander encore pour quelle perfection spéciale supérieure ce Dieu si aimant a voulu l’enfer, ou cet ordre de choses, comprenant le pêché et l’enfer? Est-ce parce que c’est un ordre d’amour excellent, plus excellent que les autres ordres où n’entrerait pas le péché, sinon tous absolument, ceux du moins qui sont de potentia ordinata? Et cette excellence provient-elle de ce que l’ordre de choses actuel est un ordre d’amour blessé par le péché, mais réparé par le Verbe incarné et rédempteur et puis par notre amour pénitent? C’est là une réponse traditionnelle : o felix culpa. Mais, définitivement, la question est insoluble. Dieu a choisi cet ordre où il y a le péché et l’enfer pour manifester librement son amour infini dans le degré que réalise le monde créé. » ("Dictionnaire de théologie catholique contenant l'exposé des doctrines de la théologie catholique, leurs preuves et leur histoire", Letouzey et Ané, Paris, 1902-1950)


9. L’enfer, cause efficiente et cause finale

(par le torrentiel le 2 septembre à 6h4


Cher Meneau,

Tout d'abord, je tiens à vous remercier de l'envoi de cet article dont la formulation est un peu datée, mais qui fait réfléchir.


On y sent fortement l'empreinte de la scholastique, qui plaque sur nos questionnements de nature parfois trop émotive et existentielle des réponses qui peuvent, elles, être de nature trop abstraite et philosophique, mais qui ont le mérite d'être argumentées. De plus, toute expression humaine a ses limites.


Comme le dit bien ce dictionnaire, il ne s'agit pas que la créature et plus encore la créature pécheresse mette des limites ou de la nécessité dans la Souveraineté de Dieu et de Son Amour.


Je voudrais construire ma réponse en questions, réserves et propositions que je reçois sans restriction, tout en insistant au préalable (on ne le fait jamais assez) sur le peu d'importance que peut avoir ma résistance subjective à recevoir tel ou tel argument de la doctrine de Foi (il faut être fidéiste de toute son âme et, si nécessaire, lutter avec l’ange de toute son intelligence).


La lutte avec l’ange est une question de tempérament. Y sont particulièrement portés les tempéraments rebelles (tempérament dont je ne me fais pas gloire. Il est important de soumettre les restrictions internes qu'on met à recevoir le Plan de Dieu à l'infinie supériorité de la Sagesse de de celui-ci.


Je commencerai d'abord par une question.


Qu'appelle-t-on "peine de dam" et "peine de sens" ?


Voici maintenant mes réserves.


A. Réserves de formulation.


« « Si Dieu n’est pas mû par un bien quelconque à vouloir ce qu’il veut, il ordonne cependant toutes ses oeuvres à une fin dernière. » La proposition qui ouvre cette phrase a l’air d’employer « si » comme synonyme de « bien que », en conjonction subordination de concession, l’opposition étant rappelée par « cependant » dans la principale. On en déduit l’affirmation suivante, exprimé sur le mode négatif :

« Dieu(n’est pas tenu d’être Mû) par un bien quelconque à vouloir ce qu’Il Veut ». » Et cette interprétation est confirmée par la fin de l’article :


« Alors Dieu ne devait pas créer ces maux irrémédiables? Il aurait pu ne pas les créer; mais il n’y était pas tenu ».


- « La bonté (de Dieu) est Miséricorde à l’égard d’êtres misérables ; (…) mais la Miséricorde est un attribut tout transitoire ».


B. Réserves de causalité.

« La cause efficiente, au sens large, qui a produit l’état de choses qui exige l’enfer, c’est le pécheur par son péché et lui seul. »

-« le péché exige l’enfer par mérite de sanction, en droit, dès qu’il est commis, en fait, après la mort lorsque ce droit ne peut plus être périmé par la conversion. »

- « Si Dieu permettait le péché irréparable dans l’éternité, il devait vouloir l’enfer. Cela rentre dans la nature métaphysique des choses actuelles. »

Ce n’est donc pas le pécheur et lui seul qui a produit l’état de choses qui exige l’enfer, c’est une certaine hiérarchisation instituée par Dieu et Dieu Seul entre le péché et l’enfer, celui-ci réparant un mal moral auquel la Rédemption n’a pas mis fin.

Cette hiérarchisation est d’autant plus contestable que Dieu n’a pas premièrement promis l’enfer à l’homme, mais la mort (avec la connaissance).

