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vendredi 29 avril 2011

Et mourir de pitié

Devenir oreille en ce monde, c'est se faire éponge et se faire éponge, c'est trouver sa forme de pleurs : c'est mourir de pitié. Que manque-t-il à la pitié pour devenir chagrin ? Notre égoïsme ou, si vous aimez mieux, notre instinct de survie.

Le mal à croire

Ddétournement de l'action

L'évolution a dénoyauté le nom en subvertissant la mise de l'intelligence au service du verbe, en faisant croire que ce prétendu privilège de l'homme le ferait avoir été dans un agir premier. (Qui ne préférerait à l'agir premier le premier amour ?) Or le personnalisme humain, ce visagisme, est un nominalisme. Ce nominalisme est réflecteur du verbe en ce que tou nom contient le verbe être en substance, et que le verbe est un état tour à tour méditant et jouant autour et auprès du principe. La Création fut plus un "contempler" qu'un "agir". L'action est seconde, qui a gravé et aggravé l'état de vie. Qui a gravé et aggravé le livre de vie en lettres de pierres. Qui a bravé l'argile en landes crayeuses et abrasives. L'intelligence est minérale, l'acte est végétatif, l'inspiration est animale, l'homme assume la montée de la sève jusqu'au nez, la raideur de la pierre jusq'uau coeur, et les battements du coeur alourdi d'être pierre jusque dans ses jambes flageolantes et les chancellements d'une pensée qui est un mal-à-croire.

J. weinzaepflen

L'aveugle et son binôme

Cécité physique : La règle est devenue de ne pas faire voir qu'on ne voit pas, pour gommer la différence au nom du droit à la différence. Il ne faut pas se ridiculiser en faisant un indiscret tapage d'humour noir ou de sauts à l'élastique, comme si "on n'avait pas toujours besoin d'un plus petit que soi". Quand on se met en valeur en tant qu'aveugle qui a vaincu, on rapetice, on rabaisse, on écrase, on efface son binôme, celui-là sans qui l'on ne serait rien ou on ne pourrait pas grand-chose, son copilote de tandem ; on se berce d'une impossible autonomie dont le caractère chimérique appose la signature que l'indépendance n'est pas de ce monde ; on occupe tout le champ d'un épuisant brassement d'air et l'on n'est pas un étourneau : on brâme, on est le cerf de la preuve et finalement, on prouve par l'absurde qu'on ne peut pas ; et s'étant épuisé soi-même à vouloir passer tous les seuils, on finit par revendiquer qu'on n'a rien à prouver. On fait la preuve qu'on ne dépasse pas l'indépassable, qu'on ne vainc pas l'invincible. Il est beaucoup plus opératoire d'exprimer intégralement ce que signifie discrètement une cécité identitaire, dans ce qu'elle a d'inacceptable, même pourcelui qui la vit. On devient alors peut-être le plus faible de son binôme, le plus dépendant du tandem, mais on se réalise en reconnaissant que, sans ce veneur en aide, on ne ferait pas de grands exploits ; et, puisqu'enfin, on ne tire plus la couverture à soi, il n'est plus dit par politesse par notre binôme que nous lui apportons cent fois plus que ce qu'il nous apporte.

lundi 25 avril 2011

La Rédemption ou le paradis retrouvé et plus encore!

Nous avons pour Sauveur un Dieu, non seulement "plus grand que notre coeur", mais plus grand que notre péché, comme Marie a été dite par bernanos "plus jeune que le péché". Nous pouvons nous reconnaître pécheurs en toute simplicité et humilité de conscience, parce que c'est notre état et que l'une des Grâces que nous a obtenue la Rédemption, c'est de pouvoir vivre sans avoir à nous cacher de dieu, de pouvoir vivre à l'ombre de ses ailes, de pouvoir vivre à nu devant sa face sans que cette nudité ne constitue un blasphème, ni n'entraîne en nous honte ou pudeur. Avons-nous conscience que la rédemption, si nous en vivons, nous a fait retrouver le paradis perdu? Ce n'est pas seulement "en espérance", c'est aujourd'hui déjà que nous sommes avec Lui dans son royaume!