A moins de faire de la mort un synonyme de l’enfer, il y a exacerbation de la peine entre le moment où le délit qui vaut peine est commis, avec l’indication de la peine proportionnée, et le moment où est fixé ce qui doit être entendu par l'application de cette peine : l’enfer au lieu de la mort, peine dont je vous accorde qu’elle a commencé à s’exercer dès que des anges, gardiens de l’immortalité par l’épée et par la flamme, ont été dépéchés pour interdire à l’homme l’accès du merveilleux Jardin ou paradis terrestre.


- « Dieu pardonne toujours de ce pardon qui continue à vouloir du bien, mais il ne donne que le bien possible; » or qui a fixé les limites du possible ? Dieu n’est-Il pas le Dieu de l’impossible ? Qui a fixé que « les damnés ne (veuillent) plus à jamais », ce qui rend impossible qu'ils reçoivent la Grâce ?


-"Dieu... est la cause efficiente indirecte" de l'enfer.


C. Mes réserves de conséquence.


-La sujétion post mortem des damnés aux démons serait une relativisation de l’Incarnation ;

Même si, après « la destruction des droits des démons sur les hommes par Saint-Anselme et par Abélard », cette sujétion se réduit, de permission divine, à « à mettre le criminel au pouvoir du bourreau » démoniaque, ce serait une belle revanche pour les démons que celle qui satisferait pleinement à leur jalousie, faute d’avoir pu infléchir le Dessein divin de l’Incarnation, de pouvoir se venger durant l'éternité des hommes qui ne s’en seraient montrés, ni dignes, ni reconnaissants : la vengeance serait ainsi placée au centre de l’économie du salut.

Heureusement, « Saint-Thomas, rapporte l’opinion d’un théologien qui refusait aux démons, non seulement tout droit, mais tout pouvoir sur l’homme, au moins après le Jugement. Saint Thomas la rappelle aussi avec l’opinion contraire du pouvoir diabolique éternel sur les damnés, (…)et il déclare qu’il est impossible de se prononcer avec certitude en faveur de l’une ou de l’autre.


Propositions qui épaississent le Mystère

Voici des formules que je trouve heureuses, parce qu'elles épaississent le Mystère :


"… »et c’est une exagération de dire que l’enfer est exclusivement une œuvre d’amour, de l’amour qui voulait forcer les hommes au salut par la crainte ». " (En contrepoint, je citerai Isaïe, 29-13 : « ce peuple s’approche de moi de sa bouche, et qu’ils m’honorent de leurs lèvres, et que leur cœur est éloigné de moi, et que leur crainte de moi est un commandement d’hommes enseigné… »)


Car, malgré cet amour, Dieu a voulu l’enfer.


- "Bien plus, nous allons le dire, c’est par amour plus grand que Dieu a sans doute conservé le mal dans notre ordre, alors qu’il aurait pu le supprimer. ".


Propositions que je reçois sans restriction

Voici enfin les propositions que je reçois sans restriction, dans un ordonnancement que je rends volontairement progressif, pour faciliter la Contemplation de ceux qui les aimeront comme moi :


- « Seul le bien est béatifiant », et il ne faudrait pas que « le pécheur » « jouisse de son désordre », par où ne « (resplendirait) plus la Sainteté de dieu ».

- - « Dieu crée tous les hommes pour le ciel et personne pour l’enfer;

- « Le crucifix, l’eucharistie, le Sacré-cœur, voilà ce qu’il faut considérer pour comprendre l’enfer ».

- « Cet ordre de la justice est un ordre absolument essentiel ».

- - « La Justice de Dieu en enfer n’est pourtant pas une vengeance personnelle au sens strict, cette vengeance que défend l’Évangile. Dieu pardonne toujours de ce pardon qui continue à vouloir du bien,, mais Il ne donne que le bien possible. », mais les damnés ne voulant plus ne peuvent plus recevoir la Grâce, « dieu ne peut la leur donner et ainsi, Il ne peut leur pardonner de pardon justifiant».

- « il est souverainement probable, comme le pensent plusieurs théologiens, que Dieu ne précipite pas le pécheur en enfer pour un péché mortel isolé, surtout pour un péché de fragilité, mais qu’il n’y envoie que des pécheurs invétérés. (…)Il est donc vrai de dire que l’enfer n’est que la punition d’un mépris obstiné de l’amour divin. »


Je remercie encore Meneau pour cet article, et j'espère que nous aurons ensemble contribué à spéculer, à méditer et à prier au sein des Mystères du trois fois Saint


10. peine du dam et peine du sens

Par Meneau le 2 septembre 2011 à 9h


En résumé, la peine du dam, c'est l'exclusion définitive de la vie éternelle, la perte irrémédiable de la béatitude suprême, la privation de la vision béatifique et de la possession de Dieu.
La peine du sens, est la souffrance ressentie dans les sens, entre autres le feu, la géhenne dont parlent les Evangiles.

Cordialement

Meneau


10. Réponse à vos réserves.

(par Meneau le 2 septembre 2011 à midi)


A / Réserve de formulation:

Dieu n'est pas mû par un bien quelconque à vouloir ce qu'il veut parce qu'il est acte pur et premier moteur. Mais il ordonne ses oeuvres à une fin dernière. La façon dont Il a "pensé" cet ordre ne nous apparaît pas toujours clairement. Il aurait donc pu ne pas créer l'enfer, certes. Mais il a vu, dans Son plan divin, qu'il était mieux de le faire. Et ceci ne peut être opposable à l'Amour divin, car en définitive ce n'est pas Dieu, mais bien l'homme qui fait le choix de se détourner du bien. Dieu pourrait sauver les hommes malgré eux, mais quid dans ce cas de leur libre arbitre ? Non, dans son plan d'Amour infini, il a jugé meilleur de les doter de libre arbitre, et il a voulu l'enfer pour quelque "perfection spéciale supérieure" qui nous échappe.

Cependant, l'argument de Justice et d'Amour à l'égard des justes me paraît déjà une voie de réflexion : quelle justice y aurait il, quel amour particulier y aurait-il à l'égard des justes, si le juste et le non-juste (du coup je peux pas dire "damné") avaient droit l'un comme l'autre à la même récompense éternelle ?

B / Réserves de causalité

B.1 : hiérarchisation péché / enfer.

Premièrement, l'enfer, en tant que peine du dam, existait avant Adam et Eve, puisque le péché des anges était déjà commis.

Deuxièmement, la génèse ne nous parle explicitement que des peines temporelles liées au péché originel, mais le péché originel lui-même est un rejet volontaire de la grâce, et donc de la vision divine à laquelle l'homme est ordonné par la grâce, en sorte qu'il n'y a pas exacerbation de la peine dans le fait qu'en plus de la mort il y a le dam, mais en quelque sorte adhésion volontaire de l'âme à ce dam par le fait même du péché.

Quant à la peine du sens, l'opinion commune selon saint Thomas est qu'elle n'est pas dûe au péché originel (De malo, q5, a2)

B.2 : Le "Dieu de l'impossible" a fixé les règles.

La mort d'un homme fixe son âme dans un état de connaissance et de volonté qui fait qu'il "veut" ou "ne veut plus" à jamais. La cause efficiente est donc bien l'homme, qui au départ a voulu ou n'a pas voulu. Dieu n'a fait que fixer les règles qui régissent la nature humaine, qui fait que cet état demeure ensuite figé. Mais au départ c'est bien le pécheur qui se détourne de Dieu et se fixe sur la créature de façon désordonnée. Et là encore on ne peut opposer à cela l'Amour divin, car Dieu l'a dit lui-même : il donne en ce monde toutes les grâces nécessaires, pendant que l'homme, selon les lois de la nature qu'Il a fixées, peut encore "vouloir" ou "ne pas vouloir".


C / Réserves de conséquence

C.1 : la vengeance au centre le l'économie du salut

La persécution démoniaque n'est qu'une peine supplémentaire aux autre peines selon le DTC. L'exercice de cette vengeance des démons n'est donc pas "au centre de l'économie du salut".

D'autre part, le péché des anges ayant été au départ une révolte contre le plan de Dieu concernant la Rédemption du genre humain, il serait logique, du point de vue des anges déchus, que l'état dans lequel ils se trouvent fixés pour l'éternité soit justement l'état où ils font obstacle au bonheur éternel de l'homme voulu par Dieu, et donc participent au tourment des damnés.

Ce n'est pas une vengeance, c'est la conséquence logique, la mise en acte, de leur péché.


C.2 : les propositions que vous recevez

En fait, elles se rapportent essentiellement au point B ci-dessus. Dieu ne donne que le bien possible selon les règles de la nature humaine qu'Il a fixées, en sorte que s'Il est cause efficiente, cela ne peut être que de façon indirecte au sens où il a fixé les règles de notre nature.