Julien,
"Avons-nous conscience que la rédemption, si nous en vivons, nous a fait retrouver le paradis perdu?"

Le paradis perdu et mieux encore! Car, comme on me l'a fait observer quand je postai ces quelques lignes sur un blog ami,
http://www.ab2t.blogspot.com
"Nous ne redevenons pas ce vieil Adam. Adieu Paradis perdu.
Mais un ciel nouveau, une terre nouvelle nous sont promis, la Jérusalem céleste s'ouvre à notre devenir. Elle est encore en gestation, elle sera toute neuve, toute jeune et cela éternellement."

Que Dieu ouvre à chacun des lecteurs de ces lignes le chemin d'une Pâque éternelle!

jeudi 21 avril 2011

La prière comme mémoire

(Jeudi saint)

Se convertir, et si ce n'est se convertir, au moins prier, c'est demander à dieu d'avoir "mémoire de nous" :
« Seigneur, souviens-toi… dans Ton Royaume, souviens-Toi de moi », supplie le bon larron. Dieu répond à cette supplique par un « Aujourd’hui même de l’éternité », un instantanément. Une variante de la prière qui invoque le souvenir de dieu, à l’imitation de celle où dieu invoque notre souvenir, est celle qui Le supplie :
« Jésus-christ, Fils de david, prends pitié de Moi, pécheur » ! Cette demande de pitié est une variante de l’effet produit par la mémoire. Ne dit-on pas souvent que le resassement est un appitoiement sur soi ? Mais ce n’est pas un appitoiement injustifié : la mémoire rééchelonne la vie d’après l’enchaînement des circonstances, où le mal vient plus de La souffrance qu’elle ne la produit. La souffrance a produit du mal qui à son tour produit de la souffrance. Recherche cercle vertueux désespérément, voici la prière :
« Dieu, viens à mon aide, Seigneur, à notre secours ! »

es hypermnésiques (dont je suis) ne sont pas nécessairement des gens qui aiment plus que les autres: ce sont simplement des gens plus attentifs. Or l'attention suppose de l'intérêt. Et l'intérêt suppose à son tour quelque chose qui ressemble à l'amour.

Celui dont on ne se souvient pas est comme orphelin de sa vie. C'est ce que Jésus exprime implicitement quand Il décrit d'abord l'Esprit en saint-Jean comme celui "qui vous fera ressouvenir de tout ce que Je vous ai dit". L'esprit, c'est ce qui empêchera les apôtres d'être orphelins de Jésus et, si Jésus n'avait été qu'un homme, c'est ce qui aurait empêché Jésus d'être orphelin de Sa vie. Mais, même en Qualité de Dieu, si je puis dire, l'esprit est celui qui empêche la vie de Jésus de se perdre. Elle aurait pu être donnée volontairement et se perdrequand même, si l'esprit n'en avait ravivé le souvenir à perpétuité dans le coeur des disciples.

La condition de l’orphelin nous offre un nouveau chaînon pour relier la mémoire et la pitié, car « dieu a pitié de l’orphelin, et nous nous sentons nous-mêmes frémir d’émotion devant l’irruption de ce deuil des deuils, de cette amputation de la tête et de la racine de tous les liens. Nous nous sentons tellement impuissants devant ce malheur que nous y réagissons par notre faux-fuyant accoutumé : l’indifférence. L’orphelin est devenu transparent à la société, on n’en parle plus, on ne le voit plus, on ne saurait dire où se situe un orphelinat dans la ville. L’orphelin est dans la misère, et notre réaction face à la misère est l’indifférence qui permet de ne pas la voir.

L'esprit empêche le Christ d’être Orphelin de la Vie qu’Il a donnée. Il en avive le souvenir comme la mémoire, qui fait sortir de l'ombre, commence par ramener à la vie, avant de la développer dans la Lumière.
L'esprit, après "vous avoir fait ressouvenir de tout ce que Je vous ai dit", vous dira ce que j'aurais encore à vous dire, mais que vous n'êtes pas en mesure de "porter pour le moment". Et puis Il vous "fera accomplir les mêmes oeuvres que Moi, même de plus grandes".

La mémoire, c'est l'exercice au suprême degré de la faculté d'attention. La prière ne se fait demanderesse des attentions de dieu que dans la mesure où elle se sait procéder premièrement de la mémoire. Elle nous fait demander à dieu d'avoir des attentions pour nous, et puis de l'attention. Quand, par l'attention de dieu, la relation devient vivante, entre l'orant et Celui qui est prié, ici commence "la vie de l'esprit", la vie d'Union à dieu, qui n'a pas besoin de faire effort pour "prier sans cesse": parce que le contact est permanent, l'attention l'étant aussi.

L'attention est permanente, cela ne veut pas dire qu'elle soit aux aguets, cela veut dire qu'il y a une sorte d'harmonie entre l'orant et l'Oré que rien, pas même le péché, ne peut ébranler, car "rien ne peut nous séparer de l'amour du Christ!"

lundi 18 avril 2011

Les inaperçus de l'actu

(chronique VI)


19 avril 2011


31. La révolution manifestationnaire.
32. De la liberté de protester en démocratie représentative.
33. Débat contre référendum.
34. La stratégie du troisième front pour faire la paix.
35. Prime salariale aux dividendes.
36. La vénalité des robins.


31. La révolution manifestationnaire.

Nicolas sarkozy s’est vanté d’y mettre fin en ne cédant pas sur la réforme des retraites après avoir reproché à son rival, Dominique de Villepin, de ne pas avoir voulu céder sur le Contrat Première embauche, qui aurait sorti pas mal de jeunes sortis sans qualification du système scolaire de la panade. Sarkozy, lui, préfère mettre les vieux dans la mouise. Sa réforme avait certainement contre elle d’être injuste, mais le panache de l’agité se montra en ce que, pour la première fois, un gouvernement ne recula pas devant l’injonction manifestationnaire rituelle. Il fit passer sa réforme en dépit de la protestation de la rue s’écoulant en cortèges. Sauf qu’à peine fut-il passé en force que son gouvernement battit en retraite !

32. De la liberté de protester en démocratie représentative.

En démocratie représentative, vous avez le droit de manifester, mais avec l’autorisation de la police.

33. Débat contre référendum.

Sarkozy ne nous aura pas pris en traîtres, il nous avait prévenus. Sous son quinquennat, on ne devait pas s’attendre à des référendums. De crainte que la démocratie ne s’en trouve frustrée, il organisa des débats : : « débat sur l’identité nationale » (bientôt retiré), puis débat sur l’ »islam et la laïcité ». Le premier débat eut lieu en préfecture : on ne savait pas que le siège de la police était la nouvelle agora ! Le second débat eut une caractéristique inédite : avant même que le cénacle des débatteurs n’entrent dans la salle, on connaissait l’issue du débat : quelque vingt-huit propositions rédigées de la main alerte de copé, vous savez ? Le « député qui compte ou trompe énormément » et qui, lorsque Tarik ramadan est son interlocuteur d’un soir, . a soudain oublié ce que veut dire un moratoire. En tout cas, « Le monde » (« On ne peut pas gouverner contre « Le monde « , a dit Lionel Jospin) soutient Sarkozy mordicus dans sa lutte contre le référendum : entre autres gages que devra donner la fille de l’épouvantail si elle veut que le parti de son papa soit tenu pour « un parti comme les autres », le « quotidien du soir » l’a enjointe d’avoir à renoncer au référendum.