Cordialement

Meneau


3
12. Dieu, premier Moteur, ne peut pas être mû…

(par le torrentiel, le 2 septembre 2011 à 16h55


Cher Meneau,

1. En prenant les mots du strict point de vue verbal, vous avez raison, et nous sommes là dans un pléonasme en bonne et due forme.

J'ai bien reconnu la définition d'Aristote, « DIEU EST LE PREMIER MOTEUR DU PREMIER MOUVEMENT », que Saint-Thomas a érigée en première preuve de l'existence de Dieu.


Toutefois, même si l'on ne peut guère remonter davantage aux origines de la vie qu'au travers de cette preuve ou définition, vous m'accorderez, je l'espère, que cette preuve par le mouvement est un peu mécaniste, ce qui n'a rien d'étonnant, quand on considère qu'elle fut trouvée par un physicien, un naturaliste, un précurseur de nos biologistes.

Dieu nous y est montré donnant la première impulsion au mouvement, mais par souci de ne pas s'écarter de ce qu'il observe, Aristote ne se met pas en peine de déterminer la finalité qui a donné lieu à ce premier mouvement, autrement dit la Volonté Qui a fait se mouvoir ce premier Moteur et dont notre Foi affirme que c'était l'Amour de Dieu.


2. Vous réfutez très intelligemment ma réserve sur la "peine de dam et de sens" exacerbant ce dont l'homme était menacé s'il désobéissait.

Cela suppose que l'on puisse avoir une certitude antébiblique et antégénétique sur le péché des anges qui, connu de l'homme, lui eût fait mesurer l'étendue métaphysique de sa transgression.

Je ne nie pas l'autorité de cette croyance, je m'enquiers simplement de ce qui la fonde ; je me demande si on en a quelqu'attestation biblique ; et, si c'est seulement la Tradition qui l'a construite, bien que je fasse crédit à la Tradition, je reste perplexe à l'idée que la Tradition puisse précéder l'Ecriture.


3. J’ai certainement forcé le trait en mettant la persécution démoniaque au centre de l’économie du salut.


Mais, pour n'être, pour ainsi dire, qu'à la périphérie de la damnation et qu’une peine supplémentaire, cette persécution démoniaque, mise en acte du péché des anges, pousse leur déchéance dans une logique littéralement inhumaine, puisqu'elle vise à les faire bourreaux des hommes pour l'éternité, ce qui peut tout aussi bien s'interpréter comme une victoire de leur révolte sur la Rédemption, puisqu'ils n'ont jamais rien tant désiré que s'opposer à l'Incarnation, que nuire au genre humain et qu'être "hommicides depuis le commencement" et pour toujours.

si Dieu avait permis ou permettait que les démons poussent leur haine jusque dans ses retranchements éternels , ce ne serait certes qu'une "mise en acte" du péché des anges, mais qui ferait prévaloir la pure logique de la conséquence du péché sur l’Amour privilégié dont Dieu Aurait élu les hommes au point de les faire supplanter les anges.

Rappelons que le DTC et Saint-Thomas eux-mêmes ne présentent cette commission éternelle de l'homme à ses bourreaux démoniaques que comme une hypothèse du "pouvoir des démons" sur les hommes, difficilement compatible avec la reconnaissance par l'Eglise que les démons ne sauraient par ailleurs avoir aucun "droit sur les hommes.

Avec toute ma reconnaissance pour le temps que vous avez déjà consacré à cet échange


le torrentiel


Nota :

Il manque à cet article, pour être plus complet, c’est-à-dire pour mieux cerner cette question de nos fins dernières :

- l’ensemble des références du CEC (Catéchisme de l’Eglise Catholique) où il est question de l’enfer : Meneau m’en a fourni un lien, mais il n’est pas facile d’utilisation. Le voici tout de même :
là.


- la recension (ou la retranscription) de ce que dit le dictionnaire « théo » à l’article « enfer » ;

- la recension d’un ouvrage d’un ancien professeur à l’école cathédrale (dont j’ai oublié le nom, son prénom est Marcel) du livre qu’il a écrit sur l’existence ou non du diable, en accompagnement de son cours.

Je remercie comme il se doit tous ceux qui ont bien voulu participer à cette discussion

Julien weinzaepflen (alias le torrentiel)