34. La stratégie du troisième front pour faire la paix.

On nous a bien vendu l’intervention en Lybie, il n’est pas jusqu’à mon pacifisme qui n’ait été pris en défaut. Au début, il s’agissait de faire une protection aérienne pour empêcher l’armée régulière de Muammar Kadhafi de massacrer son peuple. A l’épreuve des faits, on eut recours à la stratégie traditionnelle du bombardement de masse, mais tellement improvisée que même les américains ont pris leurs distances avec l’intervention. On frappa, à bombes déployées et frappant, on ne fit qu’organiser un troisième front, qui n’empêcha pas l’armée régulière de Kadhafi de progresser et de regagner du terrain. Que va-t-on faire si, dans cette configuration (concurrence de trois fronts), c’est le vieux colonel qui gagne la guerre ? On ne respectera pas le verdict des armes ! Depuis 1945 et la fin de la seconde guerre mondiale, la mondialisation de la guerre a pris pour principe de ne jamais respecter ce verdict. On renversera Kadhafi par des moyens illégaux au nom de la légitimité internationale. On a fait de même après la guerre d’algérie, gagnée sur un plan militaire. On aurait pu rester, ou même négocier notre départ dans des conditions qui auraient préservé nos alliés harkis, on s’est lassé de la guerre, et on est parti en les abandonnant en rase campagne à la vindicte de leurs ennemis. Par là commencèrent les massacres postcoloniaux dans ce pays. En Lybie, déjà, on commence à se lasser d’une guerre dont l’enjeu semble à peine pétrolier, depuis qu’on a découvert que le gaz de schiste pourrait suppléer la carrence pétrolière. On s’en lasse au point que l’elysée serait prêt à négocier avec le fils du vieux tortionnaire qui, avant guerre, a promis d’être encore plus tortionnaire que son papa. Au vrai, quel était l’enjeu de cette guerre ? Montrer la versatilité de sarkozy, tantôt caressant Kadhafi au point de l’inviter à redorer son blason à Paris, tantôt essayant sur son peuple les armes qu’il n’avait pas voulu nous acheter ! Ou bien le véritable enjeu de l’intervention française fut-il dévoilé par le vieux colonel, qui se croyait être le seul (en oubliant le gabon) à avoir financé la campagne du Président français et qui se déclarait prêt à révéler le dessous des malversations ! Après l’affaire de Karashi même étouffée, ça aurait fait mauvais effet.


35. Prime salariale aux dividendes.

2012 approche et Sarkozy ne veut pas tout à fait se couper de son électorat. L’idée lui est venue de relancer son image écornée de « Président du pouvoir d’achat « . Il fit la proposition, fortement contrebattue depuis, au point qu’elle est presque réduite à néant, de gratifier les salariés d’une entreprise dont les actionnaires auraient perçu de juteux dividendes sur des bénéfices exorbitants, d’une prime de mille euros, c’est mieux que rien ! Bien sûr, si on n’y met pas tellement de conditions que les salariés de ces entreprises bénéficiaires n’en verront jamais la couleur. Mais sarkozy nous avait assurés qu’il allait être un grand réformateur du capitalisme financier. Il allait imposer, à lui tout seul, dans son pays qui est aussi le nôtre, lui qui avait instauré « le bouclier fiscal » pour éviter la fuite des grandes fortunes, que les bénéfices des entreprises actionnariales seraient réparties en trois tiers : un tiers pour l’investissement, un tiers pour les actionnaires et un tiers pour les salariés. Cette prime de mille euros, c’est donc ce troisième tiers ?


36. La vénalité des robins.

Ca fait des années qu’ils le réclamaient : il était de toute nécessité judiciaire qu’un avocat fût présent dès la première heure de la garde à vue ! Peu importe qu’alors, l’enquête devienne à peu près impossible dans l’établissement des premiers éléments de la preuve, puisque l’avocat sommerait immédiatement son client de ne pas répondre aux questions ! Peu importe aussi qu’on ne trouverait jamais assez d’avocats disponibles pour, au premier appel de la maréchaussée, délaisser leurs banquets de gastronomes en blanche hermine et aller se commettre dans un commissariat auprès d’un prévenu hébété et souventéméché ! Peu importe que la plupart des justiciables ne savent seulement pas comment bénéficier de l’aide juridictionnelle et que les avocats ne sont pas du tout obligés, sauf lorsqu’ils sont réquisitionnés, de plaider une cause qu’ils n’ont pas envie de défendre, un peu comme les médecins ne soignent à peu près plus que quand ils veulent. Mais cett réforme, réclamée à corps et à cris par les barreaux de tout le pays, donton nous avait annoncé sous le gardiennage des sceaux d’elisabeth Guigou qu’elle était entrée en application, n’est pas plutôt mise en place, soidisant avant terme, que les avocats font de la résistance : oui, ils veulent bien se déranger, mais seulement si le client est solvable et si la rémunération de de leur intervention, qui fait de ces êtres à la vie confortable de soudains urgentiste, est accompagnée d’une revalorisation substantielle !


Julien Weinzaepflen